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Jean-Luc Lucas (France Télécom): ” La nouvelle architecture tout internet facilitera l’accès et l’exploitation “

Jean-Luc Lucas fait le point sur les gains d’Archimède, nouvelle architecture technique de France Télécom.

Vous écrivez(*) que le projet de nouvelle architecture technique du système d’information de France Télécom, Archimède, est mené sans entraîner d’augmentation du budget informatique. Comment vous y êtes-vous pris ?Effectivement, la transition a un coût. Mais les applications de type internet sont non seulement moins chères à déployer, mais aussi, sûrement, à développer. Et surtout, depuis deux ans, nous ne faisons plus du tout de client-serveur. Sur ce dernier point, nous réalisons donc des économies. Les coûts liés à une architecture client-serveur sont nettement plus élevés que ceux d’une architecture de type internet, même en y incluant l’intégration des nouvelles technologies.Votre ancien système d’information entraîne-t-il des coûts spécifiques de démantèlement ?Selon l’un des principes édictés dans le projet Archimède, nous ne touchons pas au patrimonial. Tout ce qui se trouvait auparavant sur le client passe sur le deuxième niveau. Le principal poste de coût va surtout concerner le passage d’OS/2 vers Windows 2000.Quels sont les principales difficultés rencontrées en cours de projet ?Contrairement à ce que l’on croit, il y a toujours des problèmes techniques. Les logiciels sont généralement bogués. C’était vrai autrefois, et ça l’est toujours. Il faut mettre en place les bonnes procédures avec les éditeurs. Par exemple, pour transformer les applications client-serveur écrites en NS-DK, nous utilisons Citrix. Au départ, cela nous a donné dix pages de bogues ! Nous avons envoyé nos stations chez Citrix en Australie, et le problème a été réglé en un mois et demi. Nous faisions le point tous les jours avec eux. En général, ce mode de travail n’est pas prévu contractuellement. Même s’il vaut mieux le faire… En revanche, tout ce qui touche aux nouvelles applications, à l’intégration et à l’infrastructure est beaucoup plus compliqué. Cela suppose de faire travailler des équipes ensemble. Si vous fonctionnez en mode client-fournisseur, vous êtes mort.Archimède vise à simplifier les architectures applicative et technique. A-t-il aussi facilité les relations avec les fournisseurs ?Notre credo est de limiter le nombre de fournisseurs. Nous avons toujours adopté une politique rationnelle par rapport à cette question. Le principe général est de se doter à chaque fois de deux outils concurrents : Rose et Objecteering pour la modélisation ; Visual Age et JBuilder pour le développement ; PVCS et PVCS Dimension pour la gestion de configuration, etc. Les équipes projet disposent de deux choix. En revanche, elles ne peuvent pas opter pour autre chose. En termes d’achat de licence, ce principe autorise la mise en concurrence des fournisseurs. Ainsi, l’achat d’Objecteering a permis de revoir les prix de Rose à la baisse. Il faut aussi savoir que certains éditeurs nous veulent en référence, quitte à proposer des tarifs très bas. Pour nous, le but n’est clairement pas de multiplier les contrats. Enfin, pour ce qui concerne l’exploitation, nous ne déclinons pas toutes les gammes des fabricants de serveurs. Même si certains nouveaux modèles sont un peu plus performants. Les techniciens d’exploitation doivent retrouver les mêmes machines d’un centre de calcul à l’autre. C’est un changement, puisque, avant, nous choisissions le matériel application par application. Et nous en avions cinquante ou soixante différentes…Après le projet Archimède, votre système d’information sera-t-il parfaitement propre ou demeurera-t-il toujours des zones difficiles à réorganiser ?Il est impossible de tout lisser. Ce qui est intéressant, c’est de tout rendre accessible via internet. L’objectif principal est de faciliter l’accès, l’exploitation et le soutien. Cela passe notamment par la normalisation des architectures. Par ce biais, nous visons entre 10 et 15 % de gains par an sur l’existant. Le problème, c’est que les systèmes sont de plus en plus larges, car liés à un business qui s’étend. Cela dit, depuis le début du projet, nous sommes passés de cinquante à sept centres de calcul, et nous avons consolidé mille cinq cents serveurs. Par exemple, nous avions une application d’activation des services dans les commutateurs disséminée sur cent cinquante serveurs. Elle ne l’est plus que sur cinq. Les bases des réseaux locaux sont, elles, passées de cent à cinq serveurs. Nous avons encore sept cents serveurs à consolider, qui sont “dans la nature”.Que reste-t-il à faire ?Nous avons prévu de terminer la migration de l’architecture technique en fin 2002. Pour le moment, nous sommes en phase de déploiement de la nouvelle infrastructure. Une grande partie sera effectuée en avril-mai, avec la mise en place de la gestion de compte client et la migration des applications NS-DK.(*) Une architecture internet pour le système d’information de France Télécom, par Jean-Luc Lucas ; éditions Eyrolles – éditions d’Organisation ; 280 pages ; ISBN 2-212-11003-0.

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Philippe Billard