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Informatique et électronique grand public : les faux amis

La micro-informatique et les produits bruns – autrement dit l’électronique de loisir grand public – sont en train de fusionner. Un rapprochement qui ne fait pas sans écueils.

Autrefois, il y avait deux mondes bien distincts. D’un côté, la micro-informatique, destinée à des utilisateurs plutôt avertis, prêts à essuyer les plâtres, à servir en quelque sorte, de testeurs permanents ?” et non
rémunérés ?” de programmes hâtivement mis sur le marché par les éditeurs de logiciels.De l’autre, l’électronique grand public, faite pour des néophytes, exigeant une fiabilité parfaite et une grande simplicité d’emploi des matériels achetés.Or, la micro et l’électronique grand public sont en train de converger ; car le PC, rebaptisé Media Center pour l’occasion, tend à s’imposer comme le centre de contrôle des équipements du foyer (c’est du moins ce dont les
constructeurs veulent nous convaincre).Le moins que l’on puisse dire est que le mélange croissant et progressif de ces deux mondes ne se fait pas sans heurts, la première raison étant précisément la différence de culture et de degré d’exigence entre les adeptes de la micro
et ceux de l’électronique grand public.Car un acquéreur de logiciel accepte, bon gré mal gré, les insuffisances du programme qu’il vient d’acheter. Il sait que la micro-informatique n’est pas une science exacte, que la défaillance de son équipement peut avoir de multiples
causes… En un mot, il est plutôt résigné. A l’opposé, le possesseur d’un caméscope considère son appareil comme strictement utilitaire, au même titre qu’un congélateur. A la première défaillance, il rapporte son matériel chez le revendeur ou
appelle le SAV.En outre, l’arrivée de l’ordinateur dans le salon, telle qu’elle est présentée par les constructeurs, n’a rien de bien séduisant. Pour mettre en marche un lecteur de DVD de salon, avec ses trois ou quatre boutons vraiment utiles,
demandez à votre enfant de cinq ans, il y arrivera très bien. Mais si vous lui conseillez de démarrer le PC pour regarder le même DVD, il trouvera la chose nettement plus compliquée. Sans compter que le PC, souvent bruyant, généralement
inesthétique, doit être connecté au téléviseur pour offrir une image de taille confortable.Cela finit par faire beaucoup. Avec le PC dans le salon, vous pouvez regarder vos photos sur la télé, nous annoncent les constructeurs. Mais qui le fait vraiment ? Sur les 40 % de foyers qui possèdent un appareil photo
numérique, combien retouchent leurs clichés une fois transférés dans l’ordinateur ?Le grand mirage de l’ère numérique est de faire croire à chacun que la technique peut remplacer le talent. Le photographe du dimanche, même avec Photoshop CS2, un PC haut de gamme et un écran de 21 pouces, ne devient pas un artiste
pour autant.‘ Vous pouvez écouter vos fichiers musicaux sur votre chaîne hi-fi ‘, lit-on dans les messages publicitaires. J’en fais autant avec un baladeur MP3 pas plus lourd qu’un briquet… et
sans allumer mon PC. Dans les années soixante, un constructeur d’électroménager américain vendait un réfrigérateur avec, en guise de manuel d’instructions, cette seule injonction : ‘ Plug it, forget
it ! ‘
(branchez-le, oubliez-le !).Le jour où la micro aura atteint un tel degré de simplicité, le mariage avec les produits bruns pourra enfin se célébrer pour le meilleur, et plus pour le pire.* Rédacteur en chef adjoint de l’Ordinateur IndividuelProchaine chronique vendredi 18 novembre

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Etienne Oehmichen*