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Fondamentaux ou vieilles ficelles

Back to basics. Ces temps-ci, la formule prend souvent des allures de condamnation pour les entreprises de la nouvelle économie. Dans ce contexte, pourquoi se priver…

Back to basics. Ces temps-ci, la formule prend souvent des allures de condamnation pour les entreprises de la nouvelle économie. Dans ce contexte, pourquoi se priver de sourire quand back to basics rime avec back to old tricks [retour aux vieilles ficelles, ndlr] ? “Terra Lycos teste un nouveau service à destination des détenteurs de téléphones mobiles, qui doit lui permettre de diversifier ses ressources“, annonçait récemment La Tribune. WAP ou GPRS ? Non : “ Un opérateur humain consulte en direct internet pour répondre aux demandes de l’abonné“, expose, sceptique, le quotidien.L’anecdote a pourtant un parfum évident de retour au bon sens. Un exemple témoigne du même retour au pragmatisme, s’agissant de la convergence… et de ses limites. Le développement de la vidéo à la demande (VOD), d’abord. Cette technologie a été expérimentée au milieu des années 1990 à Orlando, dans des conditions d’absolu manque de maîtrise technique et financière. Puis est apparue la vidéo sur internet. Certes, au rythme de 14 images par seconde et aux dimensions d’un timbre poste. Mais surtout, au gré des sollicitations du spectateur : à la demande. Certains sites ont cru que cette capacité de réponse immédiate suffirait à leur succès, malgré des conditions techniques de plus en plus éloignées des standards broadcast ou cinéma à l’heure du numérique. De leur côté, les exploitants de réseaux câblés expérimentaient les effets limités en terme de buy rate d’une diminution des temps séparant deux diffusions en VOD, et en supportaient le coût.Restait à combiner l’architecture de diffusion one to one de l’univers internet et connexion haut débit, d’une part, forte capacité de stockage local et récepteur alliant image broadcast et son stéréo, de l’autre. Et ce, pour donner naissance à la VOD de nouvelle génération : commande via le téléviseur ou le PC, téléchargement par réseau ADSL vers un décodeur et ” consommation ” sur le home cinema familial. Sur ces bases, le service Home Choice, qui n’est pour l’instant distribué que dans l’agglomération londonienne, a conquis 11 000 abonnés depuis octobre 2000. Home Choice a notamment signé des accords d’approvisionnement en films avec Disney, Warner Bros, Sony Columbia Tristar ou encore Universal.Les considérations techniques étant maintenant maîtrisées, la qualité des programmes est devenue la principale préoccupation des responsables de ces nouveaux services. C’est grâce à elle qu’ils pensent atteindre des buy rates de 2,5 à 4,8 par mois et par abonné, et un chiffre d’affaires de 3,1 milliards de dollars (3,44 milliards d’euros) en 2003.Ces observations ne prétendent évidemment pas jeter un doute sur la ” révolution numérique “. Elles visent simplement à rappeler que le ” spectacteur ” est le seul à décider de son rythme et la manière de se saisir des produits de la convergence. Que les schémas d’écran unique omnifonctionnel, imaginés au milieu des années 1990 par Bill Gates, pèsent peu face au sentiment, de la part du client final, que les sites internet se visitent mieux sur un ordinateur personnel. Et qu’un programme de télévision se regarde plus agréablement sur un écran 16/9e… Des remarques qui naspirent pas à plus que le simple bon sens.

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Philippe Bailly, consultant chez IMCA, société de conseil audiovisuel