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Images soignées, images qui soignent

En une dizaine d’années, l’imagerie médicale s’est transformée grâce à l’informatique. Exemples des applications actuelles à l’Institut Gustave Roussy de Villejuif, premier centre de cancérologie européen.

Il n’y a plus aucune image médicale sans informatique : chacun des interlocuteurs rencontrés, médecins et techniciens de l’Institut Gustave Roussy de Villejuif (Val-de-Marne), fait le même constat. Les équipes de l’établissement de cancérologie, créé en 1926, ont vécu la transformation de l’imagerie médicale et l’accélération de ses capacités dans la dernière décennie. Premier changement, les appareils ont vu leur puissance décuplée : un scanner à rayons X actuel réalise 3 000 coupes en 30 secondes, contre 60 coupes en 20 minutes il y a dix ans. Ensuite, de nouvelles techniques sont apparues, telle la tomographie par émission de positons (TEP), laquelle enregistre la désintégration d’un produit radioactif injecté préalablement. La TEP est l’exemple aussi de l’apparition, aux côtés de l’imagerie anatomique traditionnelle, d’un nouveau type d’imagerie, celle appelée “ fonctionnelle ”, qui révèle le métabolisme des organes.À l’Institut, il s’agit, par exemple, de mesurer la consommation de glucose de cellules suspectes afin de déterminer le caractère malin ou bénin d’une tumeur. Chaque type d’imagerie médicale (échographie, rayons X, IRM, TEP…) garde ses spécificités. Or, grâce au numérique, il devient possible de superposer des examens de nature différente, tels un IRM et un scanner, pour cumuler les avantages de chacun.

En direct du bloc opératoire

Le rôle de l’informatique ne se limite plus à l’acquisition des images. Les logiciels des appareils sont capables de présélectionner les plus intéressantes d’un examen, de pointer les zones suspectes. “ Évidemment, cela ne remplace pas le radiologue, mais lui permet de ne pas passer à côté de quelque chose ”, précise le docteur Clarisse Dromain, responsable du service Radiologie diagnostique. Et depuis peu, grâce à l’accroissement de la puissance de calcul des ordinateurs, l’imagerie médicale autorise une vision quasiment en direct. Elle a désormais sa place au bloc. Durant l’intervention, elle guide le chirurgien dans le déplacement d’une sonde ou d’un micro-outil, pour effectuer un prélèvement ou soigner une tumeur.Dernière tendance, les appareils “ deux-en-un ”. Ils permettent de réaliser deux examens, comme un scanner et un TEP, en une seule séance. L’avantage est de limiter les déplacements du patient et d’accélérer sa prise en charge. Dans l’attente des futurs appareils capables, en plus, de soigner la tumeur dès sa détection.

Des images utiles avant d’être belles

L’IRM symbolise l’évolution de l’imagerie médicale. À partir d’une série d’images en coupe, l’appareil restitue une vision en 3D du corps humain, en fausses couleurs. Les images originales comportent 4 000 niveaux de gris. Bien plus que ne sait en restituer un écran et en distinguer l’œil humain. Le logiciel de consultation adapte les niveaux de gris visibles à l’écran en fonction de la zone sélectionnée (boîte crânienne ou cerveau ici), afin de faire apparaître les subtilités de l’image.

Vision simplifiée

L’ordinateur retravaille les images obtenues pour faire ressortir les informations pertinentes. On discerne sur l’image A, obtenue par rayons X, la tumeur (la boule grisâtre à gauche), et le réseau sanguin. Sur l’image B, les vaisseaux qui alimentent la tumeur sont colorés en jaune et en bleu par l’équipement informatique afin de faciliter le travail du chirurgien. L’image C laisse apparaître l’aiguille avec ses baleines déployées, ainsi que le squelette du patient. Dans l’image D, l’ordinateur isole les éléments nécessaires au chirurgien.

Intervention en direct

La montée en puissance des équipements informatiques autorise désormais l’usage de l’imagerie médicale “ en direct ”, par répétition des prises de vue. En salle d’opération, les chirurgiens suivent sur quatre écrans les étapes de l’intervention visant à éradiquer une tumeur située sur le foie du patient. Les différentes étapes se réalisent sous le contrôle d’un scanner. La première étape consiste à déterminer quels vaisseaux sanguins alimentent la tumeur afin d’injecter un produit pour la rendre plus visible au scanner. Ensuite, le chirurgien doit piquer une aiguille contenant un mini-outil chirurgical dans le corps du patient. Le scanner, lui, indique par un faisceau laser le bon plan d’insertion. Une fois correctement positionnée dans la tumeur, l’aiguille déploie l’instrument qu’elle embarque, en l’occurrence des électrodes qui prennent la forme de baleines, et qui vont griller la tumeur.

Aide au diagnostic

L’informatique aide aussi le médecin dans son diagnostic, comme ici pour les mammographies. Un nodule suspect de 8 mm a été repéré dans la partie profonde du sein de la patiente. Est-il bénin ou malin ? C’est l’observation de son fonctionnement qui va le déterminer. Pour cela, un produit dit de contraste est injecté. L’IRM permet de suivre son absorption par la tumeur au cours du temps. En fonction de la courbe qui en résulte (en haut à gauche), le médecin posera son diagnostic. Les pixels de l’image initiale sont colorés selon les infos à visualiser, comme la vitesse d’absorption du produit de contraste.

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Olivier Lapirot