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i-mode en Allemagne, grand test avant l’UMTS

Le lancement de l’i-mode en Allemagne par E-Plus (KPN) est suivi avec grand intérêt par l’ensemble des acteurs des télécoms. Les premiers chiffres ne rassurent pas. Le succès de l’i-mode conditionne pourtant celui de l’UMTS.

Après l’échec cuisant du WAP, qui n’a jamais démarré en Allemagne, toute la branche des télécoms observe avec beaucoup d’intérêt le lancement outre-Rhin de l’i-mode.Introduit sur le marché il y a deux mois par l’opérateur allemand E-Plus (filiale de KPN), en coopération avec le japonais NTT DoCoMo (l’inventeur de la technique), l’échec de l’i-mode pourrait avoir des conséquences désastreuses sur le lancement de l’UMTS.” 
Si le nombre d’abonnés reste faible, ce ne sera pas encourageant pour l’UMTS “, craint Marcus Sander, analyste à la banque d’investissement Sal Oppenheim. ” 
Un succès de E-plus serait accueilli avec soulagement dans le secteur des télécoms “, assure-t-il.Les opérateurs allemands ont déjà hypothéqué 50 milliards d’euros dans les licences et comptent investir 20 milliards de plus pour la mise en place du réseau UMTS.” 
Pour nos clients, l’UMTS commence avec l’i-mode “, estime le porte-parole d’E-Plus. ” Et si l’i-mode ne perce pas, c’est toute la branche qui en pâtira “, ajoute Ad Scheepbouwer, le patron de KPN (propriétaire d’une des six licences allemandes).

Des objectifs modestes…

Les premiers chiffres annoncés par l’opérateur ne donnent pas encore une tendance claire. E-Plus revendique un total de 34 000 abonnés, dont 27 000 en Allemagne (la différence représente les abonnés hollandais de KPN/E-Plus).Cela ne peut être tenu ni pour un succès foudroyant ni un échec. Les responsables d’E-Plus se disent cependant satisfaits. L’objectif de KPN reste d’ailleurs très prudent. L’opérateur veut convaincre au moins 400 000 clients dans les douze prochains mois, alors qu’au Japon, NTT a séduit 32 millions d’abonnés en trois ans…Jusqu’à présent, l’euphorie japonaise n’est pas vraiment perceptible en Allemagne. Selon un sondage de l’institut allemand de recherche sur les loisirs (BAT), les trois quarts des 56 millions d’utilisateurs de téléphones portables sont peu enthousiastes. Contrairement aux idées reçues, les nouvelles techniques n’éveillent pas beaucoup la curiosité des Allemands. Ils n’iront pas dépenser des fortunes comme les Japonais pour le simple plaisir de la nouveauté.

… pour un enjeu vital

Le patron d’E-Plus, Uwe Bergheim, estime néanmoins que les trois quarts de ses abonnés (7,5 millions) sont intéressés par le nouveau système. Le troisième opérateur allemand de téléphonie mobile (13 % du marché) espère surtout augmenter à terme le chiffre d’affaires moyen par client de 25 % (actuellement à 21 euros).Mais E-Plus ne dispose pour l’instant que de 90 fournisseurs de contenu, contre 2 000 au Japon. De plus, l’opérateur compte encaisser 16 % des revenus de la vente contre 9 % pour NTT DoCoMo au Japon. Une position jugée trop gourmande par certains analystes. Enfin, les terminaux sont chers et le choix est restreint. Actuellement, le japonais NEC est le seul à fournir un téléphone et pour un prix de… 249 euros.” La question est de savoir si E-Plus saura déclencher une demande aussi importante que NTT au Japon “, analyse une spécialiste du secteur à la Fédération allemande de la Net-économie (Eco). Selon un sondage de cette fédération, près d’un tiers des analystes estiment que la tentative d’E-Plus n’a aucune chance d’aboutir.

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Christophe Bourdoiseau, à Berlin