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Haro sur l’Internet illimité !

Les autoroutes de l’information sont saturées. La solution des opérateurs ? Faire payer les gros consommateurs de données.

Le congrès annuel de l’Institut de l’audiovisuel et des télécoms en Europe, l’Idate, aura très justement porté son nom cette année. Car il fera date en marquant, peut-être, la fin de l’Internet mobile “ illimité ”. Avec des conséquences que l’on pourrait également extrapoler pour l’Internet fixe…Le constat des opérateurs, à cette occasion, est on ne peut plus simple : le trafic est en pleine expansion et ne va pas cesser d’augmenter (on parle d’un accroissement du trafic IP de l’ordre de 400 % entre 2009 et 2014). Et les opérateurs voient d’un mauvais œil ? c’est un euphémisme ? de devoir supporter les frais engendrés par cette augmentation. En gros, les tuyaux sont pleins, et les plombiers renâclent à supporter le coût du financement de nouveaux tuyaux.

La neutralité du Net mise à mal

Pour certains, la solution est alors des plus simples : pour Stéphane Richard notamment, le patron de France Télécom, il faut abandonner petit à petit les offres “ illimitées ” pour l’Internet mobile. Qu’on comprenne bien la manœuvre : dans un premier temps, on appâte le client avec des forfaits usant et abusant du terme illimité en le rendant captif par le biais de périodes d’engagement minimales conséquentes. Bien sûr, “ illimité ” n’est alors qu’un slogan publicitaire : seule la durée l’est, tandis que les débits sont bridés à partir d’un volume de données et que certaines utilisations (voix sur IP, P2P, modem…) sont proscrites. Et maintenant, on nous explique, au moment même où des associations de consommateurs (UFC-Que Choisir) tonnent contre le mensonge du slogan, qu’il faut tout simplement faire payer les utilisateurs en fonction du type de contenus qu’ils vont consulter. Vodafone est déjà largement engagé sur cette voie. Son patron Michel Combes argue que la fourniture de services différenciés selon les usages est inévitable. En clair, les opérateurs, outre le fait d’abandonner l’illimité, seraient contraints de faire voler en éclat, pour le mobile, la fameuse “ neutralité du Net ” : il serait normal de favoriser le transport sur le réseau d’un flux transportant de la vidéo à la demande payante au détriment d’un flux P2P sans intérêt… On voit pointer le spectre de forfaits multiples, de péages sur l’autoroute mobile de l’information pour fluidifier le trafic de la “ bonne information ” (l’accès à de l’information payante, aux sites partenaires de l’opérateur…) au détriment de la “ mauvaise information ”. Bien sûr, la tendance ne toucherait, a priori, que l’Internet mobile. Mais les doléances des opérateurs, quant aux frais qu’ils engagent pour l’Internet fixe, sont globalement similaires… Stéphane Richard, au congrès de l’Idate, rappelait qu’il serait normal de faire payer les fournisseurs de contenus (Google étant dans la ligne de mire) en fonction du trafic généré.

Quid de la qualité de service ?

Quelle garantie dès lors pour l’internaute d’une même qualité de service pour la consultation des sites ou services partenaires et les autres ? Le risque n’est pas de l’ordre du fantasme et la Commission européenne, par la voix de Neelie Kroes, sa commissaire en charge de la société numérique, indiquait récemment qu’il sera nécessaire de surveiller la situation de près. Quant à Tim Berners-Lee, l’inventeur du Web, il vient tout simplement de lancer un appel au secours pour la survie de son bébé… A consulter sur http://goo.gl/TWkC7.

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Stéphane Viossat