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Extension du domaine de la lutte syndicale chez Amazon

Les syndicats américains font le siège d’Amazon.com à Seattle et tentent d’entraîner dans leur sillage les filiales européennes. Objectif: faire pression sur le charismatique Jeff Bezos pour qu’il reconnaisse le fait syndical dans son entreprise.

Entre les organisations syndicales et la direction américaine d’Amazon, le dialogue de sourds est de rigueur. “Chaque membre de l’entreprise en est aussi propriétaire, scande Jeff Bezos. Amazon n’a donc pas besoin de syndicats.”Le sophisme laisse pantois de la part de cet ex-analyste financier aujourd’hui à la tête du bateau-phare de la nouvelle économie.Les employés d’ Amazon.com sont tous actionnaires de leur société grâce à un large programme d’attribution de stock-options. Pour beaucoup, la réalisation de ces titres en Bourse serait la récompense de leur engagement et des sacrifices consentis pour le succès de la société.Mais, dans les faits, le rêve des stock-options pourrait bien se transformer en mirage. Impossible en effet d’exercer une option à 67 dollars quand le titre d’Amazon plafonne aujourd’hui à 25 dollars au Nasdaq.En conséquence, certains collaborateurs d’Amazon.com outre-Atlantique finissent par se demander si le jeu en vaut bien la chandelle. C’est sur ce mécontentement latent que tablent les syndicats pour prendre place chez ce symbole de la Net-économie.Les revendications, comme le respect des jours de repos et le paiement des heures supplémentaires, constituent un sujet sensible dans une entreprise qui a fondé sa réussite commerciale sur la pratique d’une logistique en flux tendus.Malgré tout, les syndicats américains sont divisés. D’un côté, la Washington Alliance of Technology Workers, issue de la conflit Verizon, tente de rallier à sa cause les 400 employés du service client d’Amazon à Seattle. De l’autre, l’Union Food and Commercial Workers Union souhaite faire adhérer les quelque 5 000 collaborateurs des sept centres de distributions majeurs implantés aux Etats-Unis.L’organisation est assistée dans sa tâche par le collectif Prewitt Organizing Fund basé à Washington. Devant le peu d’empressement de la direction d’Amazon.com à entamer une quelconque négociation, cette structure a décidé d’étendre le débat dans les filiales d’Amazon à l’étranger et, notamment, en Allemagne, aux Pays-Bas mais aussi dans l’Hexagone.C’est ainsi que les syndicalistes américains ont récemment fait appel aux services de leurs homologues français (Sud PTT) pour diffuser des tracts auprès des salariés locaux. Une première opération a eu lieu le 21 novembre dernier auprès du centre de distribution de Boigny-Sur-Bonnes près d’Orléans. Pour Marie-Thérèse Deleplace, responsable au secrétariat fédéral de Sud PTT, “avec Amazon, il s’agit avant tout de lutter contre la mondialisation symptômatique de la nouvelle économie “. Pour l’heure, la création d’une section syndicale chez Amazon France n’est pas à l’ordre du jour.“En ciblant les filiales, c’est un moyen pour nos confrères américains de faire pression sur la direction de la maison mère “, ajoute Maire-Thérèse Deleplace.Chez Amazon France, à la veille des fêtes de fin d’année, on se veut confiant. Pour le directeur d’exploitation du site, Vincent Marty, “les dispositions légales sont très différentes d’un pays à l’autre. En France, les salariés concernés sont tous en CDI, ne font pas dheures supplémentaires et sont payés 15 % au-dessus du Smic. Et, de toute façon, aller contre les syndicats serait une erreur de gestion.”

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Philippe Crouzillacq