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Free déclare la guerre à Orange qu’il accuse de monopole sur la fibre

Le DG d’Iliad Maxime Lombardini s’en est pris frontalement à l’opérateur historique lors de son audition par les députés au sujet de la stratégie de Free. Il réclame un changement du cadre réglementaire qui favoriserait actuellement Orange.

Pas de répit dans la concurrence acharnée que se livrent les opérateurs. La lutte pour réserver l’usage du mot fibre au FttH vient à peine de s’achever au désavantage de SFR qu’une autre bataille a aussitôt débuté. Une nouvelle coalition réunissant SFR, Bouygues et Free s’oppose cette-fois Orange. Son but ? Faire reconnaître par les pouvoirs publics que si l’opérateur historique rafle aujourd’hui 70% de part de marché sur la Fibre, c’est parce qu’il a été favorisé…

Jusqu’à maintenant la polémique était feutrée, comme le notait Les Echos le 1er juillet dernier, mais sans aucune déclaration officielle. Le DG d’Iliad Maxime Lombardini a fini par rompre le silence sans ambiguïté à l’occasion de son audition le 12 juillet dernier par la commission des affaires économiques de l’Assemblée Nationale. Entendu sur la stratégie de Free, il s’est longuement épanché sur le sujet. 

Maxime Lombardini, le DG d'Iliad.
Assemblée nationale. – Maxime Lombardini, le DG d’Iliad.

« L’opérateur historique ne doit pas profiter de la fibre pour remonopoliser. Or, aujourd’hui, c’est ce qui se passe », a-t-il déclaré vertement. « Orange fait plus de 70% de parts de marché sur la fibre et ce n’est pas seulement par son talent ». Et de citer les investissements de 550 millions d’euros en 2016 jugés mineurs au vu du chiffre d’affaires d’Orange s’élevant 20 milliards d’euros. « Nous versons plus que cela, nous seuls à Orange, au titre du dégroupage quand on utilise son réseau cuivre », a-t-il encore souligné. Mais l’argument principal de Free, ainsi que de Bouygues Telecom et de SFR, se trouve ailleurs.

Orange a bénéficié d’avantages structurels

« Jusqu’en 2009, Orange s’est réservé l’usage des fourreaux (les tuyaux dans les routes) pour déployer la fibre, alors que les autres devaient creuser des tranchées ou passer par les égouts. Tout cela a permis à l’opérateur historique de couvrir toute la zone dense quand les autres ne pouvaient pas y accéder ».

Autre sujet de mécontentement, le point de mutualisation dans les immeubles accordé à Orange. « C’est une barrière à l’entrée énorme dans les zones denses. Rien qu’à Paris, il y a 65 000 immeubles dans lesquels il faut entrer et cela nous pose de gros problèmes. » Dernier point de friction, la zone de co-investissement de Free avec Orange qui devait permettre à Free d’accélérer son déploiement. Orange y pratiquerait des tarifs  « non satisfaisants » avec des prises « surfacturées », selon Maxime Lombardini.

Et lorsque la présidente de la commission de l’Assemblée Frédérique Massat reprend le dirigeant à l’ordre pour s’être trop épanché sur le sujet, ce dernier monte le ton. « Aujourd’hui, on a un opérateur historique qui est en train de balayer tout le monde sur la fibre parce que le cadre lui est trop favorable ! », s’emporte-t-il alors.

Evidemment, cette polémique hérisse le poil des dirigeants d’Orange qui rappellent avoir investi constamment sur la fibre depuis une dizaine d’années, tandis que leurs concurrents se réfugiaient dans une stratégie attentiste. « Rien n’empêchait Bouygues Telecom de consacrer beaucoup d’argent au FTTH s’il le voulait. Rien n’empêchait Free ou SFR d’en faire plus (…) le cadre était clair au départ », accusait Stéphane Richard dans les colonnes de La Tribune le 23 juin dernier.

Très prudent, le président de l’Arcep, Sébastien Soriano, a tout de même glissé le 30 juin dernier, à l’occasion d’une conférence de presse, qu’il organiserait une consultation publique, évoquant éventuellement son intervention en dernier recours si les acteurs concernés ne parvenaient pas à s’entendre.

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Amélie Charnay