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HMV fait profil bas pour s’imposer sur le web

Une offre de téléchargement restreint pour une somme modique. C’est le pari du distributeur britannique.

Cela faisait plus de quatre ans que HMV travaillait à l’élaboration d’un service de téléchargement musical par abonnement. La présence de Napster avait remis à plus tard tout projet. L’obstacle est aujourd’hui levé.Le Britannique, entré à la Bourse de Londres le 15 mai dernier et détenu à 14,5 % par EMI, est le premier distributeur de produits culturel outre-Manche à proposer ce service prévu pour la fin septembre. Sur son site, une offre de téléchargement de 50 titres par mois sur un catalogue de 100 000 références moyennant une souscription mensuelle de 7,8 euros.L’annonce de HMV intervient à un moment où l’industrie musicale britannique cherche des solutions pour endiguer la baisse constante des ventes de disques. Une tendance à laquelle n’a pas échappé son actionnaire : le chiffre d’affaires de la division musique d’EMI a baissé de plus de 11 % en un an et son action a atteint un plancher depuis 1987, à 163,5 pence. En guise de solution de redressement, le téléchargement de musique apparaît comme une source potentielle de revenus.Forrester Research estime que ce créneau représente en Grande-Bretagne un marché de 41 millions d’euros, soit 1,2 % du total des ventes de disques. Et, en 2005, l’institut table sur des revenus de 471 millions d’euros, soit 13 % du total des ventes outre-Manche !“Contrairement aux États-Unis, où les albums représentent 98 % des ventes totales de disques, 25 % des ventes en Grande-Bretagne concernent des formats facilement téléchargeables, les “singles” ou les compilations”, explique Rebecca Ulph, analyste chez Forrester.Mais si le marché est bien réel, l’offre reste en deçà des desiderata des clients : “L’offre de HMV a toutes les chances d’attirer de très jeunes utilisateurs, qui n’ont pas forcément les moyens de se payer un abonnement mensuel”, commente Tony Hart, analyste chez Datamonitor.D’autant que les sites pirates font encore les beaux jours de la toile britannique. En 2001, le BPI (British Phonographic Industry), l’organisme représentatif de l’industrie musicale, a fait fermer 400 sites illégaux et estime que 10 000 autres sont encore actifs dans le pays.Dans un paysage où le téléchargement légal est encore restreint, quelques sites parviennent toutefois à tirer leur épingle du jeu. Hormis Vitaminic ou Peoplesound, les Britanniques disposent d’au moins deux sites légaux et payants purement nationaux.Partenaire technologique de HMV, la société de distribution de musique en ligne OD2, cocréée par le chanteur Peter Gabriel, a multiplié les partenariats avec des portails, dont Tiscali, MSN et Freeserve. Autre site incontournable, Wippit.com a été créé en avril 2000 et propose une offre illimitée pour 48,5 euros par an. Le site propose 60 000 titres pour un total de… 70 000 utilisateurs inscrits.Pas suffisant aux dires de son fondateur, Paul Myers, qui annonçait 500 000 titres dès la première année d’activité : “L’absence de flexibilité est souvent le problème majeur de ces sites, explique Rebecca Ulf. Quand un internaute recherche du rock, il devrait pouvoir trouver l’exhaustivité en la matière au travers de tous les labels existants”. Une flexibilité qui n’est pas encore à lordre du jour. Pas plus chez HMV que chez ses concurrents.

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Stéphanie Salti, à Londres