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Intel est rattrapé par le marché

Le constructeur est confronté à une stagnation de ses ventes de microprocesseurs en Europe Face à une concurrence accrue, il développe ses activités annexes

Intel et les processeurs… c’est du passé”, nous confiait, un rien provocant, Gilles Granier, directeur général d’Intel pour l’Europe, il y a quelque temps, pour résumer l’évolution des activités du constructeur. De fait, les processeurs généralistes, la principale activité du fabricant, ne génèrent plus un chiffre d’affaires aussi faramineux que dans les années quatre-vingt-dix. Ainsi, Intel vient de communiquer ses résultats pour le troisième trimestre 2000. Il affiche sur cette période un chiffre d’affaires de 8,73 milliards de dollars (10,24 milliards d’euros), en progression de 19 % par rapport au même trimestre de 1999. Ses bénéfices enregistrent une hausse de 72 %, à 2,5 milliards de dollars (2,9 milliards d’euros), coûts d’acquisition déduits, si on les compare à ceux de la même période de 1999, avec une marge brute de 64 %. Ils sont toutefois en baisse de 20 % par rapport au trimestre précédent, où une vente d’actions avait dopé les bénéfices. L’activité processeurs pour PC stagne. Un phénomène alarmant pour Intel puisque la vente de processeurs, cartes mères et autres jeux de composants represente 81 % environ de son chiffre d’affaires. Interrogé, le constructeur explique cette mauvaise performance par un net ralentissement, en Europe, des ventes de PC, qui représentent pour ce trimestre près de 22 % du chiffre d’affaires, contre 26 % pour la même période de 1999. Cette mévente a toutefois eu un effet bénéfique : elle a permis à Intel de reconstituer ses stocks, mis à mal à la suite de la demande massive de Pentium III haut de gamme à technologie 0,18 micron.
Mais le constructeur est confronté à d’autres difficultés. Dans le haut de gamme, il perd, pour l’heure, l’avantage technologique au profit d’AMD.

Des revers technologiques

Il a dû retirer du marché la version cadencée à 1,13 GHz de son processeur, faute d’une stabilité suffisante. Il a également décidé de différer le lancement de son Pentium 4, prochain fer de lance de la marque, les premiers exemplaires de présérie n’ayant pas su convaincre. Revers vite balayé par Gilles Granier : “La course à la puissance CPU est moins importante aujourd’hui que la réponse à un besoin particulier. Transmeta, avec son processeur à très basse consommation l’a très bien compris.”En bas de gamme cette fois, Intel est contraint d’abandonner le développement de son processeur à haute intégration Timna, laissant le champ libre à VIA.
Autre revers pour le constructeur, les prix. Non content de proposer les processeurs pour PC les plus rapides du moment, AMD s’engage de surcro”t dans une guerre des prix inédite, baissant le coût de ses processeurs de près de 50 % (lire encadré). AMD, par la voix de Robert Stead, son directeur marketing Europe, ne considère pas cette baisse “comme plus significative que celles déjà opérées par le passé. Et précise qu’il n’y a aucun problème de disponibilité pour la livraison des processeurs. Quel que soit le modèle “. C’est donc désormais à Intel de s’aligner tant sur le plan de la performance que sur celui des prix, alors que la situation était inverse, il y a encore quelques mois.

Sur la voie de la diversification

Intel doit donc aujourd’hui se diversifier, comme l’explique Gilles Granier : “La révolution Internet nous a conduits à transformer Intel. La compagnie s’implique aujourd’hui dans de nouveaux domaines à partir de positions solides.”De fait, après avoir massivement investi, avec succès, le marché des architectures réseaux, il décide de développer sa stratégie autour de deux axes : services et processeurs spécialisés. Son initiative ” Making the Internet as powerful as our processors “, préside à l’implantation de fermes de serveurs, notamment en Europe, afin d’héberger les applications des entreprises. En collaboration avec EMC, il met en place des solutions de stockage de données décentralisées (Internet Data Centers). Parallèlement, Intel annonce la mise au point d’un processeur permettant aux utilisateurs de téléphones portables de conduire simultanément une conversation et un accès à Internet. La puce, qui ne devrait pas être disponible avant la fin 2001, consommera moins d’énergie et permettra un accès à Internet quatre fois plus rapide qu’aujourd’hui. Intel tente sur ce marché de reproduire ce qui a fait son succès sur celui des microprocesseurs généralistes. L’enjeu est de taille, ce marché de l’Internet mobile, en pleine croissance, devrait représenter près de 536 millions d’unités d’ici à 2003, selon une étude réalisée par IDC (contre 85 millions cette année).

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Stéphane Reynaud