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Freebox mini contre BBox Miami : la guerre des box Android a commencé

En lançant sa mini box sous Android TV, Free s’attaque frontalement à Bouygues qui commercialise déjà son propre boîtier sous Google TV. Deux mariages avec Google donc mais qui ne relèvent pas de la même stratégie.

Officiellement, chez Bouygues, on triomphe depuis que Free a dévoilé ce 10 mars une nouvelle box sous Android TV. « Nous sommes ravis qu’un autre opérateur nous emboîte le pas sur Android, d’autant plus venant d’un acteur qui disait que cela n’arriverait jamais », nous a-t-on confié chez l’opérateur. 

Une satisfaction qui sera peut-être de courte durée, car le match a bel et bien commencé entre la BBox Miami et la Freebox Mini, qui tournent toutes deux sous un système d’exploitation de Google. Chaque camp affûte maintenant ses arguments, car il s’agit de conquérir sans tarder un nouveau marché.

Android TV vs Google TV

Lors de la présentation à la presse de sa box d’entrée de gamme, Xavier Niel était bien obligé de se positionner par rapport à la BBox Miami. Il a donc principalement insisté sur le fait que Free était « le premier opérateur au monde » à déployer un boîtier qui utilise le nouvel OS de Google : Android TV, sous Android 5 (Lollipop).

Et il est vrai que l’engin de Bouygues est moins évolué, car la BBox tourne -pour le moment- avec une version plus ancienne de la plate-forme, Google TV, qui repose sur Jellybean 4.2.2 et qui est en voie de disparition.

Pourquoi pas Android TV ? Bouygues estime que Google TV est pour l’instant plus stable, donc sans risque de couac pour les abonnés. Mais dans le même temps, l’opérateur annonce une mise à jour dans quelques mois qui permettra à la BBox Miami de passer elle aussi sous Android TV…

Couche ou pas surcouche ?

« Nous, on s’assume : on ne fait pas de surcouche Android », a lancé Xavier Niel sur le plateau de 01net TV après la conférence de presse. Encore une pique en direction de Bouygues qui a effectivement choisi de développer sa propre interface par-dessus de l’ancien OS de Google.

Bouygues reste très fier du résultat obtenu avec des partenaires comme la start-up française Spideo, qui fournit les algorithmes de recommandation. Et il pense justement que ce petit plus peut faire la différence. Une surcouche qui a aussi une valeur symbolique : une façon de ne pas laisser les clefs de la maison à Google et de pas réduire le rôle de l’opérateur à un simple fournisseur de hardware.

« Nous n’avons pas du tout renoncé à maîtriser l’environnement logiciel de cette box. Vous n’allez pas voir apparaître le moteur de recherche de Google mais l’environnement Bouygues Telecom ! », martelait ainsi le secrétaire général de Bouygues Telecom Didier Casas sur l’antenne de BFM Business au mois de janvier dernier.

Le problème, c’est que Bouygues Télécom va aussi passer à Android TV. Et que Google a sérieusement changé les règles de son nouvel OS. A la Google I/O 2014 -où Android TV avait été annoncé- il avait déclaré qu’il limiterait considérablement la possibilité d’apposer une surcouche. Bouygues nous a bien confirmé que la partie « Applis » de l’interface actuelle de la Miami s’en verrait donc transformée lors de sa mise à jour. Mais les abonnés conserveront un accès à l’univers TV dans un environnement développé en propre par l’opérateur.

Télécommande vocale contre appli mobile dédiée

Pas d’appli mobile dédiée pour Xavier Niel, qui incite les abonnés à télécharger Android TV Remote Control. Là encore, son concurrent a fait le choix inverse en développant sa propre appli mobile, qui n’est disponible pour le moment que pour les smartphones.

Free a également souligné le fait que sa nouvelle télécommande comprend un micro et permet de faire de la recherche vocale. Mais c’est aussi le cas de l’appli mobile de la BBox Miami…

Bouygues casse davantage les prix

N’en déplaise à Xavier Niel qui clamait hier le contraire, la BBox Miami revient moins cher que la Freebox Mini 4K.

Le boîtier de Bouygues est accessible moyennant un abonnement mensuel de 25,99 euros par mois contre 29,99 euros chez Free. En outre, les appels sont illimités vers les fixes et les mobiles chez le premier, ce n’est pas le cas chez le second.

Enfin, Bouygues a fait le choix de communiquer très tôt sur sa Miami avec une première présentation à la presse dès le mois de juin 2014. Une stratégie risquée qui a pu émousser l’intérêt du public pour le produit dont la commercialisation n’est survenue avec retard qu’au mois de janvier 2015.

Stratégie totalement inverse chez Free qui a fait mine de ne pas vouloir lancer de box sous Android. Pour le coup, l’effet de surprise a été total, renforcé par la précipitation de la conférence de presse. De quoi assurer une nouvelle fois une médiatisation maximale et la curiosité des internautes.

Dernière divergence : Bouygues a choisi de réserver sa Miami d’abord à ses abonnés dans une optique de fidélisation. Elle sera cependant disponible pour tout le monde dès le 23 mars prochain, nous a-t-on confirmé chez l’opérateur. Chez Free, au contraire, la box était immédiatement accessible à tous dès ce 10 mars. Un véritable aimant pour gagner de nouveaux abonnés. Reste à savoir si les dates de livraison seront respectées puisque les box sont stockées actuellement en République tchèque.

Match nul : pas question de se vendre à Google

Mais ce qui frappe dans le discours des deux opérateurs finalement, ce sont aussi leurs points communs.

Tous deux affirment à corps et à cris qu’ils garderont leur indépendance, même s’ils adoptent le système d’exploitation Android. « Nous gardons le contrôle », assurait Didier Casas toujours en janvier dernier.

C’est à peu de choses près ce que déclarait hier Xavier Niel. « Nous restons indépendants », rappelait-il alors. « C’est justement parce que l’on est indépendant qu’on peut se permettre d’avoir une box avec Google et une autre avec notre propre système propriétaire. C’est pour cela que l’on peut faire les deux. »

Si les deux parties en sont aujourd’hui à chanter les louanges de Google, cela ne semble pas être de gaîté de cœur. « A un moment donné, il faut se demander quel est son marché dans le fixe et quelle est la demande des gens. J’ai vu qu’il y avait une aspiration pour Google, alors nous y répondons » dit Niel.

Passer sous Android TV, une nécessité pour survivre pour les opérateurs français qui voient Android dominer déjà le marché des smartphones. Alors, pourquoi pas demain celui de la télé ?

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Amélie Charnay