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Intel ne court plus après les gigahertz

En renonçant à lancer un P4 à 4 GHz, Intel stoppe la course à la fréquence. Pour doper ses puces, le fondeur a désormais recours à d’autres recettes.

C’est la fin d’une époque. La course sans fin à la fréquence, qui a démarré en novembre 2000 avec le lancement du Pentium 4, n’est plus de mise. Le champion dans ce domaine, Intel, vient en effet
d’annoncer qu’il annulait la sortie, prévue début 2005, d’une version à 4 GHz du Pentium 4.Ce processeur aurait été le plus rapide ?” en fréquence ?” jamais construit par le fondeur. Déjà, au mois de mars dernier, le fondeur avait amorcé un
changement de stratégie en renonçant à expliciter la fréquence dans la dénomination de ses processeurs.Ce coup d’arrêt dans l’augmentation des gigahertz n’étonne pas les spécialistes. ‘ Même si le Pentium 4 a été construit pour supporter de très hautes fréquences, cela devenait de plus en plus
cher de le fabriquer tout en limitant sa dissipation d’énergie. Un problème qui ne l’était vraiment pas à l’époque de sa sortie ‘
, confie Nathan Brookwood, analyste chez Insight64.

L’avenir passe par les puces multic?”urs

Pour expliquer sa décision, le fabricant californien reprend peu ou prou les mêmes arguments que son concurrent AMD, évoqués il y a quelques années pour le lancement de la famille de processeurs Athlon. ‘ Cela
devenait trop coûteux en argent et en temps de qualifier un tel processeur
, explique Jeff Austin, responsable marketing des plates-formes d’Intel. Alors que nous avons d’autres technologies, comme
l’HyperThreading
[lire notre
dernier article sur ce théme NDLR] et surtout le dual-core [deux c?”urs de processeur sur une même puce, NDLR] qui nous permettent d’augmenter
plus facilement les performances d’un processeur. ‘
Intel compte remplacer le désormais défunt Pentium 4 à 4 GHz par une version à 3,8 GHz équipée d’une mémoire cache de niveau 2 de 2 Mo, contre 1 Mo sur les puces actuelles.
‘ Avec le doublement de la mémoire cache, nous obtenons des performances équivalentes au Pentium 4 à 4 GHz ‘, justifie Jeff Austin.

La fréquence au service du marketing

La course à la fréquence aura pourtant bien profité à Intel. ‘ A l’époque des 8088 jusqu’au dernier Pentium 3, l’architecture d’un processeur faisait que sa vitesse était
directement liée à sa fréquence. Mais en lançant le Pentium 4
[associé à une nouvelle architecture, NDLR], Intel a cassé ce schéma, pour des raisons marketing, en introduisant la confusion dans l’esprit des
utilisateurs, qui étaient habitués pendant des années à associer fréquence et performance ‘,
s’insurgeait Jerry Sanders, l’un des co-fondateurs d’AMD, lors d’une récente édition du
Microprocessor Forum, une conférence qui réunit le gotha du monde des processeurs.Il faut en effet se rappeler que, à son lancement, le Pentium 4 était moins performant que son prédécesseur, le Pentium 3, à fréquence égale. Un fait qui n’a malheureusement pas empêché les responsables d’Intel
de jouer sur cette confusion entre rapidité et fréquence. Jusqu’à aujourd’hui.

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Jean-Baptiste Su (depuis la Silicon Valley)