Passer au contenu

Geek dating : l’art de conclure au pixel près

A l’occasion de la Japan Expo de la semaine dernière, le site de rencontres français GeekMeMore a inauguré la première session de speed dating pour amateurs de mangas, science-fiction, jeux vidéo ou programmation. On y était.

Melissa, 21 ans, étudiante en graphisme, pose ses questions d’un air timide mais toujours souriant. Fred, 34 ans et passionné d’informatique, cache sa nervosité derrière un flot d’informations et de questions. Lorsque la jeune femme confie avoir réalisé des sites, son sang ne fait qu’un tour : « Et tu es plutôt PHP, Flash, ou HTML ? ». Dans n’importe quelle situation normale, la jeune fille aurait peut-être fait de gros yeux interloqués, et quitté la table désabusée. Mais pas là. Sans se départir de son sourire désarmant, Melissa répond le plus simplement du monde, et liste avec bienveillance ses langages préférés. « Chez nous, le PHP peut conclure », résume avec malice un ami des trois cofondateurs de GeekMeMore.com, à l’origine de l’événement.

Lancé en bêta en décembre 2011, le premier site de rencontres entièrement pensé pour les diverses communautés geeks (visionner notre reportage en vidéo) tenait à être présent lors de la Japan Expo, le plus grand rassemblement geek d’Europe. « C’est un endroit incontournable, acquiesce Benjamin Boulmier, cofondateur et chef du projet de GeekMeMore. C’est la première fois que nous y étions, alors pour marquer l’événement, on s’est demandé : et si on faisait une activité ? C’est comme ça qu’est venue l’idée du geek dating. »

Dix hommes, dix femmes, quarante-deux possibilités

Concrètement, pendant quatre jours, toutes les heures, dix hommes et dix femmes ont échangé, en cinq minutes chrono, à propos de leurs goûts culturels. Avec pour compte de rencontre, rien d’autre que de l’anonymat : à part l’âge et le prénom de leur vis-à-vis, les participants ne connaissent d’eux que les cases qu’ils ont bien voulu cocher sur leur bulletin de présentation, sur une liste de 12 questions. Plutôt séries TV, cosplay, high-tech, fantasy, comics ou encore animation ? Choisissez bien votre univers, c’est peut-être lui qui orientera la conversation !


Assez loin de l’ambiance tamisée qu’on imagine volontiers pour le speed dating, le geek dating se pratique, parfois, au milieu de halls gigantesques et bondés. Image : Jean-Marc Aubry.

Si le format des rencontres est très cadré – les femmes sont toujours à la même table, l’échange d’informations personnelles est prohibé, et les hommes changent de chaise chaque fois que retentit une petite musique – l’alchimie diffère évidemment à chaque table.  A l’un de ses partenaires, Melissa explique ce qu’est le stop-motion, ces films d’animation en pâte à modeler qu’elle aime réaliser. A un autre, elle raconte comment elle suit ses séries et mangas préférés (« A la FNAC pour lire, ou en téléchargement si je n’arrive pas à trouver, mais en général je suis honnête »). Et ses yeux pétillent quand Maxime, 19 ans, apprenti graphiste lui aussi, évoque son amour des films d’animations (« Pas Shrek, hein, les Pixar »), se met à nu (« En jeu vidéo, j’aime tout, je suis un gros geek en fait »), et que la conversation dérive vers les dessins animés de leur enfance.
Le courant semble passer. « Il y a des affinités naturelles entre certaines communautés, analyse Sébastien Moricard, cofondateur et gérant de l’entreprise. Certains univers sont contigus, comme les mangas et les comics par exemple, ou le jeu de rôle grandeur nature et le cosplay, et leurs membres vont pouvoir échanger des regards complémentaires ».

600 participants en quatre jours

Le début d’un grand amour ? Pas encore tout à fait. A la sortie de la séance, Melissa casse le délire. A ses yeux, « il n’y avait pas vraiment de séduction, les garçons m’ont surtout parlé comics, manga, jeux vidéo. » Oups. Et de prévoir de s’inscrire sur le site pour… « les actualités par centre d’intérêt, l’aspect communautaire, et la possibilité de discuter de fille à fille. »
Quant à Maxime, applaudi par sa bruyante bande d’amis chaque fois qu’une fille cochait son numéro, il n’attendait rien de spécial de ce geek dating. « J’étais là pour m’amuser, en roue libre. En fait, je suis déjà inscrit sur le site, j’ai fait des rencontres, mais jamais rien de sérieux. » Et de regretter que les conversations aient été « moyennement geek, un peu trop globales. »

Pour les organisateurs, ces rencontres sont toutefois un succès. « A la Japan, on est hors charte, insiste Sébastien Moricard. Le geek dating n’était pas là pour former des couples, mais rencontrer des nouvelles têtes. » Et de ce point de vue, opération réussie, abonde Melissa, qui a demandé à revoir presque toutes les personnes rencontrées, et s’est même faite trois amies parmi les autres joueuses. Le stand n’a d’ailleurs jamais désempli, drainant chaque jour 160 participants en moyenne. Autant de potentiels nouveaux inscrits pour GeekMeMore, qui en compte déjà 35 000. C’est d’ailleurs sur le site qu’il faut récupérer le contact des participants. L’accès est entièrement gratuit pour les filles, l’usage du tchat et de la messagerie soumis à abonnement pour les garçons (5,99 € par mois, dégressif selon la formule).

Ravis de l’opération, les organisateurs planchent déjà sur un nouvel événement à la rentrée, a priori dans un bar parisien, qui doit encore être annoncé. Avis aux amateurs et aux optimistes : le PHP, il paraît que ça peut conclure. En tout cas, ça ne fait plus fuir.

Accédez au service GeekMeMore sur 01Net.

 

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Jean-Marc Aubry