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François Bancilhon (Mandriva) : ‘ Nous voulons être présents en Chine ‘

Nouveau nom, fusion avec Conectiva, le numéro un en Amérique latine : l’actualité est riche pour Mandrakesoft, récemment rebaptisé Mandriva. De passage en Chine en début d’année, le PDG de l’éditeur français,
François Bancilhon, détaille ses projets et son point de vue sur le développement du logiciel libre dans ce pays.

01net. : Pourquoi ce déplacement en Chine ?


François Bancilhon : L’objectif de cette première visite était de comprendre le paysage open source chinois et de rencontrer en personne les acteurs clés du secteur, en vue de nous
installer sur ce marché. J’ai pu m’entretenir avec les principaux éditeurs nationaux, mais aussi avec des institutions publiques comme le ministère de l’Industrie de l’information.Comment analysez-vous la situation de l’open source dans ce pays ?


Le marché de l’open source chinois est très dynamique. Il existe actuellement cinq ou six éditeurs locaux de distribution qui ont une activité comparable à la nôtre. La moitié de ces éditeurs se sont développés
avec le soutien du gouvernement, qui entend ainsi assurer un marché national concurrentiel. Néanmoins, leur nombre est trop élevé et on va nécessairement assister à une consolidation du marché.


Le paysage open source chinois ressemble donc au marché occidental deux ou trois ans auparavant, mais ce décalage va être rapidement comblé. Toutefois, si on accepte cette distinction, la demande chinoise est plutôt
orientée poste client alors qu’à l’Ouest on se tourne plutôt vers le serveur.Quels sont vos projets sur le marché chinois ?Les éditeurs étrangers ont leur carte à jouer sur le marché chinois, y compris sur les marchés publics. Nous voulons donc être présents et pour cela nous envisageons plusieurs solutions, du simple contrat commercial à l’accord
capitalistique. Nous pouvons offrir notre expertise technique et une perspective aux visées internationales des éditeurs chinois. De notre point de vue, un partenariat est totalement indispensable pour la partie commerciale. Au niveau technique,
même si MandrakeLinux existe déjà en chinois, il reste du travail qu’il serait plus intelligent de réaliser avec un partenaire local.


Après cette prise de contact, nous en sommes aux prémices d’un projet de collaboration en R&D avec Red Flag, sur des outils d’administration et le déploiement de Linux dans les grandes organisations publiques.
C’est sur ce secteur que réside, selon moi, l’un des principaux problèmes techniques actuels.Que pensez-vous des accords Chine-Japon-Corée sur l’open source et du projet Asianux mené par RedFlag ?Les accords intergouvernementaux sont des déclarations politiques qu’il ne faut pas surestimer. C’est un facteur très favorable au développement de l’open source, mais ce n’est pas cela
qui fait le marché. Ici comme ailleurs, Microsoft travaille à plus haut niveau que nous, avec plus d’argent et sa propre définition de l’honnêteté et de la morale. Quant à Asianux, je crains qu’il ne devienne un cheval de Troie
de l’industrie du logiciel américain.


C’est la certification par les grands éditeurs qui verrouille le marché du logiciel, et de ce point de vue c’est Oracle qui a choisi le leader chinois. Actuellement, deux facteurs peuvent remettre en cause cette hégémonie
américaine : l’open source et le développement rapide de la Chine. On comprend donc aisément les enjeux qui se conjuguent aujourd’hui sur le marché chinois.

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Propos recueillis, en mars, par Antonia Cimini et Georges Favraud