Passer au contenu

HP scelle la mort du PC

Pas assez rentable… Malgré une position de leader mondial et un chiffre d’affaires se comptant en dizaines de milliards, HP veut se séparer de sa branche PC et arrête les tablettes WebOS.

Le 18 août, c’est un séisme, virtuel mais de magnitude maximum, qui a retenti dans le monde de l’informatique. Par un communiqué, Hewlett-Packard annonce vouloir se séparer de sa division PSG. Et attention, on ne parle pas là d’une petite filiale sans avenir : Personal Systems Group, c’est la division chargée de toute l’activité PC du groupe. Accessoirement, il s’agit du leader mondial, qui a généré un chiffre d’affaires de 28,5 milliards d’euros en 2010 sur 87,5 milliards d’euros pour le groupe au total. Bref, pas une paille.Avec le PC, HP jette aussi l’eau du bain : le développement de sa tablette TouchPad, tout juste mise en vente, est stoppé, ainsi que le système d’exploitation WebOS. Léo Apotheker, le nouveau PDG du groupe, ne croit tout simplement plus à l’avenir de cette activité. Ou plutôt, à la possibilité de conserver des marges assez intéressantes pour l’actionnaire dans ce domaine.

Des marges trop faibles

Car c’est essentiellement là que le bât blesse : HP est leader d’un marché dans lequel les marges ne sont à peu près “ que ” de 6 %… alors que dans les services et le logiciel, elles atteignent facilement 20 %.Dans son communiqué, HP rend aussi hommage à Apple, sans le nommer : “ Le marché de l’informatique personnelle évolue rapidement avec de nouveaux formats et de nouveaux écosystèmes pour les applications. ” C’est l’effet tablette. Et les constatations des instituts ne sont pas faites pour contredire cette vision : selon Gartner, le marché du PC a reculé de 18,9 % en Europe au second trimestre 2011. La tablette, les smartphones, les apps représentent le véritable avenir de l’informatique personnelle.Mais l’avenir de HP, lui, se trouve du côté des services, de l’informatique professionnelle et du logiciel. L’abandon planifié du marché du PC s’accompagne donc du rachat simultané d’Autonomy, un éditeur anglais de logiciels professionnels, pour plus de 5,5 milliards d’euros… Concrètement, les conditions exactes du désengagement de HP du PC ne sont pas encore fixées : création d’une spin-off ou cession de la branche, rien n’est encore décidé. Le coup d’arrêt a déjà été donné pour ce qui est de WebOS et de ses produits. Mais la fin de l’activité PC sous la bannière HP sera effective d’ici 12 à 18 mois.

Un revirement soudain

On reste malgré tout sans voix devant ces retournements stratégiques : le même Léo Apotheker vantait, il y a encore peu, WebOS, lors du rachat de Palm, voulant l’installer partout, dans les tablettes et le PC, et même le licencier à d’autres fabricants, etc. Le revirement a d’ailleurs suffisamment pris de cours les marchés pour entraîner une chute immédiate de l’action de plus de 20 % !Mais d’autres changements de stratégie ont fait leurs preuves, comme celui d’IBM qui revendait toute sa division PC au chinois Lenovo en 2005. Il faudrait vraiment une boule de cristal pour savoir s’il s’agit de la part de HP d’une décision trop précipitée ou d’une intuition géniale. Mais pour nous autres, le grand public, c’est définitivement bien le signe qu’une ère post-PC s’amorce.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Stéphane Viossat Viossat