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Guy Hascoët : ” Le secrétariat d’Etat à l’Economie solidaire est une start-up politique “

Un an après sa nomination à la tête du secrétariat d’Etat à l’Economie solidaire, Guy Hascoët dresse le bilan de son action. Un portail sera ouvert à la rentrée pour assurer la pérennité de l’économie solidaire après les élections de 2002.

01net. : Il y a tout juste un an vous lanciez un appel à projets ” dynamiques solidaires “, où en est-on aujourd’hui et quelle est la part d’Internet dans cette initiative ?Guy Hascoët
: Avec la circulaire du 1er août 2000, nous avons lancé un appel à projet sur l’économie social dans lequel l’Internet solidaire occupe une place de choix. Sur les 1 766 dossiers que nous avons étudiés, 250 concernaient ce domaine. Une fois la sélection opérée, nous avons décidé de soutenir ces projets en passant avec les intéressés des conventions pluriannuelles dignes de ce nom.Aujourd’hui, nous avons traité neuf dossiers, et une petite trentaine devraient suivre. Il s’agit de bourses associatives, d’ un incubateur de start-up solidaires, de projets visant à faciliter l’accès au matériel et au logiciel, de systèmes d’hébergement à bas coûts, et, d’une manière générale, de projets encourageant un mouvement d’appropriation et d’ouverture du Net au plus grand nombre.Avez vous été surpris par certains de ces projets ?L’idée d’un projet comme Ouvaton, qui vise à resituer la coopérative de consommateurs sur l’hébergement Internet, est complètement inattendue ! Mais, au-delà, ce qui est frappant, c’est que des revendications presque contestataires il y a trois, quatre ans, comme le logiciel gratuit, ou l’idée d’un réseau en libre accès sont en train de devenir des références. Il y a maintenant un phénomène d’appropriation citoyenne du secteur de l’Internet et des NTIC qui va aller en s’amplifiant.Les évolutions technologiques à venir ne vont-elles pas changer la donne ? Et n’y a-t-il pas un risque de fermeture du réseau, comme on a pu le voir il y a quelques mois avec le WAP locké ?C’est un secteur où le rythme des évolutions techniques est extrêmement rapide et où l’obsolescence technologique agit en maître. C’est la vraie difficulté du secteur et ce sera sa limite. On peut empiler les innovations technologiques, mais, si l’on a pas eu le temps d’organiser une diffusion sociale et sociétale de l’ensemble, tout cela se heurtera à une limite d’absorption et ce sera, à l’arrivée, un échec économique.Aujourd’hui, par exemple, on sort le numérique hertzien pour aller chercher les campagnes, et ce n’est pas encore déployé que l’on est déjà en train de parler d’autre chose ! Concrètement, on peut toujours avoir une bande de branchés qui ne représentent que 1 % d’une population et qui court après les dernières évolutions technologiques en croyant que c’est la règle d’ensemble, cela ne reflète en rien la réalité !Quel est le rôle du secrétariat d’Etat dont vous avez aujourd’hui la charge ?Nous travaillons à crédibiliser ce secteur auprès des pouvoirs publics. Cela passe par des dispositifs de qualification de projets, un regard plus positif de l’administration sur ces démarches. L’idée de validation politique est importante. Le secrétariat d’Etat a un rôle de catalyseur des initiatives. Nous nous devons tout à la fois de devancer et d’accompagner tout ce mouvement de société de l’économie et de l’Internet solidaires en lui offrant les outils dont il a besoin pour se développer. Au final, ce sont des dizaines de milliers d’initiatives et des centaines de milliers d’emplois qui sont en jeu.

” Faire figurer toutes les familles de l’économie solidaire sur un portail “

Comment cela va-t-il se traduire concrètement sur Internet ?Notre rôle, ce n’est pas de faire à la place des acteurs. C’est de permettre aux acteurs de pouvoir faire. Nous travaillons depuis six mois sur l’idée de faire figurer toutes les familles de l’Economie solidaire sur un seul et même portail. L’assemblée générale constitutive de cette association ?” qui ambitionne de devenir une société coopérative d’intérêt collectif ?” se tiendra le 29 mai. Avec l’ambition d’ouvrir le site fin août, début septembre.Nous avons créé les conditions politiques pour que tout le monde puisse rejoindre le projet. Nous créons l’espace de liberté où pourront se rencontrer toutes les énergies de ce secteur : les mutuelles, les coopératives, les associations et les petits nouveaux de l’Economie solidaire, qui tous partagent une philosophie et des valeurs communes. Dans un premier temps, le secrétariat d’Etat ne sera pas membre de l’association. Mais la société coopérative d’intérêt collectif autorisant la présence en son sein d’un collège de collectivités publiques, nous entendons à ce stade être partie prenante.L’idée d’un secrétariat d’Etat à l’Economie solidaire a-t-elle des chances de s’inscrire dans la durée, au-delà d’un éventuel changement de gouvernement ?Le principal danger est que nous n’ayons rien à démontrer au bout de deux ans. On a parfois, disons-le honnêtement, des conditions d’exercice qui font que la visibilité politique n’est pas forcément au rendez-vous. Il faut par ailleurs que le cycle politique soit favorable. Si Alain Madelin devenait Premier ministre, il serait inutile de poursuivre la réflexion plus avant. Vous pouvez être sûr que, le lendemain, le secrétariat d’Etat à l’Economie solidaire serait supprimé.En terme de budget, nous avions 13 millions de francs en caisse, nous en sommes aujourd’hui à 90. Pour résumer, sur le mode de la plaisanterie, je dirais que nous sommes une start-up politique. Nous faisons un point sur notre activité tous les trois mois.

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Propos recueillis par Philippe Crouzillacq