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France Télécom ouvre la porte de sortie à ses fonctionnaires

Le ministère de l’Economie a monté début avril une cellule consacrée au reclassement des agents de la fonction publique de France Télécom dans d’autres administrations. Objectif : réduire la part des fonctionnaires dans le
groupe.

Thierry Breton l’a annoncé il y a quelque temps déjà, pour faire des économies, France Télécom s’est lancé dans une politique de non-remplacement des départs en retraite et préretraite. C’est la “nouvelle gestion
sociale”
du groupe, dans le cadre de son programme de redressement. Mais l’opérateur compte encore aller plus loin avec un vaste plan de mobilité de ses fonctionnaires.C’est presque devenu une affaire d’Etat puisque, début avril, une mission Mobilité France Télécom a été montée au ministère de l’Economie et des Finances. Elle doit organiser le déplacement vers d’autres administrations des salariés du
groupe relevant de la fonction publique (essentiellement regroupés au sein de la maison-mère, France Télécom SA, les filiales relevant toutes du privé). A la tête de cette entité, le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a nommé le 24 mars
Bertrand Maréchaux, issu du corps préfectoral.Ce dernier ne mentionne pour l’heure aucun objectif en termes de nombre de personnes concernées ou d’échéance, même si la seule mise en place d’une telle structure en dit long sur ses ambitions. “Nous sommes là
pour permettre à France Télécom de mettre en ?uvre les objectifs de son plan de redémarrage
, mentionne-t-il simplement. Notre mission consiste à recenser les débouchés, gérer les questions d’organisation, détecter les
blocages juridiques. Nous nous occupons de la mécanique.”

De 700 à 4 000 personnes concernées chaque année

Chez France Télécom, le chiffre de 700 personnes par an concernées par l’opération a été avancé, ce qui, ajouté aux départs en retraite et aux congés de fin de carrière, reste trop peu pour correspondre aux
ambitions de l’opérateur.Certains préfèrent évoquer 3 000 à 4 000 reclassements annuels officieusement envisagés. Avec, à terme, la disparition des fonctionnaires, actuellement plus de 100 000, des rangs de l’opérateur et la privatisation
définitive du groupe.Déjà, un véritable casse-tête risque de se révéler. “Le problème, c’est que cela concerne surtout des cadres de niveau élevé, A et B, note Thierry Franchi, responsable du secteur télécoms à la CGT-PTT.
Leur arrivée pourrait bloquer des promotions d’agents de la fonction publique déjà en place, dans les collectivités territoriales par exemple.”Sans compter les problèmes de primes et d’indemnités, variables d’une fonction publique à l’autre. “Le vrai problème du reclassement, est : comment faire avec des gens de France Télécom, qui sont mieux
payés, en les plaçant dans des administrations qui paient moins “,
résume un syndicaliste.Ce différentiel est notamment dû au complément salarial de France Télécom (CFT). Un bonus maison ajouté à la rémunération indicielle des salariés de l’opérateur relevant du secteur public. Mais il est incompressible, même en cas de
revalorisation salariale décidée par l’Etat. Résultat : France Télécom ne maîtrise pas le coût de sa masse salariale. Réduire la part de la fonction publique contribuerait à résoudre ce problème. Sauf que la mission Mobilité a basé les
reclassements sur le volontariat. Difficile de se porter volontaire pour ne plus toucher un complément de salaire?D’un point de vue strictement comptable, le choix de se séparer des fonctionnaires serait le moins coûteux. France Télécom étant son propre assureur, elle ne cotise pas aux Assedics. Si elle voulait privilégier le départ des salariés
relevant du privé, elle devrait les licencier, et donc payer leurs indemnités de chômage. En comparaison, un déplacement de fonctionnaire ne coûte rien. C’est le statut même qui l’autorise.Apparemment encore dans le flou au sujet de cette mission Mobilité, les syndicats doivent être reçus vendredi au ministère. Ils devraient obtenir quelques éclaircissements. Responsable CGC, Jean-Pierre Forbé affirme même n’avoir jamais
été prévenu officiellement. “Par contre, des négociations sur un accord cadre sur l’emploi et la mobilité sont en cours depuis un mois. Il concerne toutes les entreprises du groupe, la maison-mère et ses
filiales.”
Les discussions achoppent sur la volonté de la direction d’imposer un PSE unique pour tout le groupe, réduisant la marge de manoeuvre des comités dentreprise de chaque filiale.

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Arnaud Devillard