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Ingmar Bergman impose la sortie numérique en salle

Le réalisateur a souhaité que la projection sur grand écran de Saraband, son dernier film, se fasse exclusivement en numérique haute définition. En France, quatre cinémas ont ouvert la voie le
15 décembre.

Au moment de se retirer du 7e art, à 86 ans, le réalisateur Ingmar Bergman parvient à faire de son dernier opus une avant-première technologique. Saraband est aujourd’hui le seul
film au monde à bénéficier d’une sortie exclusivement en numérique haute définition (HD).Le maître du cinéma suédois, qui n’était pas satisfait de la qualité obtenue suite au transfert de son film en 35 mm, a décidé de le projeter uniquement en HD, son format d’origine, pour la télévision suédoise. Un
choix artistique ambitieux, pour le cinéma, vu le peu de salles équipées pour ce type de projection. En France, seules six villes sont en mesure de le faire.

Sortie exclusive dans l’Hexagone

Pourtant, c’est le premier pays à tenter l’expérience d’une exploitation en salle (en même temps qu’une diffusion sur Arte). A l’initiative du distributeur Rezo films, le lancement de Saraband a
débuté mercredi 15 décembre dans quatre cinémas de Paris, Nantes et Orléans. D’autres villes déjà équipées ?” Lomme, dans la banlieue de Lille, Grenoble et Lyon ?” doivent poursuivre l’opération.Le distributeur prévoit aussi d’organiser une tournée de l’?”uvre en partenariat avec le fournisseur Barco qui équipera provisoirement quelques salles dans les prochaines semaines. Selon Florent Bugeau, programmateur
chez Rezo Films : ‘ Même si elle n’est pas du tout rentable, l’opération est une belle occasion de mobiliser les professionnels du secteur sur la question du numérique. Alors que tout le monde a peur
que les majors américaines envahissent le marché, c’est paradoxalement le plus grand cinéaste indépendant du monde qui pousse les exploitants à agir. ‘

Un pari sur l’avenir

Mais le problème de l’équipement numérique des salles est loin d’être résolu. Philippe Descamps, directeur technique du circuit Ecrans de Paris, souligne : ‘ Pour le moment, il n’existe
aucun modèle économique. Les investissements sont très lourds et on ne sait toujours pas qui va pouvoir payer la facture. ‘
Un vidéo-projecteur et son serveur de diffusion numérique reviennent à 100 000 euros. S’y ajoutent
les frais d’encodage des copies. Ce n’est quà partir de 50 copies que la distribution devient intéressante.Au niveau européen, quelques initiatives, jusqu’à présent isolées, commencent à se fédérer. Depuis le mois de novembre dernier, les sociétés de distribution de huit pays partenaires (les Pays-Bas, l’Allemagne,
l’Autriche, la Slovaquie, l’Espagne, le Portugal, la Belgique et la France) sont réunies au sein du réseau Cinémanet Europe. ‘ Soutenu par le programme Média Plus de la Commission européenne, celui-ci se donne
pour objectif d’équiper 250 salles (dont 25 en France) en vidéo-projecteurs et serveurs de diffusion numérique d’ici juin 2005 ‘,
explique Boudjemaa Dahmane, PDG de Novéciné, la société de distribution qui
représente la France au sein de Cinémanet Europe.

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Caroline Lebrun