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France Télécom et les oubliés de l’ADSL

L’opérateur historique affirme couvrir les neuf dixièmes de la population française en haut-débit, principalement avec l’ADSL. Une estimation optimiste alors que de nombreuses communes attendent toujours d’être branchées sur l’Internet
haut débit.

90%. C’est, selon France Télécom, le taux de la population française connectée en haut-débit aujourd’hui. Un chiffre qui concerne essentiellement l’ADSL, la technologie d’accès la plus répandue dans l’Hexagone (le câble étant marginal,
comme les autres technologies émergentes). Selon France Télécom, un tel chiffre, qui devrait passer à 96 % à la fin de 2005, place la France dans le peloton de tête européen, voire mondial.Il est incontestable que le déploiement de l’ADSL a connu depuis quatre ans un rythme de déploiement très soutenu. Mais 9 lignes téléphoniques sur 10 ont-elles réellement accès à l’ADSL ? Un analyste estime plutôt le taux
de couverture proche de 70 %, ‘ mais sans aucune certitude, puisque nous n’avons que les chiffres de France Télécom ‘.L’estimation de France Télécom semble large. Comme l’opérateur l’explique, ‘ la couverture de population en ADSL repose sur le pourcentage des lignes téléphoniques analogiques ayant un équipement ADSL dans le
répartiteur auquel elles sont raccordées physiquement. ‘
Autrement dit, neuf lignes sur dix sont ‘ raccordées ‘ à un équipement ADSL, mais pas forcément capables de délivrer l’ADSL aux
abonnés.Conséquence : une commune a beau être déclarée totalement couverte – elles sont 13 000 (*) dans ce cas – tous ses habitants ne goûtent pas automatiquement à l’ivresse du haut-débit. C’est le cas de ceux qui résident
au-delà de la portée maximale de l’ADSL (environ 6 kilomètres du central téléphonique). Et les zones rurales ne sont pas les seules concernées. Le problème se pose aussi en périphérie des grandes villes, comme à Dijon. La fracture numérique ne
se résume pas uniquement à une opposition entre villes et campagnes.D’autres cas de figure existent. ‘ Ceux qui vivent dans une zone ADSL mais dont la ligne est raccordée à un multiplexeur ne sont pas éligibles ‘, explique Stéphane Pau, gérant de la
société
Ariase (qui commercialise des comparatifs de FAI et propose depuis plusieurs mois de fédérer les demandes de raccordement). France Télécom travaillerait aujourd’hui à résoudre le
cas de ces lignes, dont le nombre est inconnu.

Des communes coupées en deux

A La Roche-sur-Foron, une cité médiévale de Haute-Savoie (74) qui compte 7 500 habitants, le problème est encore différent. La moitié de la ville est raccordée à l’ADSL, car dépendante d’un répartiteur téléphonique adapté.
L’autre moitié ne le sera sans doute jamais, puisque reliée à un autre équipement, jugé trop vieux pour un raccordement en fibre optique. Explication de France Télécom : souvent, ‘ la boucle locale n’a pas été faite en
suivant le tracé géographique des communes. Une partie d’une commune peut être rattachée à un répartiteur non encore ouvert à l’ADSL, alors que le reste de la commune peut être sur un répartiteur différent et
ouvert. ‘
Autre situation, encore plus ubuesque. ‘ Dans une ville de la région parisienne couverte par l’ADSL, des habitants d’un quartier n’y ont pas droit car rattachés au central téléphonique de la ville voisine, situé à
plus de 7 kilomètres…
[donc hors de portée de l’ADSL, NDLR] ‘, raconte Stéphane Pau, d’Ariase. France Télécom les comptabilise pourtant dans les 90 % de Français qui peuvent
bénéficier du haut-débit. La commune est considérée comme couverte en totalité par l’ADSL puisque tous ses répartiteurs sont équipés.De l’avis des spécialistes, une couverture à 100 % est illusoire. ‘ Les gens attendent encore et encore mais certains doivent savoir qu’ils n’auront jamais l’ADSL ‘, prévient
Stéphane Pau. ‘ Il y aura toujours des zones non couvertes. Même avec des innovations comme les DSLAM en cascade ou l’ADSL2+ ‘, ajoute Jean-Charles Doineau, responsable du bureau français du
cabinet d’analyses Ovum.Selon l’opérateur historique, l’ADSL2+ devrait néanmoins apporter son lot d’améliorations : un débit augmenté jusqu’à 16 Mbit/s et un rayon d’action étendu de un kilomètre supplémentaire. La technologie sera déployée sur le
réseau dès l’année prochaine.Mais le salut viendra surtout de technologies différentes, telles que le Wimax, le courant porteur en ligne ou le satellite. Dans ce cas, les collectivités territoriales devront prendre en charge une grande partie de ces
investissements.(*) Début juillet, la France comptait 12 918 communes totalement couvertes et 8 716 partiellement couvertes, sur un total de 36 681 communes.

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Guillaume Deleurence