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Henri Plagnol, secrétaire d’État à la réforme de l’État : ” Favoriser l’interactivité entre l’administration et ses usagers “

Les technologies de l’information doivent améliorer la productivité du service public et son organisation. Mais l’initiative doit venir des services eux-mêmes.

En quoi doit consister la réforme de l’État ?Le président de la République et le Premier ministre ont fait de la réforme de l’État une des priorités de la prochaine législature. En effet, si nous avons une des meilleures fonctions publiques du monde, la machine étatique est trop lourde, trop lointaine et pas toujours assez efficace. Il s’agit donc de restaurer le pacte de confiance entre les Français et l’État. Nous avons une obligation de réussir là ou nos prédécesseurs ont échoué, et ceci alors même que de fortes contraintes budgétaires existent en raison de l’état des finances publiques.Comment comptez-vous faire ?Pour réussir, il faut inverser la méthode appliquée jusqu’ici et qui consistait à imposer des décisions à partir de Paris. Plutôt que de faire une grande loi très compliquée pour valoriser les ministres et donner l’illusion que le problème est réglé, nous allons partir du terrain en encourageant toutes les expérimentations concrètes. Nous commencerons par recenser les bonnes pratiques pour les généraliser à l’ensemble du territoire. Conformément à la volonté du président de la République, la logique de résultats s’appliquera aux ministres eux-mêmes, qui devront rendre compte de leur activité une fois par an devant le Parlement. Il leur sera demandé également d’expliquer leur contribution à la réforme de l’État dans le cadre de leur département ministériel.Quel rôle y joueront les nouvelles technologies ?Un rôle déterminant pour améliorer la productivité des administrations et, surtout, simplifier la vie des usagers. Elles peuvent faciliter considérablement le traitement des demandes en réduisant les délais. Un exemple d’application concrète est la possibilité offerte à tous les contribuables de déclarer leurs revenus en ligne : l’année dernière, le logiciel d’aide au calcul des impôts a été utilisé par 10 millions d’internautes ! De même, aujourd’hui, une demande d’allocation logement sur deux formulée par un étudiant se fait directement en ligne. La diffusion des nouvelles technologies doit permettre aussi à terme d’enrichir les tâches des fonctionnaires et de redéployer des emplois. Les fonctionnaires sont demandeurs de cette évolution qui améliore la nature de leur travail et contribue à restaurer leur image tout en permettant des gains de productivité.Quels exemples pouvez-vous donner d’applications à développer qui faciliteraient la vie des usagers ?L’étape suivante pourrait être de favoriser l’interactivité entre les usagers et les administrations. Il y a, par exemple, beaucoup de choses à faire pour améliorer les standards téléphoniques et les fonctions d’accueil aux guichets. Si l’on regarde ce qui se passe dans des pays voisins ?” l’Italie ou la Finlande, par exemple ?” il y a des perspectives intéressantes pour le développement du télépaiement. On pourrait envisager dans quelques communes pilotes de tester l’usage d’une carte à puce permettant aux familles de régler facilement l’ensemble des prestations destinées à leurs enfants : activités sportives, garderies… De même, nous réfléchissons à la mise en réseau des fichiers d’état civil afin de faciliter les échanges de données entre collectivités. Enfin, nous voulons continuer à simplifier les démarches administratives des entreprises en leur permettant, grâce à un point d’accès unique, d’adresser aux différents services administratifs les informations qui les concernent. Pour faciliter ces expérimentations à l’échelon local, il sera nécessaire de revoir notre cadre législatif. C’est la raison pour laquelle le Premier ministre devrait proposer à la rentrée une réforme de la constitution pour permettre aux collectivités territoriales de procéder à ces expérimentations.Comptez-vous prendre exemple sur des expériences étrangères ?Certainement. On ne peut pas réfléchir à la réforme de l’État sans s’intéresser à ce qui se passe dans les autres pays de l’Union européenne. À l’instar des étudiants qui peuvent séjourner dans des universités européennes dans le cadre du dispositif Erasmus, je pense qu’il faut développer les programmes d’échanges entre les fonctions publiques nationales. Ainsi, on donnerait la possibilité aux fonctionnaires français qui le souhaitent de séjourner trois à six mois dans une administration homologue d’un des pays de l’Union. L’échange des expériences et l’approche comparée ne peuvent qu’être profitables à tous.

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Nicolas Arpagian