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” Je n’irai pas dans une autre société “

Vendredi 31 mars, Bernard Maniglier doit quitter son poste. Il a débuté sa carrière en 1966 dans le laboratoire de recherche d’IBM, à La Gaude. Il…

Vendredi 31 mars, Bernard Maniglier doit quitter son poste. Il a débuté sa carrière en 1966 dans le laboratoire de recherche d’IBM, à La Gaude. Il crée Compaq France en juillet 1984, deux ans après la fondation de la marque aux Etats-Unis. Ces trente-quatre années dans l’informatique lui ont permis de suivre l’évolution de cette industrie, qui est passée des grands systèmes centralisés à l’ère de l’Internet.
A 57 ans, vous passez la main à Patrick Starck, votre successeur au titre de PDG de Compaq France. Pourquoi vous arrêtez-vous, et qu’allez-vous faire maintenant ?
Je n’irai pas travailler dans une autre société. Pour tout vous dire, en accord avec mon épouse, j’avais déjà décidé d’arrêter il y a deux ans. Mais je suis resté pour mener à bien la restructuration due aux fusions de Tandem et de Digital. Cette réorganisation aboutie, les 35 heures signées et la politique d’acquisition de SSII lancée, je peux partir.
Ne pensez-vous pas que Compaq a pris un certain retard dans le domaine de l’Internet ?
La mutation Internet vient tout juste de commencer. Aujourd’hui, tout le monde est d’accord sur plusieurs points : un, personne ne sait ce qui va se passer. Deux, ça va se passer, et très fort. Trois, nous n’en sommes qu’aux débuts. Quatre, le marché est énorme. Cinq, tout le monde s’y précipite. En interne, nous avons déjà travaillé sur le commerce interentreprises, avec un extranet grands comptes, des programmes de liaison, la vente directe. Car les modèles de distribution ont changé. Il faut utiliser toute la variété des canaux de vente. Et les multiplier. L’enjeu n’est plus seulement d’être compétitif. C’est une question de vie ou de mort pour toutes les entreprises, fournisseurs ou utilisateurs d’informatique.
Mais, justement, tous les ordinateurs ne se ressemblent-ils pas aujourd’hui ?
Je ne suis pas d’accord. Tous les matériels ne se valent pas. Si c’était le cas, comment expliquer que certains constructeurs réussis- sent et d’autres pas. Beaucoup de ceux qui ont misé sur des prix bas n’ont pas duré.
Les utilisateurs sont-ils bien conscients de ces différences ?
Il est vrai que, pour les directeurs des systèmes d’information, le micro-ordinateur est devenu un produit banal. Désormais, leur souci est de bâtir une infrastructure autour d’Internet, de mettre en place de multiples modèles de gestion, puis de les connecter à des points d’accès tels que des PC, des réseaux internes et externes, ou des téléphones mobiles. C’est là que la qualité du fournisseur revêt toute son importance. Par exemple, 90 % des transactions boursières dans le monde passent par des serveurs Compaq. Tout doit fonctionner juste.
Quel reproche majeur adresseriez-vous à l’industrie informatique ?
C’est toujours trop compliqué. Quand j’ai commencé à travailler, en 1966, sur les 360 IBM, ce l’était déjà. Nous passions notre temps à essayer de simplifier, ou plutôt à démontrer que c’était simple. Le vocal, par exemple, était déjà un laboratoire au centre de recherche de La Gaude. Il y a toujours des projets dans ce sens. Mais, aujourd’hui, toutes proportions gardées, nous en sommes pratiquement au même point
Propos recueillis par

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La rédaction