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Fils de pub

Un article publié dans Le
Nouvel Hebdo du 6 avril dernier m’a fait sursauter. On y parle de la publicité dans les jeux vidéo, ” un support qui concurrence efficacement les médias les plus performants “. Horreur !

Le plus célèbre des motards sans casque disait de la publicité, dans un sketch aujourd’hui culte, qu’elle “s’adresse uniquement aux débiles mentaux”. Une opinion que je partage entièrement. Mais de là à en déduire qu’elle doit donc aussi toucher les joueurs, certains ont peut-être franchi le pas un peu trop vite à mon goût.Cet article, fort intéressant au demeurant, présente une régie publicitaire ” nouvelle génération “, Communication & Nouveaux Média (CNM) qui, depuis trois ans, se charge de vendre aux annonceurs de l’espace publicitaire dans les jeux. Avec succès, semble-t-il : elle a à son actif des titres comme V-Rally 2, Ridge Racer 2 et Moto Racer 2, et des annonceurs prestigieux comme Michelin, Paco Rabane et Swatch ; et, preuve ultime de la bonne santé de ce créneau, le prix de l’espace a été multiplié par cinq en trois ans.Bref, on voit déjà de plus en plus de pub dans les jeux, et cela ne fait que commencer. J’admets que, dans certains cas très précis, la publicité a parfaitement sa place dans les jeux. J’imagine en effet assez mal un jeu de course sans les noms réels des teams (qui sont déjà des publicités à eux tout seuls) et de leurs sponsors. D’une manière générale, tout jeu de sport digne de ce nom, qu’il s’agisse d’automobile, de moto, de foot, de tennis ou d’athlétisme, se doit de reproduire la réalité avec un maximum de fidélité. Donc, de reproduire les noms et logos des ” partenaires officiels ” de la discipline. De toute façon, on est tellement habitués à les voir à la télé qu’on ne les remarque même plus dans les jeux. Pire : ils risqueraient même de nous manquer !Mais cela doit s’arrêter là. Quand je joue, je n’ai pas envie de voir Lara Croft courir en Nike, se désaltérer en buvant un Coca, soigner ses blessures à coup de Mercurochrome, et mettre du fond de teint parce qu’elle le vaut bien.
A bien y réfléchir, les risques de dérives ne sont pas négligeables. Après tout, si on laisse la publicité s’immiscer dans les jeux, qui me dit que les éditeurs ne vont pas se débrouiller pour nous obliger à la voir, en la rendant indissociable de la solution, un peu comme ces gros plans de plus en plus fréquents dans les films sur le matériel qu’utilise le héros ? Que, pour terminer mon jeu d’aventure, je ne devrai pas écrire un mot avec mon stylo Pélican, mettre des piles Wonder dans ma lampe de poche, consulter mon e-mail sur MSN, lire un article scientifique dans Science et Vie, ou beugler “Whasssssup !” comme mot de passe ?
Ou alors, si on doit en arriver là, d’accord. Mais dans ce cas, que les jeux soient gratuits. Que la publicité paie les coûts de production ?” après tout, c’est un modèle courant avec d’autres médias. Mais tant que je paie, je ne veux pas qu’on vienne m’embêter avec des choses que je nai pas demandées. Et surtout pas la publicité !Prochaine chronique le mardi 24 avril 200
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Stephan Schreiber