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J.-P. Gloton (ex-Gemplus) : ‘ Je ne crois pas que la CIA cherche à récupérer les brevets de Gemplus ‘

Au cours de sa visite dans la Silicon Valley, la semaine dernière, Jean-Pierre Gloton est revenu sur les dernières péripéties de Gemplus, une société qu’il a cofondée voilà près de 15 ans.

Il y aura bientôt 15 ans que Jean-Pierre Gloton a cofondé Gemplus. S’il n’a plus aujourdhui de rôle officiel dans cette société, qu’il a quittée en septembre 2001, il collabore encore avec elle pour étudier des projets de
spin-off. La dernière en date, Impika, a démarré fin janvier 2003. Il est également conseiller en stratégie pour des sociétés du domaine de la microélectronique, de la carte à puce à contact et sans contact et des
smart objets, ainsi que pour une société spécialisée en biotechnologie.01net : Que reprochez-vous à la précédente équipe dirigeante de Gemplus ?Jean-Pierre Gloton : Antonio Perez et son équipe d’incompétents, soutenus bien entendu par TPG, ont cru qu’ils avaient affaire à un nouveau cas Continental [la compagnie aérienne américaine en
faillite que TPG avait rachetée et redressée par la suite, NDLR]
lorsqu’ils ont commencé à restructurer l’entreprise. Or, en 2000, Gemplus était loin d’être en faillite : elle venait de battre tous les records de
croissance et de profits. Malheureusement, l’équipe de Perez a préféré suivre bêtement les conseils de Bain Consulting et recentrer l’activité sur les télécoms et les services financiers. Un choix stratégique qui s’est révélé
désastreux avec la crise du secteur télécoms. Pourtant, nous lui avions dit, à plusieurs reprises, qu’il était important de prendre toutes les commandes pour faire tourner nos usines, et d’activer les activités émergentes comme le
sans-contact, avec, notamment, notre filiale SKI Data. Il a au contraire choisi de vendre cette société, qui a enregistré une croissance de 30 % en 2001 et 2002 et aurait représenté au moins 15 % de l’activité de Gemplus en 2002.Croyez-vous, comme certains l’ont évoqué, que l’investisseur américain TPG soit de connivence avec la CIA pour récupérer les brevets de Gemplus ?Même si tout est possible, je ne le crois pas. Ils avaient les moyens de racheter la société à l’époque et d’éviter tous ces problèmes. Et puis, les brevets de Gemplus sont disponibles sous licence.Comment expliquer alors la création du siège social au Luxembourg ?Il est clair que TPG a voulu éviter de voir une partie de son investissement dans Gemplus aller dans les caisses de l’Etat français, par le biais des taxes et des impôts. C’est donc une décision financière logique, même
si les gains fiscaux peuvent finalement coûter à la société.Que pensez-vous de la nomination d’Alex Mandl ?Je pense qu’il faut lui laisser le temps d’appliquer sa stratégie. Il a déjà fait un effort en écoutant les équipes en place ; c’est un pas dans la bonne direction. Même si pendant les trois premiers mois, il
a dû passer beaucoup de temps à simplement défendre son niveau de salaire et les avantages offerts par TPG.Gemplus risque-t-elle de disparaître ?Il y a peu de danger pour Gemplus. L’entreprise a réduit ses pertes de façon drastique en 2002 et possède encore 417 millions d’euros dans ses caisses à la fin de 2002. Je prédis que l’entreprise devrait atteindre
l’équilibre au 3e trimestre 2003, du fait de la nouvelle organisation en place et du marché, qui a l’air de se stabiliser.

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Propos recueillis par Jean-Baptiste Su