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Histoire d’eau

Après The Nomad Soul en 1999 et Fahrenheit en 2005, le studio français Quantic Dream fondé en 1997 dévoile sa nouvelle production. Trois jeux en plus…

Après The Nomad Soul en 1999 et Fahrenheit en 2005, le studio français Quantic Dream fondé en 1997 dévoile sa nouvelle production. Trois jeux en plus de douze ans…, c’est ce qui s’appelle prendre son temps. La raison tient à l’obsession des créateurs de proposer pour chaque titre un univers original et une façon de jouer inédite. Dans Heavy Rain, vous incarnez un père de famille modèle dont la vie est bouleversée à la suite d’un événement tragique. Son destin se mêle à celui d’un tueur en série, surnommé le Tueur aux origamis, qui noie des enfants dans de l’eau de pluie avant de déposer les corps dans un terrain vague, un petit pliage japonais glissé dans leur main. Au cours de l’aventure, vous dirigez d’autres personnages, tous superbement modélisés, tels qu’un agent du FBI toxicomane, un détective privé bourru et une jeune femme un brin énigmatique. Le scénario est divisé en chapitres au cours desquels vous incarnez l’un ou l’autre des protagonistes. La liberté de mouvement se révèle quasiment inexistante puisqu’elle se résume à déplacer son personnage de manière à ce qu’il déclenche un événement. Il peut s’agir d’un dialogue au cours duquel il faut choisir des réponses parmi plusieurs options, d’une scène d’action ou de la simple manipulation d’un objet. Ces actions s’effectuent à l’aide des boutons du pad, en suivant les instructions qui s’affichent à l’écran. Pour ouvrir une porte, il suffit d’effectuer un quart de tour à l’aide du stick analogique ; pour s’asseoir, de baisser le stick et pour livrer un combat, de presser au bon moment les touches qui apparaissent à l’écran. Ce mode de jeu était déjà utilisé dans Fahrenheit. Un tel dirigisme peut rapidement agacer, et il est probable que certains d’entre vous n’adhéreront pas au concept. Pourtant, le jeu est diablement accrocheur. D’abord, parce que le scénario est une réussite. Noir, fétide, violent, il entraîne très vite un sentiment de malaise. Ensuite, parce que celui-ci prend le temps de présenter les personnages, leur environnement, leurs manies ou leurs faiblesses, ce qui les rend finalement assez attachants. Enfin, parce que malgré la linéarité de l’histoire, les développeurs parviennent à donner l’impression que le récit évolue en fonction de nos décisions. À tel point qu’on a parfois le sentiment de ne pas avoir pris la bonne décision. Malheureusement ? et c’est le grand défaut de ce jeu ? l’issue de certaines actions ne dépend que de l’aptitude à reproduire sans erreurs les combinaisons de touches qui défilent quelquefois rapidement à l’écran. Dommage, car Heavy Rain possède toutes les qualités pour séduire un public mature, habituellement peu attiré par les jeux vidéo.

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Philippe Fontaine