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France Télécom est très fort pour bloquer ses concurrents

Frank Esser est plutôt optimiste quant à l’avenir de Cegetel. Malgré l’abandon de ses projets dans l’ADSL, l’opérateur ne néglige pas les services fixes. L’UMTS reste une priorité.

01 Réseaux : Quel pourrait être l’impact pour Cegetel des récents événements aux États-Unis ?Frank Esser : L’impact devrait être limité, en dehors des recettes liées au roaming, puisque les gens vont moins voyager. Inversement, l’audio et la visioconférence devraient encore se développer. Les télécommunications sont devenues un véritable produit de grande consommation, et seront vraisemblablement l’un des secteurs les moins affectés, surtout en Europe où l’on est moins concerné qu’aux États-Unis par le ralentissement économique. À moins de spéculer sur une grave récession et un fort accroissement du chômage, je suis plutôt optimiste.01 R. : Cegetel semble reprendre confiance dans les services fixes. Qu’est-ce qui a changé depuis que vous avez pris la direction générale de l’entreprise ?F. E. : Nous nous sommes clairement réorganisés en deux branches : le fixe et le mobile. Certes, nous avons encore du chemin à faire dans le fixe, mais avec une augmentation de 60 % de notre chiffre d’affaires sur ce segment au premier semestre 2001, nous sommes plutôt bien partis*. Sans compter que les sommes que nous étions prêts à investir dans l’ADSL [2 milliards de francs sur trois ans, NDLR] nous laissent de la marge pour nous développer dans d’autres services fixes.01 R. : Pourquoi avez-vous décidé de ne pas investir dans l’ADSL ?F. E. : Parce que chacune des activités de Cegetel doit être profitable en soi et que les conditions économiques imposées étaient inacceptables ! France Télécom est vraiment très fort pour bloquer ses concurrents ; plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs été contraints de cesser leur activité… Cela dit, le problème de l’absence de concurrence dans la boucle locale reste entier. C’est pourtant le “job” de l’ART de faire en sorte que la compétition soit loyale. Pour ce qui est des entreprises, nous allons nous concentrer sur la revente de l’offre de FT et, éventuellement, nous déployer dans le SDSL.01 R. : Avez-vous des projets spécifiques avec Canal+, filiale, comme vous, de Vivendi Universal ?F. E. : Nous prévoyons des opérations communes, sur une base non exclusive, en matière de marketing, d’événementiel, de sport, etc. Nous avons divers projets ludiques, utilisant notamment le SMS, du type loterie ou téléchargement de jeux, qui devraient voir le jour en 2002. Nous réfléchissons également à la possibilité d’envoyer des e-mails depuis un portable vers un téléviseur. Cela dit, personne ne sait réellement quelle sera la killer application en matière de divertissement. C’est aussi un problème d’intégration de ces services avec des partenaires qui en ont réellement la volonté.01 R. : Quand SFR compte-t-il accueillir des opérateurs mobiles virtuels sur son réseau ?F. E. : À ce sujet, nous sommes toujours en discussion [avec Tele2, NDLR]. Tout le problème consiste à ce que l’arrivée d’un tel opérateur crée aussi de la valeur pour nous. Avec le projet Universal Mobile, nous utilisons simplement la marque Universal pour élargir notre base de clientèle. Les clients d’Universal Mobile sont des clients de SFR. C’est SFR qui assume le risque économique et maîtrise la carte SIM de ses abonnés. Des initiatives similaires sont envisagées pour les services mobiles professionnels. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de vendre des portables mais du service dans un environnement où la clientèle est de plus en plus segmentée.01 R. : Pensez-vous être en mesure d’offrir vos premiers services UMTS en mars 2002, comme prévu ? Et les 75 % de couverture du territoire promis par SFR pour 2003 sont-ils encore d’actualité ?F. E. : Je suis très confiant quant au potentiel de l’UMTS. D’abord parce qu’en plus de la technologie cela nous apportera des fréquences supplémentaires dont nous avons besoin. Si l’on veut offrir de véritables services multimédias, il nous faut à la fois des fréquences et une technologie ad hoc. Pour ce qui est de la date de lancement, il y a encore des incertitudes en ce qui concerne la disponibilité des terminaux et la qualité des communications. Il y aura forcément une courbe d’apprentissage pour bien maîtriser la transmission de données en environnement cellulaire. L’UMTS, de ce point de vue, aura sûrement du retard. Cela dit, nous maintenons notre objectif de couvrir Paris dès 2002, puis Lyon et Marseille en 2003. L’objectif de couverture de 75 % de la population en 2003 n’est plus conforme à la réalité, même si nous pensons que, début 2004, le marché devrait commencer à décoller. En attendant, le GPRS nous permettra de nous familiariser avec les services de données cellulaires ; c’est très important pour nous.* Cegetel ne divulgue plus la répartition de ses recettes entre Cegetel Entreprises et services grand public.

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Henri Bessières