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Google et les opérateurs mobiles veulent (re)lancer RCS, le successeur du SMS

Le géant du web va développer une application de messagerie pour Android basée sur Rich Communications Services, un standard télécom universel et interopérable qui était, jusqu’alors, mis aux oubliettes.

Opération résurrection ! A l’occasion du Mobile World Congress, qui se déroule actuellement à Barcelone, Google a créé la surprise en annonçant une alliance avec une vingtaine d’opérateurs télécoms – dont Orange – pour généraliser le RCS (Rich Communication Services), un standard de messagerie instantanée créé en… 2007. Eh oui, il y a presque dix ans. A l’époque, l’idée n’était pas si mauvaise. Les opérateurs télécoms savaient bien que le succès du SMS ne pouvait pas durer et qu’il fallait lui trouver un successeur plus moderne et parfaitement compatible avec les réseaux IP. Ils subodoraient aussi la multiplication des services dits « over the top » qui utilisent les réseaux de données sans verser une dime à l’opérateur sous-jacent.

À lire : Le SMS commence à être marginalisé par les messageries instantanées

Ce rôle de flibustier était alors joué principalement par Skype, qui a contribué avec succès à l’effondrement des appels longue distance. Mais le pire était encore à venir, avec l’arrivée de WhatsApp, WeChat et consorts. Cette ribambelle d’applications mobiles a définitivement enterré le valeureux SMS, et avec lui la confortable marge dont profitait les opérateurs.

Malheureusement pour eux, la planche de secours du RCS n’a jamais fonctionné. Personne ne connait ce standard qui existe actuellement dans sa version 5.3 et qui serait implémenté par « 47 opérateurs dans 34 pays », d’après le GSMA, l’association mondiale des opérateurs mobiles.

Ironie de l’histoire, c’est peut-être un géant du web qui pourrait ramener à la vie cette initiative oubliée des télécoms. Google propose, en effet, de créer une application RCS qui pourrait être intégrée par défaut dans Android par les opérateurs et/ou les fabricants. Elle permettrait d’accéder à des fonctionnalités telles que la discussion de groupe, le partage de photos haute-résolution, la confirmation de réception et de lecture, etc.

La fin des silos ?

Comparé aux applications de messagerie actuelles, tout cela n’a rien de vraiment de révolutionnaire. Mais le standard RCS aurait l’avantage d’être totalement interopérable et universel. N’importe quel utilisateur Android serait d’emblée joignable, sans avoir à télécharger une application supplémentaire, ni à partager son carnet d’adresse avec un tiers. On évite ainsi les silos qui se forment autour des autres messageries. Evidemment, cette application RCS serait également compatible avec les smartphones sous un autre système d’exploitation (suivez notre regard), à condition qu’il implémente à son tour le standard RCS.

Pour que la mayonnaise prenne, Google applique quelques recettes éprouvées. L’application RCS sera publiée en open source et dotée d’une interface de programmation (API), afin de susciter l’intérêt des développeurs. Vis-à-vis des opérateurs, le géant du web propose même un service RCS clé en main, au travers de sa plateforme Jibe, un service pour opérateurs racheté en septembre dernier. Bref, tout semble donc en place pour enfin faire décoller la technologie.

Sécurité et facturation, deux gros obstacles

Reste à savoir si les utilisateurs vont suivre. Il est toujours difficile de modifier un usage quand le pli est pris. Deux obstacles pourraient également poser problème. Il y a d’une part la question du prix. Ce service sera-t-il gratuit ou payant ? Sur son site web, le GSMA explique que le standard RCS reprenait le modèle économique de la terminaison d’appel, qui permet aux opérateurs de se facturer leurs services d’interconnexion. Il n’est pas certain que les utilisateurs soient prêts à payer pour cela.

Les utilisateurs du forum Hacker News notent, par ailleurs, le manque de sécurité du standard RCS. Il semble que le chiffrement de bout en bout ne soit pas forcément possible, ni même réellement envisagé. C’est logique : les opérateurs sont les premiers partenaires des forces de l’ordre d’un pays et doivent permettre l’interception légale. Cet aspect est d’ailleurs bien souligné sur le site du GSMA. Les utilisateurs paranoïaques vont donc, sans doute, préférer les applications alternatives « over the top ».

Sources :

GSMA, Hacker News

Mobile World Congress 2016

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Gilbert KALLENBORN