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Faute d’infrastructure, les services Web piétinent

Les standards actuels des services Web conviennent à des usages très simples. Si l’on souhaite réaliser des processus métiers plus complexes, le besoin d’une réelle infrastructure s’impose.

Les services Web sont à la mode, amenant les entreprises à expérimenter les technologies Soap et WSDL. “Techniquement, celles-ci ne sont pas révolutionnaires. Elles standardisent des pratiques existantes. Mais leur adoption généralisée est une vraie révolution ! Pour la première fois, la planète informatique est d’accord sur un mécanisme de communication et d’appel de services, y compris Microsoft. De plus, les technologies employées sont si simples qu’elles s’appliquent pratiquement à tous les systèmes”, souligne Laurent Mignon, architecte senior chez AlphaCSP, société spécialisée dans la technologie Java.Tant qu’on emploie les services Web pour des applications très simples, cela fonctionne : “Dans le cadre de la gestion de fonds dérivés (hedge funds), nous avons réalisé un serveur de calculs financiers offrant des outils d’aide à la décision et de simulation, indique Pascal Fournié Taillant, responsable informatique à la Société Générale, Assets Management. Nous avons utilisé Java, afin de profiter de la modularité et de la portabilité de ce langage. Les gestionnaires de fonds se servent, en priorité, du tableur Excel. Pour relier ce dernier au serveur Java, nous avons évalué les différentes possibilités. Java RMI ne pouvait être utilisé. Corba est complexe et ne s’imposait pas, car nous n’avions ni problème de sécurité ni gestion de transactions. Les standards de base des services Web, en revanche, répondaient à nos besoins. Nous utilisons le protocole Soap, pour que nos postes clients Excel communiquent avec le serveur Java de calculs financiers”, précise-t-il. L’usage de Soap se retrouve de manière similaire en B to B. La Fnac exploite les services Web pour dialoguer avec ses fournisseurs en billetterie. Le site ViaMichelin, réalisé par la Web agency FiSystem, met à disposition d’autres sites du contenu et des services en marque blanche, via un accès Soap à son serveur J2EE.

Encore peu d’ouverture pour les applications complexes

Cependant, pour des applications plus complexes, les services Web butent sur des lacunes en matière de sécurité, de gestion de transactions et de processus d’échange. “Avec les services Web, les éditeurs recréent actuellement l’équivalent de DCE et de Corba en utilisant des protocoles ultrasimples, comme HTTP. De même, des services de gestion de la sécurité et des transactions sont en cours d’élaboration. Les services Web en sont au même niveau de maturité que Corba il y a huit ans. L’histoire de DCE se répète : un noyau de base inutilisable sans les services !”, tempête Pierre Pezziardi, directeur technique d’Octo Technology.Face à l’importance du marché des services Web, chaque éditeur pousse ses solutions propriétaires au-dessus des technologies de base. À l’exception des nouveaux standards de sécurité du W3C que sont XML Encryption, XML Digital signature et, bientôt, XKMS (XML key management systems), aucun standard ne se profile à l’horizon.Ainsi, Microsoft encourage WS (Web service) security, WSlicensing et Passport. La firme développe XLang pour la gestion des processus et des transactions longues. Cette couche fonctionnelle se retrouve dans BizTalk Server, le serveur d’intégration B to B de l’éditeur. De même, IBM pousse WSFL (Web service flow language) pour la gestion des processus, WSEL, pour la gestion de la qualité de service ; et WS-Hosting, pour l’hébergement des services Web.De leur côté, BEA Systems et HP standardisent BTP (Business transaction protocol) au sein du comité Oasis, dont IBM ne veut à aucun prix. Mais, malgré les efforts du consortium BPMi.org, qui regroupe les grands noms des progiciels intégrés et des services d’infrastructures, afin de standardiser la modélisation des processus métiers avec BPML ; et d’ebXML, qui apporte toute la vision métiers qui fait cruellement défaut aux services Web avec son standard de gestion de processus BPSS, l’émergence d’une pile technologique standard n’est pas en bonne voie.“Aujourd’hui, ce n’est pas la guerre entre constructeurs qui pousse à rendre propriétaires certains standards (BTP, BPML, XLang, WSFL…), mais plutôt le combat entre Microsoft et le monde Java. Les dégâts collatéraux touchent les utilisateurs, pour qui la faible interopérabilité des solutions coûte toujours très cher. L’émergence de standards ouverts est un droit pour lequel le W3C ou l’IETF luttent. Le monde Open Source peut jouer le rôle de bras armé, en proposant des implémentations de référence sur lesquelles seront exécutés les futurs tests d’interopérabilité.”, explique Pierre Pezziardi.

Le règne de la technologie propriétaire

Or, il est urgent de disposer d’une infrastructure standard d’échange B to B intégrant la gestion des processus au-dessus des services Web. L’histoire récente a montré que l’échange de documents XML ne suffit pas pour les échanges complexes du commerce interentreprises. “Les solutions d’intégration basées sur cXML ou xCBL ne se sont pas imposées. Elles constituent un premier niveau de réponse, mais l’EDI est toujours le vecteur principal de nombreux secteurs d’activité. Pour traiter les interactions du commerce B to B, qui sont par nature de longue durée, le couple XML et XSLT reste insuffisant, bien qu’il autorise une représentation commune des données échangées et la transformation de leurs formats. En effet, il faut impérativement gérer et conserver les états d’avancement des transactions de longue durée et donc utiliser un gestionnaire de processus”, affirme Dany Sabbah, directeur des développements de WebSphere.

Un standard de gestion des processus intégrant les services Web

Le besoin d’une véritable plate-forme d’échange B to B est renforcé par le succès de RosettaNet grâce à sa définition des Processus d’Interaction avec les Partenaires (PIP) qui sont de véritables processus d’échange. Les spécialistes de l’intégration des applications tels que SeeBeyond, Tibco Vitria ou webMethods insistent sur la nécessité d’un standard de gestion des processus prenant en charge les services Web.En attendant, chacun d’entre eux propose une infrastructure d’échange B to B utilisant les standards de base des services Web, sur lesquels ils ont greffé des technologies propriétaires pour la gestion de la sécurité, des transactions et des processus.

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Jean-François Masler