Passer au contenu

Google fait un (petit) pas vers la fin du tout-gratuit

L’américain met en place un outil pour permettre aux éditeurs de limiter la lecture d’articles depuis son moteur de recherche et de son service Google Actualités.

Finie l’ère du tout-gratuit depuis Google ? On en est loin, pourtant le moteur de recherche vient de prendre une initiative qui va un peu dans ce sens. Les internautes ne vont plus pouvoir accéder sans limite au contenu premium d’un éditeur en ligne en passant par le moteur de recherche.

Sous la pression des éditeurs de journaux en ligne, l’américain consent à revoir sa politique d’accès aux articles de sites tiers. Jusque-là, tant sur son service d’actualités que depuis les pages de résultats de son moteur, Google permettait aux internautes de lire gratuitement des contenus pour lesquels ils auraient logiquement dû payer leur écot, grâce au dispositif First Click Free, à l’origine mis en place pour prohiber le cloacking (1).

Pour apparaître sur le service d’actualités, certains éditeurs avaient consenti à rendre accessible gratuitement un de leurs articles. Les internautes ont tôt fait de remarquer qu’ils pouvaient avoir accès à l’ensemble du site depuis Google, alors que les papiers étaient en consultation payante sur celui de l’éditeur.

Payant au-delà de la 5e consultation

La firme de Mountain View vient de modifier les paramètres de First Click Free, pour permettre aux éditeurs de bloquer la lecture de leurs articles sur les services de Google. Avec ce système « Le premier clic pour accéder au contenu est gratuit, mais quand un internaute clique sur des liens supplémentaires sur le site de l’éditeur, ce dernier peut afficher une demande de paiement ou d’inscription. »

« Les éditeurs peuvent limiter l’accès à cinq pages Web par jour. Si vous êtes un utilisateur de Google, cela signifie que vous pourriez voir apparaître un formulaire d’inscription dès que vous aurez cliqué sur plus de cinq  articles chez un même éditeur, poursuit  Google sur son blog. Les éditeurs peuvent limiter l’accès à cinq pages Web par jour. Si vous êtes un utilisateur de Google, cela signifie que vous pourriez voir apparaître un formulaire d’inscription dès que vous aurez cliqué sur plus de cinq articles chez un même éditeur ».Les éditeurs utilisant First Click Free pourront ainsi monétiser les articles repris sur Google Actualités ou ceux accessibles depuis le moteur de recherche.

Etre indexé ou payé

Avec ce dispositif Google espère calmer la colère des éditeurs de contenus, celle de Rupert Murdoch en tête. Le magnat de la presse menace d’empêcher l’indexation de ses sites médias (The Times, The Wall Street Journal, The Sun, The New York Post, etc.) par le moteur de recherche. Alors que News Corp tente de développer un modèle payant sur Internet, la plupart des articles fournis par les journaux en ligne maison sont accessibles gratuitement depuis le moteur de recherche.

En effet, pour que les robots de Google viennent scruter les sites Internet dans le but de les indexer, les éditeurs doivent laisser leurs pages en accès libre. Tant et si bien qu’ils sont contraints de choisir. Etre indexé dans Google, dont le service est générateur d’audience, ou toucher des subsides pour leur contenu.

Une étude publiée par le Fair Syndication Consortium portant sur la monétisation des articles des journaux américains révèle que Google serait le plus gros pirate outre-Atlantique. Sur une période de 30 jours, du 15 octobre au 15 novembre 2009, près de 112 000 papiers issus de la presse américaine en ligne ont été republiés par d’autres sites que celui d’origine. Google aurait mis en ligne 53 % d’entre eux, Yahoo!, 19 %, loin devant les blogs. Souvent accusés de piller le Web, ces journaux personnels ne seraient responsables que de 10 % du piratage des sites d’informations.

Reste que cette technologie, fondée sur l’identification de l’adresse IP des ordinateurs, comporte des failles. Nul doute que certains petits malins s’empresseront de télécharger des générateurs d’adresses IP pour continuer leur consultation gratuite.

(1) Le cloacking est une technique visant à afficher des pages différentes en fonction de certains paramètres comme l’adresse IP, le navigateur. Pour Google, les sites Internet doivent afficher le même contenu quelles que soient les conditions d’affichage ou de navigation.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Hélène Puel