Passer au contenu

G7 : Emmanuel Macron défendra une taxe Gafa mondiale auprès de Donald Trump

La France se fait la figure de proue de la taxe Gafa à l’échelle mondiale et va tenter de rallier Donald Trump. L’impôt international est à l’agenda du G7, à Biarritz, dès le 24 août.

« Fou ». C’est le qualificatif employé, mercredi 21 août, par le président français pour dénoncer le système financier actuel qui laisse ces grands groupes du numérique profiter d’un « statut de paradis fiscal permanent ». À Biarritz, au G7, Emmanuel Macron défendra, samedi 24 et dimanche 25 août 2019, un impôt mondial des géants du numérique.

« Ce n’est pas soutenable »

« Les acteurs mondiaux du numérique ne contribuent pas fiscalement au financement du bien commun, ce n’est pas soutenable », a martelé le président français devant l’Association de la presse présidentielle.

Emmanuel Macron a expliqué en avoir discuté lundi 19 août avec son homologue américain Donald Trump, qui s’est farouchement opposé ces dernières semaines à la taxe adoptée par la France sur les grands groupes technologiques, généralement américains. Les services du représentant américain au Commerce (USTR) sont actuellement en train d’enquêter au sujet de l’impôt français sur les services numériques.

« La France, ça se voit plus. J’assume »

Faute de taxe internationale la France a taxé de son côté, comme d’autres pays européens, tels que l’Espagne ou l’Italie. « Donald Trump m’a dit “ils me disent tous que c’est toi”. La France, ça se voit plus. J’assume », a souri le président français.

« Il faut arrêter d’avoir des gens qui sont dans un statut de paradis fiscal permanent. Si vous êtes un géant du numérique, vous faites votre activité en France, vous ne payez rien. Vous payez sur vos droits d’auteur ou de propriété intellectuelle en Irlande, au plus bas taux, vous transférez sans taxe d’Irlande aux Pays-Bas. Et avec un accord entre les Pays-Bas et des paradis fiscaux, vous mettez le cash dans ces paradis fiscaux », a détaillé le chef de l’État français.

La fuite de capitaux est l’argument phare des défenseurs de la taxation sur les services numériques. En France, la taxe instaurée par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances devrait rapporter près de 500 millions d’euros

« Et vous avez un accord aux États-Unis pour que ces grandes entreprises américaines accumulent le cash dans ces paradis fiscaux, sans être taxées aux États-Unis ! Dès que des concurrents émergent, elles les achètent pour des milliards de dollars avec l’argent des Bermudes… Nous sommes fous ! Je ne suis pas d’accord avec ce système ! », s’est-il emporté, soulignant que le système avait été mis en place sous la présidence de Barack Obama, le prédécesseur de Donald Trump.

La « bonne » échelle : l’international

Si la taxe française veut fait figure d’exemple, son périmètre est trop limité face à l’enjeu planètaire. « La bonne réponse est celle que les ministres des Finances du G7 -dont l’Américain [Steven Munchin, ndlr]– ont proposé à Chantilly lors d’un sommet mi-juillet : une taxation digitale internationale », a-t-il plaidé. Le secrétaire du Trésor des États-Unis défend l’échelon institutionnel de l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE).

« La question est de savoir si la Maison Blanche est d’accord avec le secrétaire d’État américain au Trésor », a ajouté Emmanuel Macron, regrettant le « très fort lobbying » des géants du numérique. Or, Donald Trump n’emprunte pas la voie du consensus, mais plutôt celle de l’escalade. Il a menacé, mi-juillet, de taxer à 100% les vins français. Emmanuel Macron réussira-t-il à convaincre Donald Trump ? Rendez-vous samedi sur la côte basque. 

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Marion Simon-Rainaud avec AFP