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Je pense donc je télécommande

Des chercheurs américains auraient fait la démonstration qu’il est possible de contrôler par la pensée les fonctions simples d’un ordinateur. Un espoir pour les personnes atteintes de paralysie.

CyberKinetics a une spécialité : le langage des neurones. Créée en 2001, cette société installée dans le Massachusetts a récemment fait état de progrès spectaculaires dans le domaines des implants cérébraux. Ses premières études
auraient permis à un patient tétraplégique de déplacer le curseur sur l’écran d’un ordinateur simplement par la pensée.Des expériences similaires ont bien été menées par le passé, mais sur des singes. Il y a quelques jours, CyberKinetics annonçait qu’un deuxième ‘ cobaye ‘ participait à son programme de recherche. Ces
travaux constituent donc un espoir extraordinaire pour tous les personnes invalides ou atteintes de troubles de la motricité.

Une puce de quelques millimètres carrés implantée à la surface du cerveau

Le projet de CyberKinetics a démarré le 20 avril 2004. La FDA (Food and Drug Administration), l’organisme américain chargé, notamment, de réguler les marchés des médicaments et des produits alimentaires,
donnait alors son feu vert au programme BrainGate. Objectif : évaluer l’innocuité de son implant cérébral et démontrer qu’il permet à un tétraplégique de réaliser des actions simples par la pensée.La première implantation d’un système BrainGate a eu lieu en juin 2004. Au bout de quelques mois, le patient paralysé depuis près de trois ans était capable de contrôler sa télévision, tout en continuant à communiquer et à bouger
sa tête. Plus de six mois après, les chercheurs de CyberKinetics soulignent qu’il ne souffre d’aucun effet secondaire.BrainGate est le fruit des progrès en nanotechnologie. Le système comprend une puce en silicium de quelques millimètres carrés sur laquelle sont disposés une centaine d’électrodes, chacune plus fine qu’un cheveu. Le
composant est implanté directement à la surface du cerveau, après une intervention chirurgicale lourde, sur une zone cérébrale responsable du contrôle des membres.Il collecte en permanence le signal électrique produit par l’activité cérébrale (les échanges entre les neurones). Ces informations sont transmises par un câble vers un ordinateur à l’extérieur de la boîte crânienne,
analysées et interprétées pour enfin être traduites par une action (ici, un déplacement de la souris). Le système permet d’entrevoir de multiples applications, de la saisie sur un clavier à la possibilité de man?”uvrer une chaise roulante
en passant par le contrôle d’appareils médicaux et d’assistance.CyberKinetics ne fournit aucune date de commercialisation pour BrainGate. En revanche, la société a reçu un feu vert important de la part de la FDA pour la commercialisation de Neuroport, un système similaire et destiné à la recherche.
Elle envisage de mettre le produit sur le marché en 2006.

Respect de la vie privée

D’ici là, elle devra convaincre les sceptiques que son invention est sans danger pour la santé humaine, ainsi que pour le respect de la vie privée. Car les implants cérébraux posent de nouvelles questions quant à
d’éventuelles dérives.En France, l’Office parlementaire dévaluation des choix scientifiques et technologiques s’en est fait récemment l’écho. Dans un
rapport publié en mai 2004 et consacré aux nanotechnologies, il soulignait que ‘ si l’implantation de nanomatériaux ou de biocapteurs peut être
positive, l’utilisation des nanobiotechnologies à des fins de localisation, contrôle, voire ‘ télécommande ‘ des individus peut se révéler dangereuse si elle n’est pas utilisée dans une bonne
intention ‘.
Des considérations éthiques qu’il faudra inévitablement prendre en compte.

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Stéphane Long