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Holodeck : quand Nvidia veut inventer la communication du futur

Collaborative, virtuelle, graphiquement impressionnante et potentiellement sans limite de forme, Holodeck est la vision de Nvidia pour la communication du futur.

Les acteurs de la Silicon Valley font plus qu’occuper la vigie d’où on voit le futur. Ils le façonnent avec leurs innovations et parfois à force de conviction. Ainsi, la réalité virtuelle et la réalité augmentée semblent s’imposer comme des technologies de rupture en devenir. Apple croit très fortement dans leur potentiel. Microsoft a montré, avec sa réalité mixée « holographique », qu’il est convaincu de leur puissance. Et Nvidia, grand contributeur de la réalité virtuelle via ses cartes graphiques, vient d’entrer dans la danse en dévoilant son projet Holodeck.

La toute puissance des graphismes 3D

Présenté dans le cadre de la keynote « d’ouverture » de la GTC, sa conférence annuelle, ce projet vise à permettre à des personnes éloignées de communiquer comme si elles trouvaient au même endroit, dans le même espace virtuel. Jusque-là, on pourrait presque y trouver un air de déjà-vu. Cela ressemble par exemple beaucoup à Spaces de Facebook. Mais ce serait sans compter sur le savoir-faire protéiforme de Nvidia. L’objectif : vous immerger dans les environnements graphiques les plus fous, autour d’un (ou plusieurs) objet en 3D, comme une friteuse, un régime de bananes ou, plus sympa, une voiture de sport hybride, comme c’était le cas lors de la démonstration sur scène.

Holodeck, de Nvidia
01net.com – Les avatars dans Holodeck sont des robots ont design épuré et privé de jambes…

Equipées de casques HTC Vive, trois personnes -deux en coulisse à San José, et une au Canada, à quelques milliers de kilomètres de là- se sont réunies sous forme d’avatars robotiques minimalistes mais néanmoins expressifs – au niveau des yeux et de la gestuelle.

Elles ont pu ainsi discuter « face à face » et prendre place dans un modèle 3D photoréaliste et grandeur nature d’une supercar valant près de deux millions de dollars. Leurs avatars ont pu se glisser derrière le volant, le saisir, regarder dans la boîte à gants et même faire éclater la voiture pour en voir toutes les pièces, composées au total de pas moins de 50 millions de polygones.

L’environnement et tout ce qui s’y trouve étant totalement virtuels, les seules limites sont celles du Unreal Engine 4 modifié (accompagné des technos maison GameWorks, VRWorks et DesignWorks) et de la puissance de calcul disponible – et chez Nvidia, on ne semble pas en manquer.

Holodeck, de Nvidia
01net.com – 50 millions de polygones et un rendu à tomber pour cette voiture qui vaut près de 2 millions de dollars.

Un projet… au long cours

De nombreuses questions restent toutefois encore en suspens autour d’Holodeck. Sur son utilisation, sur son interface, sur la qualité des retours haptiques ou sur l’intégration d’éléments 3D, notamment. 

De fait, Nvidia prend la peine de dire que cet « outil », qui devrait être disponible en septembre prochain, est pour l’instant à l’état de projet. La société de Santa Clara entend amender sa copie en fonction des retours des développeurs, de partenaires et d’utilisateurs éventuels.

On se dit alors que Holodeck pourrait avoir été une simple petite démonstration de la toute puissance graphique des cartes Nvidia. Ce pourrait être le cas si une phrase ne revenait pas systématiquement dans la bouche des différents représentants de la société avec lesquels nous avons eu l’occasion de discuter, tous sont certains que c’est ainsi que nous communiquerons demain.

La conviction du futur

Au-delà du discours marketing, nous avons pris la mesure d’une réelle conviction, d’un engouement viscéral. Or il faut bien dire, même si nous ne l’avons pas essayé, nous avons peine à imaginer remplacer nos appels téléphoniques classiques ou nos séances de visio régulières par une petite séance de Holodeck. Que Nvidia n’en prenne pas ombrage, on a les mêmes réticences à l’égard de l’utilisation d’HoloLens pour un chat sur Skype.

Des réticences essentiellement liées à la contrainte des outils à utiliser. Evidemment, dans les années à venir, les facteurs de forme des casques de VR et d’AR vont évoluer, s’alléger et devenir enfin fréquentables au quotidien.

Pourtant, on a toujours cette impression que les acteurs de la high tech prophétisent un futur qu’ils font ensuite tout pour réaliser. En vigie, nimbés de cette douce frénésie qu’on ressent toujours dans la Silicon Valley, les ingénieurs de Nvidia voient certainement plus loin que nous. C’est sans doute pour cela qu’ils acceptent aujourd’hui de s’encombrer d’un casque qui isole du monde pour discuter avec peine avec les avatars de leurs amis. C’est sans doute parce qu’ils préparent déjà la prochaine étape qu’ils voient en Holodeck un reflet désirable de demain.

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Pierre FONTAINE