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Garantir la confiance sur les places de marché

De vénérables sociétés d’assurance-crédit, de notation financière ou d’inspection adaptent leurs services pour garantir la confiance sur les places de marché.

Dun&Bradstreet a vu le jour en 1841, la Société Générale de Surveillance en 1878, et Euler-Sfac en 1927. Pour les jeunes pousses internet, ces trois vieilles dames ?” respectivement américaine, suisse et française ?” sont une garantie de confiance. Plus précisément, une assurance vis-à-vis des acheteurs et fournisseurs, dont les relations transitent sur les places de marché internet. Apparue au fil du temps, cette problématique constitue, en effet, le frein le plus important au développement du commerce sur le web. On parle bien de confiance, et non de sécurité, dont cette dernière n’est qu’un prérequis, les infrastructures à clés publiques cherchant notamment à authentifier les parties et à interdire la répudiation des transactions. Mais cette sécurité est vaine dans le cas où l’acheteur n’honore pas sa dette ou lorsqu’un fournisseur ne respecte pas ses engagements.

Des services simplifiés adaptés aux usages d’internet

Face aux risques encourus, les places de marché devraient sélectionner ou noter leurs adhérents. Mais leurs clients leur demandent de rester un prestataire technique neutre. De plus, une place de marché n’a ni les moyens ni les compétences d’évaluer des millions d’entreprises ou de garantir des paiements. C’est au contraire, depuis longtemps, le métier de sociétés spécialisées dans la notation financière, l’assurance crédit ou l’inspection. C’est pourquoi les mastodontes comme la Coface, Euler-Sfac, SGS ou Dun&Bradstreet (D&B) déclinent maintenant leurs prestations vers les échanges sur internet. Cette mutation passe par un effort d’adaptation.Les nouveaux services d’évaluation financière, qui mesurent la solvabilité d’un prospect ou la santé d’un fournisseur, sont ainsi simplifiés. Par exemple, l’échelle de notation du service @rating ne comprend que cinq niveaux. Concrètement, l’adhérent d’une place de marché intégrant @rating peut consulter en ligne les notes de n’importe quel prospect ou client appartenant à la base de données de la Coface. Celle-ci répertorie 35 millions d’entreprises. “N’importe quelle entreprise dont le CA est supérieur à 1 million d’euros est connue d’@rating“, constate François Millot, directeur marketing d’Answork. Toujours en ligne, les adhérents peuvent, en outre, demander un “label de qualité”, éventuellement accordé après une expertise spécifique. Parmi les principaux concurrents d’@rating, se trouve le produit Buyer Insight, d’Open Ratings. Cette jeune société américaine s’appuie sur la base des 65 millions d’entreprises suivies par Dun&Bradstreet, qui en est par ailleurs actionnaire. Pour l’instant, Open Ratings restreint son activité aux Etats-Unis, mais elle envisage de traverser l’Atlantique. Parallèlement, D&B propose au niveau mondial son propre service de notation, D&B Global Access, qui délivre une cote de 0 à 20.D’autres poids lourds de la notation hésitent encore à cibler les places de marché. Tel est le cas de Fitch, qui note surtout de grandes entreprises et entités publiques dont il s’agit de garantir la dette. La célèbre agence a bien créé un service d’accès via internet à sa base de données, mais il concerne exclusivement les professionnels de la finance. “Nous étudions la possibilité de nouer des partenariats avec des places de marché triées sur le volet, car nous ne voulons pas galvauder la notion de notation“, admet un porte-parole.

Protéger à la fois le fournisseur et le client

Les services de notation sont utiles en amont des transactions, quand le rôle de l’assurance-crédit intervient en aval. Avec @rating, la Coface couvre les deux phases, tandis qu’Euler-Sfac se concentre sur la seconde. Ce qui ne l’empêche pas de s’appuyer sur sa propre base de données de notation, qui référence 40 millions d’entreprises. La transposition à internet de la notion d’assurance-crédit requiert un changement de culture. En effet, avec une assurance classique, un fournisseur protège l’ensemble de son chiffre d’affaires. Lorsqu’un client ne peut régler une facture, l’assureur se substitue à lui.Mais, sur internet, les fournisseurs souhaitent se protéger au coup par coup. C’est pourquoi la Coface et Euler-Sfac ont adapté des services à la souscription en ligne d’une assurance spécifique à chaque transaction initiée sur une place de marché. “Cela reste une véritable assurance-crédit au sens juridique du terme“, signale Isabelle Jammot, responsable du département e-business chez Euler-Sfac. Avec son offre ecomEulerspot, Euler-Sfac propose ainsi une formule de protection par transaction. Avec la variante ecomEulerpack, le coût de l’assurance liée à chaque transaction est débité d’une enveloppe prépayée. @rating ne relève pas, en revanche, d’une véritable assurance-crédit, la Coface utilisant d’ailleurs le terme de protection. “Il s’agit d’un contrat cadre signé avec la place de marché et fonctionnant selon un schéma de rachat de créance. Mais, pour les adhérents, tout se passe comme s’il s’agissait d’une assurance-crédit“, admet l’organisme.

Un solide ancrage dans le monde réel

La notation et l’assurance-crédit répondent davantage à la défiance des fournisseurs vis-à-vis de leurs clients. A l’inverse, la SGS cible les acheteurs, qui souhaitent que leurs fournisseurs soient capables de tenir leurs engagements en termes de qualité, de capacité de production et de délai de livraison. SGS possède, en effet, un réseau de 1 200 bureaux répartis dans 140 pays et comptant 30 000 personnes. Leur rôle : vérifier sur le terrain les informations relatives aux entreprises, comme la qualité de leur organisation et de leurs produits, le degré de satisfaction de leurs clients, ou encore leur conformité à des normes locales ou internationales. S’il existe des zones d’ombre, SGS propose des services spécifiques de certification ?” ISO 9000 ou autres. “Un audit de ce type est rarement refusé, car il ouvre des opportunités commerciales“, confirme Anne Willmes, directrice du marketing et des partenariats chez SGS.Transposées à internet, ces prestations prennent forme avec SGSonSite, qui comprend deux volets. D’une part, il délivre, à la demande d’un adhérent d’une place de marché désirant évaluer un fournisseur, un portefeuille baptisé SGS eValuate+. Celui-ci comprend non seulement les données traditionnellement vérifiées par SGS, mais aussi des informations spécifiques à internet, comme le degré de maturité e-business. D’autre part, SGSonSite permet de demander en ligne une inspection relative à une entreprise ou à une transaction données. “Nous pouvons intervenir à tous les stades de la chaîne d’approvisionnement, car notre vocation est d’en minimiser les risques“, met en avant Anne Willmes. Afin d’offrir une prestation globale, SGS sest, en outre, allié à la Coface, dont elle intègre le service @rating.

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Thierry Lévy-Abégnoli