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Européennes 2004 : le vote électronique rallie les suffrages

Adoptées par la ville de Brest pour les élections régionales, les machines à voter électroniques seront utilisées le 13 juin prochain dans plusieurs dizaines de collectivités. Avec la bénédiction du ministère de l’Intérieur.

Les machines à voter électroniques vont-elles supplanter les traditionnels bulletins de vote dans le c?”ur des Français ? Le passage de témoin n’est certes pas pour tout de suite. Mais ce système,
adopté par la ville de Brest à l’occasion des derniers scrutins régionaux et cantonaux, fait des adeptes.Pour les élections européennes du 13 juin prochain, le recours au vote électronique va s’étendre à plusieurs dizaines de collectivités. En Ile-de-France, par exemple, Suresnes et Aulnay-sous-Bois franchiront le pas en supprimant
tous les bulletins de vote papier. D’autres municipalités, à l’instar d’Issy-les-Moulineaux, de Levallois-Perret ou de Boulogne, ont préféré tester le système dans un nombre réduit de bureaux de vote.

Des subventions de l’Etat

Ce soudain engouement n’est pas le fruit du hasard. Les pouvoirs publics subventionnent actuellement les collectivités à hauteur de 800 euros par machine à voter, qu’elle soit louée ou achetée. De plus, le ministère de l’Intérieur
a récemment
délivré son agrément à trois solutions techniques, développées par les sociétés NEDAP, RDI-Consortium Univote et Indra Sistemas.
Sur le terrain, les choses semblent se passer sans trop d’écueils.‘ Après une première expérience pilote au moment des régionales, des électeurs nous ont fait part de leur souci quant à la confidentialité du vote, explique Jacques Ménard, adjoint au maire de Suresnes
chargé des élections. Pour ce scrutin, nous avons donc renforcé nos isoloirs. Pour ce qui est du dépouillement proprement dit, le scrutin sera clos à 20 h. Normalement à 20 h 1, une bande [ressemblant à un ticket
de caisse de supermarché, NDLR] sera extraite de la machine et nous donnera le résultat des vingt-huit listes en lice pour ces élections européennes. ‘Si Suresnes a retenu, comme Brest, la solution NEDAP (distribuée en France par la SSII France-Election), tel n’est pas le cas de Vand?”uvre-lès-Nancy. Pour cette ville pionnière des expérimentations de vote électronique et de
vote par Internet, la solution s’appelle Indra.‘ Quand l’électeur se présente au bureau de vote avec sa carte d’électeur, on lui remet de manière aléatoire une carte à puce avec laquelle il va pouvoir enregistrer son vote, indique Sylvain
Parnalland, responsable multimédia à Vand?”uvre-lès-Nancy. Une fois dans l’isoloir, chacun découvre la liste des candidats, opère une sélection tactile, puis valide et confirme son vote. La machine génère alors un ticket qui, remis à
l’assesseur, permet de parapher la liste d’émargement. ‘
Comme pour une élection physique, l’ensemble des opérations de vote est encadré par deux procès-verbaux signés au début et à la fin par le président du bureau de vote et par son secrétaire.

La sécurité remise en question en Irlande

‘ Nous avons choisi ce système pour plusieurs raisons, poursuit Sylvain Parnalland. Tout d’abord, il s’agit d’une solution qui va permettre aux électeurs malvoyants de voter directement dans
l’isoloir. Ce qui n’était pas le cas auparavant. Ensuite, Indra était, à l’heure du choix, la seule solution agréée par le ministère de l’Intérieur au-delà des élections européennes. Enfin, nous n’avons pas opté pour NEDAP, car nous jugions que le
système était trop ancien. ‘
La machine NEDAP fera l’objet d’une mise à niveau en novembre prochain, confirme Hervé Palisson, directeur de France-Election. C’est ce système qu’avait choisi l’Irlande pour ses élections européennes. Ces machines à voter avaient déjà
été testées avec un certain succès à l’occasion d’un référendum sur l’Europe en septembre 2003.Mais après plusieurs dizaines de millions d’euros d’investissements dans tout le pays, l’Irlande a dû faire machine arrière à la suite d’un
rapport rendu à la fin du mois d’avril par une commission officielle sur le vote électronique. Sans remettre en cause la viabilité du système, les experts on en effet estimé qu’ils
n’avaient pas eu assez de temps pour établir avec certitude que les machines répondaient à une exigence de sécurité suffisante.‘ Parfois le mieux est l’ennemi du bien, commente Hervé Palisson. Dans le cas irlandais, on nous a demandé de nouvelles mises à jour, pour surprotéger le système, mais au final, faute de
temps, tout cela doit passer à la trappe. ‘
Pour ce qui est de la sécurité,
‘ Nous n’avons jamais eu aucun problème et nous n’avons jamais perdu une voix ‘
, affirme Hervé Palisson. Quelque 16 000 machines à voter NEDAP sont
aujourdhui utilisées dans 687 communes en Europe.

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Philippe Crouzillacq