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Idate : Alcatel parie sur l’explosion du haut débit

Le PDG d’Alcatel, Serge Tchuruk, a profité des Journées internationales de l’Idate, à Montpellier, pour dire toute sa confiance quant au développement du haut débit. Premier équipementier mondial dans ce secteur, Alcatel a néanmoins invité l’Etat à réviser la réglementation sur le dégroupage.

Le PDG d’Alcatel, Serge Tchuruk, se déclare confiant sur le développement rapide des communications Internet à haut débit mais souligne que des aménagements, en particulier le dégroupage, sont nécessaires pour favoriser le mouvement.” Le rêve du multimédia est en train de devenir réalité “, a expliqué le dirigeant dans un discours aux Journées internationales organisées par l’Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe (Idate).Il a ainsi évoqué l’utilisation massive du téléviseur pour des services Internet intégrant la vidéo, de sorte que les opérateurs de télévision et de télécommunications seront de plus en plus en concurrence. ” La technologie est prête. L’économie du modèle commence à être convaincante. Il y a un intérêt de la part de beaucoup d’opérateurs pour la vidéo “, précise Serge Tchuruk.

Une manne pour les équipementiers ?

En outre, il a déclaré que ce marché pourrait représenter ” plusieurs milliards de dollars ” de recettes pour les équipementiers de télécommunications. Pour Serge Tchuruk, ” les investissements sont significatifs, mais marginaux par rapport à ce qui a déjà été fait ” par les opérateurs de services téléphoniques. Surtout, il a assuré que la rentabilité pouvait être atteinte rapidement.Si le développement du haut débit est confirmé, il profiterait directement à Alcatel. Selon les statistiques Schroder SalomonSmithBarney et RHK, le groupe français est le numéro un en Amérique du Nord sur le marché des équipements DSL pour les opérateurs avec un chiffre d’affaires de 49 millions de dollars (sur un total de 729 millions de dollars) au premier semestre 2001. Idem en Europe où Alcatel occupe le premier rang ex æquo avec Siemens (37 millions de dollars de recettes chacun pour un marché de 658 millions d’euros).Cependant, ce marché est actuellement en plein marasme aux Etats-Unis sous l’effet du ralentissement économique. Le chiffre d’affaires en équipements DSL a chuté de 44 % au premier semestre 2001, par rapport au second semestre 2000.

Séduire et retenir les clients

Selon Serge Tchuruk, le revenu moyen par abonné utilisant actuellement le haut débit, comme le DSL (Digital Subscriber Line), est de 90 euros par mois (dont la moitié par la voix). Les applications vidéo pourraient augmenter ce chiffre de 40 à 60 euros. Ces services peuvent passer par les réseaux DSL, par le câble ou par la boucle locale radio (BLR).Mais le PDG réclame aussi des aménagements. Si 72 % de la centaine d’opérateurs interrogés dans le cadre d’une enquête pensent que l’accès large bande affichera un taux de pénétration supérieur à 30 % en 2005 ?” contre 4 % en 2001 pour un pays comme la France ?”, l’acquisition des clients est particulièrement difficile.Selon un client américain d’Alcatel, qui a réalisé une étude sur le sujet, sur 100 clients DSL potentiels, seuls 12 deviennent des clients durables, les autres étant perdus notamment pour des problèmes d’exploitation technique.

Dégroupage : l’Etat actionnaire pointé du doigt

Pour résoudre cette difficulté, Serge Tchuruk a cité quelques pistes, en particulier la réduction du délai d’équipement à moins de cinq jours et la diffusion de modems pouvant être branchés par l’utilisateur.Evoquant le cas de la Corée du Sud, qui est l’un des premiers pays pour le taux de pénétration du haut débit, il a insisté sur la nécessité pour les pouvoirs publics d’encourager le mouvement avec, notamment, un environnement réglementaire adéquat, une allusion aux problèmes du dégroupage rencontrés en France.” Le dégroupage est le cadre indispensable pour le développement de l’accès à large bande. ” Il a expliqué que l’ouverture de la boucle locale était indispensable pour les opérateurs alternatifs, qui, le plus souvent, n’ont pas accès aujourd’hui au client final.Serge Tchuruk a par ailleurs souligné que l’Etat pouvait développer le ” e-gouvernement ” afin d’améliorer les services publics. Il a ajouté que les sites gouvernementaux étaient les plus consultés aux Etats-Unis. Enfin, il a insisté sur la nécessité d’éviter ” un monopole sur les contenus ” de la part d’opérateurs de services, prônant une séparation entre laccès et les services.

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Gérald Bouchez (avec Reuters)