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” Fini les subtilités de langage : en un mot, ça va mal ! “

Le patron de Cisco déplore la trop lente intervention de la Réserve fédérale américaine et prévoit deux trimestres “difficiles”.

Vous êtes à la tête d’une entreprise symbole de la net économie. Craignez-vous le ralentissement de la croissance américaine ? Dès le début du mois de décembre, j’ai vu que ça partait mal. Je me souviens d’un matin où le niveau de commandes était pointé en recul de 10 % par rapport au même jour de l’année précédente. Sur un jour, ça peut arriver, me direz-vous. Mais le phénomène a continué.Par exemple ? La capacité à boucler nos comptes en quelques heures seulement. Grâce à notre organisation extrêmement décentralisée, où chaque personne est responsable de son activité et la communique aux autres, en temps réel, de façon totalement transparente, je peux savoir à tout instant quelle est la performance de l’entreprise. Sous tous ses aspects ! À court terme, les experts balancent entre inquiétude et confiance. Quelles sont les projections les plus probables pour la net économie : soft landing, hard landing ou… crash ? On n’en est plus à ces subtilités de langage. Tout ce que je peux vous dire, c’est que ça va mal. Ce qui n’empêchera évidemment pas les tendances de fond de s’amplifier, et la net économie d’imprégner toute l’activité humaine.Comment cette net économie se propage-t-elle géographiquement ? C’est curieux, cela se passe très différemment de ce que j’avais prévu. Je pensais que les États-Unis initieraient le mouvement, que le Japon suivrait et, qu’ensuite, le phénomène s’élargirait à l’Europe. Or, ce n’est pas du tout ce qui s’est passé. Faites-vous confiance à la Fed [la Réserve fédérale américaine, ndlr] pour préparer le retour de la croissance outre-Atlantique ? Je trouve surtout qu’elle a agi trop tard. Il fallait intervenir dès novembre, et ce pour une raison simple : les budgets prévisionnels des entreprises n’étaient pas finalisés, et on pouvait encore investir à fond.Comment comptez-vous vous en sortir ? Mettre pleins gaz, et accélérer le développement à l’étranger. On s’est déjà transformé sept fois ces dix dernières années, alors on va continuer… Pour commencer, nous allons poursuivre notre politique d’acquisitions. Sans doute de l’ordre d’une vingtaine cette année. Avec deux particularités, toutefois : d’une part, nous serons beaucoup plus sélectifs dans nos choix et, d’autre part, les acquisitions projetées auront lieu essentiellement au deuxième semestre.D’ici là, la conjoncture se sera-t-elle améliorée ? En tout cas, nous nous préparons à subir un ou deux trimestres difficiles. Mais, encore une fois, tout réside surtout dans l’exécution, dans notre capacité à réagir. N’oubliez pas : dans ce business, ce n’est pas le gros qui mange le petit, c’est le rapide qui mange le lent.

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Propos recueillis par Pierre-Antoine Merlin, envoyé spécial à San Jose