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Guillaume Renaud : Il initie les jeunes au rap sur ordinateur

Avec ce bus truffé d’informatique, cet éducateur breton sillonne les quartiers nantais pour mettre à la portée des jeunes un studio d’enregistrement.

Sur le véhicule gris argenté figure cette inscription laconique : ” L Sub “. L Sub ? C’est à la fois ” le bus ” en verlan et une référence aux ” sub “, ces sons de basse profonde, qui sont à la base du rap et de la techno. Car le bus musical de l’association nantaise Trempolino (1) a pour vocation d’aller à la rencontre de jeunes musiciens pour les initier à la MAO (musique assistée par ordinateur). Guillaume Renaud, 29 ans, salarié de l’association, est l’élément moteur de cette école itinérante.

L’informatique démocratise la création musicale

A l’origine de cette aventure, une question : comment aider les rappeurs et les ” technoïdes ” débutants à mettre le pied à l’étrier ? “Ils auraient tous voulu un studio à la maison, se remémore Guillaume. Comme il était impossible de donner 100 000 F [15 245 E] à chacun, on a eu l’idée d’un studio unique qui viendrait à eux.” L’idée est lancée en 1996, mais il faut trois ans pour la mettre sur roues. “L’informatique est la clé de voûte du projet, explique Guillaume. Elle permet l’accès du plus grand nombre à la musique sans compétence technique particulière : l’oreille suffit. Par rapport aux instruments de musique, elle élargit l’éventail des sources et des effets sonores.”Le bus est équipé de trois ordinateurs, deux PC et un Mac. “Nous avons fait ce choix pour répondre à un maximum de demandes, car chaque stagiaire doit pouvoir travailler sur son propre matériel à l’issue de la formation. Pour nous, ces deux types de machines sont équivalents. Mais je constate que le Mac, qui fait une large place à l’intuition de l’utilisateur, est plus accessible au jeune public.” Les ordinateurs sont équipés de logiciels musicaux de qualité professionnelle et reliés à des consoles d’enregistrement ou de mixage, des platines et des samplers (ou échantillonneurs).La mise en place d’un tel dispositif n’a pas été une sinécure : “L’ingénierie et le montage technique ont été très lourds. Un informaticien musicien et un ingénieur du son ont assisté notre régisseur. Le choix des machines a parfois été empirique et les connections audio, audionumériques et numériques ont réclamé beaucoup d’attention.” Coût total de l’opération : 950 000 F (144 827 ?).Le bus est utilisé comme studio de répétition, d’enregistrement ou de mixage, local d’apprentissage, et peut servir de régie sonore lors des concerts. “Nous envisageons même d’y installer un complexe de vidéo numérique, pour tourner des clips “, précise Guillaume Renaud. En matière d’initiation, un large choix de stages est proposé : sensibilisation et perfectionnement à la MAO, écriture de textes chantés, techniques de Djing… qui font du L Sub une expérience originale, sinon unique. Il existe en effet d’autres bus musicaux, notamment à Angoulême et à Bordeaux, mais ils sont exclusivement consacrés à l’enregistrement.Guillaume n’est pas arrivé là par hasard. “Mes parents étant musiciens, j’ai toujours baigné dans la musique.” Il joue lui-même de la basse, de la guitare, du tinwhistle (une flûte celtique) et du biniou ! Depuis qu’il organise les déplacements du bus, il a attrapé le virus de la MAO. C’est pourquoi il a décidé d’acheter un ordinateur et de s’y mettre à son tour.

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Karine Chadeyron