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Farcry 2 en test : la fin de l’innocence

Le jeu de tir, dont la licence a été reprise par Ubisoft, change son fusil d’épaule. De l’expédition punitive exotique et teintée de fantastique, il bascule dans le réalisme d’une Afrique noire, très
noire !

C’est l’un des grands dilemmes des jeux d’action modernes : laisser au joueur une ‘ totale ‘ liberté d’aller et venir ou le guider pas à pas tout au long d’un scénario linéaire
mais aux multiples rebondissements. Dans cette course au spectaculaire et au gigantisme à laquelle s’adonnent les jeux d’action, Grand Theft Auto en tête, Farcry 2 vous laisse déambuler
sur une zone de quelque 50 km².Mercenaire faisant feu de tout bois, vous n’errez cependant pas sans but puisque l’objectif ultime de votre quête sera d’éliminer un personnage nommé ‘ le chacal ‘, un trafiquant
d’armes qui fait la pluie et le beau temps en armant tous les camps pour perpétuer son business.

L’ennemi de mon ennemi…

Loin de l’approche genre film d’aventure du premier opus, Farcry 2 joue (presque) la carte du documentaire. Cette Afrique-là est ravagée par la guerre civile. Deux factions, l’UFLL
(pro-occidentale) et l’APR (pro-marxiste), se disputent la domination du territoire, au prix du sang et de l’anarchie la plus totale. Au fil de l’aventure, vous choisirez votre camp, non pas en cliquant sur un bouton bleu ou
rouge, mais par vos actes.Un système de réputation et d’amitié vous lie en effet à des partenaires, qui viendront vous secourir de temps à autre. Cette coopération est franchement limitée, mais elle rassérène un tout petit peu le joueur confronté à un
milieu très hostile, où tout le monde, sans discernement, veut sa peau. Un contraste souligné par un cadre africain magnifiquement rendu que les (trop !) nombreux trajets en voiture, vous permettront de visiter. Bien entendu, le moteur 3D
Dunia, nouvel outil spécialement conçu pour le jeu, est pour beaucoup dans la restitution de la majesté naturelle de ce continent.Sur le plan technique, Farcry 2 rivalise presque avec la référence des jeux 3D du moment, à savoir Crysis (et son CryEngine, moteur 3D élaboré par les auteurs ?” la boucle
est bouclée ! ?” du premier Farcry). Il n’atteint pas tout à fait la même débauche de détails visuels et l’excellence du moteur physique qui sous-tend le comportement des objets. Quoi qu’il en soit,
la propagation du feu dans la brousse et les effets d’ombres et de lumières dans la jungle, dans le désert ou dans la savane forcent le respect.

Les diamants sont éternels mais ne font pas tout

Les missions, comme nous l’avons dit, s’attrapent donc au vol, il faut faire preuve d’opportunisme tout en gérant en bon père de famille son petit capital santé et financier. Ce dernier étant constitué de diamants
de contrebande, la seule monnaie ayant cours dans cet univers chaotique. Armes améliorées, réputation en hausse, la montée en puissance se fait lentement mais sûrement. Il est, en revanche, un peu dommage que toutes les missions reposent sur le
principe de la chasse à l’homme, dans laquelle vous figurez presque toujours de gibier !En fait, on comprend mal qu’un univers retranscrit avec tant de finesse, dans la précision documentaire de ses décors, les dialogues plutôt bien amenés des différents intervenants, mafieux, idéalistes, illuminés, mercenaires
comme vous…, se solde par des missions finalement assez répétitives. La prise des postes de contrôle comme autant de jalons posés au long de l’appropriation progressive des lieux rappelle un autre jeu du studio d’Ubisoft
Montréal : Assassin’s Creed, pour les connaisseurs. Et Farcry 2 possède logiquement les mêmes petits défauts agaçants avec, cependant, des mécanismes de jeu moins sophistiqués, notamment
quant à l’art de passer inaperçu tant il est vrai que le contexte n’a rien à voir.

Pas assez loin…

Bref, cette pseudo liberté absolue, limitée par la malaria que vous avez contractée dès votre arrivée et qui vous empêche de courir trop longtemps, pâtit aussi de réactions pour le moins étonnantes des ennemis. La faute revient sans
doute à leur intelligence artificielle (IA) limitée. Un défaut qui a des répercussions indésirables. En mode facile, les combats virent rapidement au tir aux pigeons, alors qu’en mode légendaire (difficile) la faiblesse de l’IA est
compensée par une résistance parfois surnaturelle des adversaires ! Parallèlement les combats motorisés n’ont rien non plus de très neuf, ni de très exaltant, sans être vraiment ratés.Au final, Farcry 2 n’exploite pas complètement les excellents outils qu’il s’est lui-même forgés : son excellent moteur 3D, son fonds documentaire exemplaire, son architecture ouverte
plutôt stimulante sur le papier, ses dialogues bien campés. Il tombe dans une routine qui manque souvent un peu de corps et surtout d’humanité, donc d’émotion, pour captiver totalement le joueur. Ni totalement bourrin, ni vraiment
subtile, entre les deux attitudes son c?”ur balance, même si devant la magnificence de l’Afrique, on finit par se laisser prendre au jeu. Un bon titre dont on était malgré tout en droit d’attendre plus !

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Stéphane Segal