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France Télécom affine sa stratégie sur le marché de l’éducation

En présentant son nouveau portail éducatif, l’opérateur historique met en avant le plaisir de la découverte interactive au service de la connaissance. Un rêve pour les enfants et les professeurs. Pourtant, tous ces services ne marcheront qu’avec le haut débit.

Présenté au Salon de l’éducation, qui se tient Porte de Versailles, à Paris, du 21 au 25 novembre 2001, le nouveau portail éducatif de France Télécom, Educavie.francetelecom.com propose des expositions virtuelles ou des pièces de théâtre comme documents d’accompagnement pédagogique pour professeurs et élèves.Désormais accessible en démonstration, le portail offrira toutes ses fonctionalités gratuites à partir de janvier prochain. Courant 2002, France Télécom proposera d’autre part une batterie de services payants, dont la visioconférence et la gestion automatisée du parcours des élèves.D’un point de vue commercial, la stratégie de l’opérateur tient la route : il se dote de partenaires prestigieux et développe des contenus originaux, tout en renforçant sa position auprès des acteurs du monde éducatif.

Des partenaires reconnus

Soucieux de rester dans son c?”ur de métier, à savoir ” les tuyaux “, l’opérateur a en effet développé les premiers modules de son offre en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France, le mémorial de Caen et la fondation Nicolas Hulot.Les petits éditeurs qui travaillent avec France Télécom sur Wanadoo-education continueront leur partenariat, puisque les fonctionnalités du portail initial seront intégrées au nouveau service. Dans ces conditions, un concurrent tel que Vivendi, avec son portail Education.com, pourrait à terme proposer ses contenus sur Educavie.francetelecom.com. “C’est vrai, mais dans une certaine limite “, explique Ghislaine Jacquard, directrice de France Télécom éducation. Et d’ajouter : “Nous pourrions en effet devenir partenaires de maisons d’édition du groupe Vivendi, mais nous nous cherchons surtout à créer des contenus différents de ce qu’on trouve sur le marché actuellement.”

Séduire les professeurs pour conquérir le marché

Comme les meilleurs prescripteurs sont les professeurs, France Télécom mène d’autre part une politique de sensibilisation aux nouvelles technologies qui porte apparemment ses fruits. Outre les traditionnels commerciaux, l’opérateur dispose en effet de 3 000 volontaires bénévoles appelés ” les ambassadeurs “.La mission initiale de ces évangélistes des nouvelles technologies, qui ont déjà visité près de 15 % des établissements scolaires français, consistait à faire découvrir aux professeurs l’intérêt des ordinateurs et d’Internet pour l’éducation. ” Aujourd’hui, ils accompagnent surtout les professeurs dans leurs projets pédagogiques “, continue Ghislaine Jacquard.Mais cette découverte des attraits d’Internet grâce aux ambassadeurs donne également de bonnes habitudes de consommation. En effet, les ambassadeurs n’hésitent évidemment pas à faire leurs démonstrations avec Wanadoo et les portails éducatifs maison.En ce sens, ils représentent un formidable vivier de supercommerciaux. “Ils ne sont pas là pour vendre nos produits, mais ils utilisent notre outil “, concède Ghislaine Jacquard.

Un produit d’appel philanthropique…

Cette dernière préfère d’ailleurs jouer la carte de l’aide aux écoles plutôt que celle de la conquête du marché. ” Avec les produits gratuits présents sur le site, nous voulons favoriser l’usage d’Internet dans l’éducation. C’est sans doute lié aux valeurs de France Télécom “, se réjouit-elle.Vu sous cet angle, on ne peut en effet que féliciter l’opérateur pour l’investissement financier. Si les chiffres ne sont pas connus, on sait que 10 personnes du département recherche et développement planchent à temps plein depuis trois ans sur le projet de portail.Quatre personnes travaillent d’autre part à la direction du portail, sans compter les investissements consentis pour la création de la plate-forme de gestion des parcours des élèves, ou pour la mise en place de la technologie de visioconférence, deux produits maison qui seront commercialisés en mars 2002.Dans ces conditions, l’opérateur compte forcément sur un retour sur investissement, mais pas où on l’attendrait. En effet, les modules gratuits peuvent être assimilés à des produits d’appel pour grossir l’audience du portail, mais aussi ?” et surtout ?” pour vendre des abonnements Internet à haut débit dans les écoles.

… pour une logique commerciale

Les nouveaux services du portail, aussi séduisants soient-ils, ne donnent le meilleur d’eux-mêmes que si l’on dispose d’une connexion à haut débit. Paradoxe : France Télécom a décidé qu’il ne développerait pas l’ADSL dans certaines zones françaises jugées non rentables.En réservant les nouveaux services de son portail aux utilisateurs haut débit, l’opérateur semble donc axer sa stratégie commerciale sur les marchés les plus lucratifs. Oubliant de fait la partie la plus pauvre ou la plus isolée de la population.La philosophie d’aide gratuite aux écoles affichée par France Télécom perd son sens puisqu’elle n’est plus universelle.” Avec l’ADSL, nous sommes dans une logique économique. Nous ne pouvons pas assurer la totalité de la couverture ADSL en France, c’est impossible “ se défend Ghislaine Jacquard. Elle s’en remet alors aux collectivités locales ” qui commencent à cerner les enjeux du haut-débit “, puis aux expériences menées avec le satellite, beaucoup moins cher.

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Mélusine Harlé