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François Dufaux (Syntec Informatique) : ‘ La récession de 1993 était bien plus sévère ‘

Dans un contexte économique et géopolitique défavorable, les SSII doivent faire face à un premier semestre 2003 proche des derniers mois 2002. Radioscopie avec le Syntec Informatique.

Quel bilan le Syntec Informatique fait-il pour le secteur des services et des logiciels en France ?Je dirais, tout d’abord, que l’année 2002 aurait pu être pire étant donné les événements du 11 septembre, les affaires Enron, Vivendi et autres Worldcom. Les clients endettés, la rareté des transactions et des
fusions-acquisitions, ainsi que la reprise tardive des investissements paralysent l’économie. Et la restructuration des services ne s’effectue pas à un rythme suffisant. Se retrancher derrière la conjoncture économique et le contexte géopolitique
actuel ne constitue cependant pas une solution. Si l’on regarde la situation de près, le tableau n’apparaît pas si sombre.Comment devront alors réagir les SSII secouées par la crise pour maintenir leur cap ces trois prochaines années ?Même si la visibilité sur 2003 reste réduite pour les SSII, celles-ci devront réajuster leur offre en la ‘ packageant ‘ et en industrialisant les processus, et faire en sorte de ne pas
réinventer la roue. C’est pourquoi nous allons assister au développement de centres industriels de services délocalisés, en région, en Europe et aussi en offshore. Ce sera, notamment, le cas pour les activités de TMA de systèmes de gestion des
ressources humaines.Les SSII subissent la consolidation de leur secteur, une concurrence plus rude et, bien entendu, une réelle pression des prix. Ce dernier facteur ne risque-t-il pas d’aggraver la situation ?La pression des prix perdure, mais force est de constater que celle-ci a finalement aussi un aspect positif. Elle oblige les SSII à gérer leurs ressources de façon plus fine. Mais elle accélère également la tendance à
l’externalisation des systèmes d’information. Et il convient de relativiser les choses. La dernière récession de 1993 était bien plus sévère. Il existe, en France et en Europe, un tissu important de sociétés qui ont une présence significative à
l’international, et notre tissu de PME n’est pas du tout négligeable. Bien au contraire, ce secteur, que les SSII doivent prospecter, pourrait faire bouger de façon plus dynamique l’emploi informatique.En matière d’emploi, les derniers bilans sociaux des sociétés informatiques font frémir dans certains cas. Où sont les problèmes ?Le secteur d’activité des SSII doit être libéré d’un carcan étouffant, et notamment de la loi des 35 heures. Le Syntec Informatique a d’ailleurs décidé de remettre en question cet accord. Avec ces lois – que je
qualifierais de criminelles -, notre marché risque de mourir. Notre métier, qui ne consiste pas à fabriquer des produits mais à apporter de l’expertise, a besoin de flexibilité. Le bilan 2002 est plutôt morose : nous avons perdu
entre 6 000 et 10 000 ingénieurs, sur un total de 285 000 personnes travaillant sur le marché des services et des logiciels.Le taux d’intercontrats a été la bête noire des sociétés de services ces six derniers mois. Qu’en est-il aujourd’hui ?Chaque SSII a sa propre définition de l’intercontrat et sa propre palette de métiers – de l’infogérance à l’édition ou à la distribution de licences de logiciels, en passant par l’intégration de systèmes. Par exemple, dans
le domaine du conseil, afficher un taux d’occupation de 60 % est considéré comme une situation normale. Nous avons constaté une surcapacité dans les entreprises, mais elle est en cours de résorption.

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Clarisse Burger et Olivier Discazeaux