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François Bancilhon (Mandriva) : ‘ Notre distribution Linux est traduite en 68 langues ‘

Le directeur général de l’éditeur de logiciels détaille les nouveautés de la version 2006 de Mandriva Linux et commente les perspectives de développement de sa société à l’international.

01net. :
Vous venez de dévoiler Mandriva Linux 2006, la nouvelle version de votre système d’exploitation. Quelles en sont les principales nouveautés ?


François Bancilhon : Tout d’abord, il s’agit d’une plate-forme de convergence qui réunit les technologies de Connectiva et de Lycoris, deux sociétés acquises il y a plusieurs mois. A l’arrivée, nous avons intégré
plusieurs nouveautés importantes. C’est le cas de Kat, une sorte de Google Desktop installé sur la station de travail, qui permet de rechercher non seulement dans les noms des fichiers mais aussi dans leurs contenus mêmes.


Nous avons également ajouté un pare-feu interactif, c’est-à-dire un programme qui vous avertit en temps réel des tentatives d’intrusion sur votre ordinateur et qui vous indique la marche à suivre pour y parer. Nous sommes également, à ce
jour, le seul système Linux à offrir l’intégration complète du logiciel Skype, grâce à un partenariat conclu avec l’éditeur. Par ailleurs, les utilisateurs retrouveront toute une série de petites applications telles que des outils de déploiement de
petits réseaux.Mandriva Linux 2006 est disponible en trois éditions, dont l’une, Discovery/Lx, s’adresse spécifiquement aux ‘ débutants Linux ‘. Ce produit est-il vraiment adapté aux néophytes et débarrassé de ces
scories techniques qui rebutent parfois le nouvel utilisateur ?



Discovery/Lx représente 40 % des ventes totales de notre distribution. Nous y reprenons, sur la base d’une interface très design et conviviale, développée par Lycoris, les principaux programmes grand public issus du logiciel libre,
comme la suite bureautique Open Office ou le logiciel de retouche d’images Gimp.Il y a quelques mois, vous aviez passé un accord avec HP, concernant la commercialisation d’ordinateurs sous Linux, à destination d’enseignes grand public comme Rueducommerce.com ou Carrefour Multimédia. Où en êtes-vous
aujourd’hui ?



Nous avons un accord solide avec HP et nous sommes satisfaits des résultats obtenus. Et nous avons étendu ce type de partenariat avec d’autres constructeurs informatiques : à savoir, en l’espèce, Dell et Nec.Que pensez-vous de l’initiative de Lenovo de préinstaller la suite bureautique StarOffice sur ses Thinkpad asiatiques ou de celle de Dell de proposer des PC sans Windows mais avec Freeedos, un clone du DOS issu du logiciel
libre ?



Je suis convaincu que le jeu est en train de s’ouvrir. En particulier au niveau du desktop. Et cette évolution passe par le développement de marchés importants dans les pays émergents comme le Brésil, l’Inde, la Russie
ou la Chine. Sur ce dernier pays, comme dans une grande partie du Sud-Est asiatique, se pose également la question de la mise en conformité avec les règles [sur le piratage, NDLR] de l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Et
là, le choix est simple : soit payer des milliards de dollars de licence à Microsoft, soit opter pour une solution libre beaucoup moins onéreuse.Quels sont aujourd’hui vos atouts à l’international ?


Notre distribution est traduite en 68 langues. C’est un premier point. Mais surtout, il y a parfois une dimension politique dans tout cela. Et dans ce contexte, je dirais que nous présentons l’avantage aux yeux de certains de nos
interlocuteurs de ne pas être américains [contrairement à l’un des principaux rivaux de Mandriva, RedHat, NDLR]. Par exemple, il est clair que pour un pays comme le Vénézuela, vous n’imaginez pas trop Hugo Chavez faire son
marché chez les Américains.


Dans un pays comme la Chine la situation est différente, car le marché est composé de sept acteurs (six chinois et une joint-venture TurboLinux conclue avec un partenaire japonais). Dans ce cas, toute la difficulté va consister à passer
un accord commercial avec l’un des six acteurs locaux.Revenons au marché français. Quelle est votre situation sur le segment ‘ entreprise ‘ et plus particulièrement avec les administrations publiques et que pensez-vous du débat sur la migration vers le
logiciel libre à Paris ?



Il s’agit d’une activité assez jeune (à peine deux ans), mais nous avons déjà décroché d’importants contrats avec plusieurs ministères (Affaires étrangères, Culture, Agriculture, Equipement) ou encore avec la Gendarmerie et la Direction
générale des impôts (DGI). Nous avons près de soixante commerciaux qui sont mobilisés sur ces marchés contre une dizaine pour nos principaux concurrents.


Concernant Paris, il s’agit d’un dossier très politique. Vous avez d’un côté un directeur technique qui a commandé, à une SSII, une étude pour démontrer que la migration vers le logiciel libre n’était pas réalisable en l’état et de
l’autre une volonté politique. C’est un parfait exemple de la dichotomie existant parfois entre le politique, c’est-à-dire les élus, et les personnels qui ne se soucient pas des échéances électorales.

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Propos recueillis par Philippe Crouzillacq