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Jacques Eltabet (Labo Groupe Tests) : ” Les premiers terminaux UMTS ressembleront… à ce qu’ont été les Radiocom 2000 “

L’UMTS, pour quand et comment ? Le GPRS, qu’est-ce que c’est ? MMS à la place des SMS ? Quel est l’avenir des téléphones portables ? Jacques Eltabet, spécialiste des nouvelles technologies, répond à vos questions.



01net. :
Bonsoir à toutes et à tous, nous sommes heureux de recevoir Jacques Eltabet.
Jacques Eltabet : Bonjour à tous.Sean : Pouvez-vous m’expliquer ce qu’est l’UMTS dont tout le monde parle tant ?UMTS, alias 3e génération de téléphonie sans fil, doit permettre aux opérateurs télécoms de densifier les réseaux, de proposer des services données en même temps que la voix et surtout d’offrir des services supplémentaires ?” qui devront obligatoirement leur fournir des revenus supplémentaires et éventuellement être utiles aux utilisateurs. Le service le plus marginal à mon avis étant la transmission de données brutes à haut débit. Les services les plus utiles pourront découler d’une géolocalisation approximative et volontaire de l’abonné, pour, par exemple, la sécurité (appel au secours, agression dans le métro, etc.).Greg : Quelle est la grande différence entre l’UMTS et le GPRS ?Le GPRS utilise les réseaux GSM actuels pour fournir des services voix et données par paquets. L’UMTS utilisera des infrastructures différentes [fréquences, codages, équipements réseaux et terminaux différents]. Pour les utilisateurs, les services peuvent déjà être déployés sur le GPRS. Les terminaux sont déjà vendus, alors que pour l’UMTS ils sont encore dans les limbes. Le GPRS ne pourra pas pratiquement être déployé dans les zones où le GSM est déjà saturé car il prend plusieurs canaux voix pour fonctionner. Tandis que l’UMTS, nouveau réseau à plus forte densité, aura un potentiel dépendant plus du parc de points hauts des opérateurs, des législations locales permettant ou non le déploiement d’antennes, voire le partage des infrastructures entre opérateurs.Virginie : On parle des MMS qui vont remplacer les SMS. C’est pour quand ? Et qu’est-ce qu’il y aura en plus ?Il suffit que soient mis sur le marché les terminaux ad hoc pour que ça démarre. Nokia semble prêt. Voir Nokia Next sur son site. Le MMS, système de message multimédia, permet de transmettre autre chose que du texte. Par exemple de prendre une photo avec la partie caméra du GSM, d’ajouter un commentaire sonore au message et de l’envoyer au destinataire pour peu qu’il ait aussi un GSM compatible MMS.Martine : La géolocalisation, c’est pour bientôt alors ? Comment ça va marcher ?Elle existe déjà pour acheminer une communication à un GSM, mais elle n’est pas dispo pour les applications. La partie législation est encore à mettre au point pour éviter les abus. La partie technique pourrait aussi s’appuyer sur d’autres techniques de réseau sans fil comme le Wi-Fi. La plupart des applications n’ont pas besoin de la précision du GPS pour transmettre des informations aux opérateurs de services, l’usager pour son respect de la vie privée non plus.Alfy59 : Oui, mais on est pas prêt à voir des films comme on voit dans la pub ?Non, pour beaucoup de raisons. La première génération de téléphones UMTS devra simplement fonctionner et c’est déjà beaucoup. Donc, terminaux lourds, encombrants, sans autonomie et très chers. Ensuite, il faudra s’attaquer à l’autonomie, et pour voir un film, elle ne sera guère suffisante. Le parc installé au début sera ridicule : il faudra attendre au moins deux générations de terminaux pour qu’ils soient moins chers et que la diffusion de films devienne alors rentable. Donc, c’est dans beaucoup de temps (quatre ans), sauf dans les labos.J-MM : La techno MMS nécessite-t-elle une adaptation des réseaux ou simplement de nouveaux terminaux ?Sûrement des nouveaux terminaux. Le GSM Data à 9 600 bits/s est un pis-aller, mais peut, pourquoi pas, suffire pour le démarrage. Mais le GPRS sera plus approprié, à condition que la tarification devienne raisonnable.Twix : Pensez-vous que la présence de Java (J2ME) sur les téléphones portables va redynamiser le marché du téléphone mobile ?Elle est essentielle, à mon sens, pour le développement des applications, qu’elles soient professionnelles ou grand public. La navigation sur des sites enrichis ou les jeux passeront nécessairement par ce type de langage.Geekgirl : On parle beaucoup de services, et peu de la qualité des appels en eux-mêmes. Est-ce qu’elle va s’améliorer ?Peu probable. Les législations limitent la puissance absorbée par le corps humain (SAR) pour éviter au nom du principe de précaution un risque de cancer. Dans ces conditions, il est difficile de vraiment améliorer la réception.Hector : Avec les nouvelles normes, qu’est-ce qui va changer dans le design de nos téléphones ?Ce ne sont pas les normes, mais ce que l’on veut faire du téléphone. Un assistant numérique ? Une Webcam ? Un player MP3 ? Une console de jeux, etc. ? Sans parler des services qui pourraient eux aussi modifier le design du portable, il va exister de nouveaux designs : par exemple, le Sendo Z100, un hybride à mi-chemin entre l’assistant numérique et le téléphone. Voir aussi le Nokia ayant la forme d’une console de jeux.Mac : L’intérêt fondamental du concept de mobilité est bien d’être mobile. C’est-à-dire, portatif, et logeable dans une poche, voire, le creux de la main. Ne pensez-vous pas que le terminal mobile UMTS, grand écran pour voir la vidéo, ne perde de son intérêt d’être mobile, car inlogeable dans la poche ?Vous avez raison à 200 %. Les premiers terminaux UMTS ressembleront, toutes choses égales par ailleurs à ce qu’ont été les Radiocom 2000. Il faudra attendre une haute intégration, l’arrivée d’ASIC; remplaçant les DSP du début, des processeurs ultra basse consommation, j’en passe et des meilleurs, pour que le terminal devienne vraiment portable. Patience !J-MM : L’i-mode peut-il résoudre les problèmes du WAP sur GSM ?Le WAP est une fonction qui n’a pas plu au public. L’i-Mode est une technique paquets dont le succès est venu du très grand nombre de services qui ont plu. Le modèle proposé par l’opérateur DoCoMo était aussi favorable à l’éclosion de ces services.Seb18 : Est-ce que les relais utilisés seront compatibles pour tous les opérateurs ?Je ne pense pas… sauf accord. Car, il peut y avoir une concurrence sur le terrain, une pénurie de points hauts pour les antennes qui devient un avantage concurrentiel et toujours les obligations de service public pour l’opérateur historique. Quant à dire que le ” U ” de UMTS signifie Universel : c’est non. Les USA ont déjà opté pour une norme incompatible avec l’Europe.Yannick : Quel avenir pour les sites qui vendent logos et sonneries, pour les portable, avec l’UMTS et le GPRS ?S’ils ont réussi à fidéliser leurs clientèles, ils pourront leur offrir d’autres goodies multimédias (courts métrages, sonneries multitimbrales, etc.).J-MM : Peut-on faire de l’i-mode sur du GSM ?Non. Il faut un réseau paquets, ce que n’est pas le GSM.Toulousain : Le développement de ces technologies ne risque-t-il pas d’être ” perturbé ” par la découverte (et la révélation) de la nocivité des téléphones portables et des émetteurs ?Les études actuelles ont déjà fait sortir des normes limitatives. Une étude épidémiologique massive et sur la durée peut toujours révéler une nocivité. Tout est dans le calcul de la probabilité des risques à l’issue de l’étude. On limite déjà la hauteur des antennes et leur groupement sur le même point haut.Danydan : Votre avis sur le GPRS et l’UMTS ? Est-ce que c’est possible que ça fasse le même flop que le WAP ?Le risque n’est pas du même ordre. L’UMTS pourrait finir comme l’ATM, c’est-à-dire devenir une technique d’opérateur pour les opérateurs, qui leur servirait à densifier les réseaux.J-MM : Avez-vous mesuré le débit effectif des réseaux GPRS en stations fixe et mobile ?Oui, en fixe sur le service préliminaire de SFR. Résultat : 40 à 50 Kbits/s.Seb18 : Y a-t-il, en ce moment même, beaucoup de mobiles compatibles GPRS et UMTS ?Pour le GPRS, la plupart des constructeurs ont deux ou trois modèles vendus. Pour l’UMTS : grand mystère. Je pense que les systèmes d’exploitation pour les terminaux UMTS sont encore dans les limbes.

01net. :
Merci Jacques Eltabet, le mot de la fin ?
Une partie et non des moindres de l’avenir de l’UMTS tient dans la faculté des constructeurs à fabriquer des terminaux fiables dans les délais les plus courts, pour un prix de revient, au départ inférieur à 400 dollars, et tombant à 300 dollars, voire 200. Je crains qu’il n’y ait pas le même financement de la part des opérateurs pour l’achat du terminal, qui a permis l’explosion du GSM.

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La rédaction