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European Mobile Com Forum : le glas a-t-il sonné pour l’UMTS ?

Réunis à Aix-les-Bains, les opérateurs de téléphonie mobile sont plus mobilisés sur une réduction drastique de leurs coûts que sur le développement de nouveaux services. L’UMTS devrait être la principale victime de cette crise.

” Il va falloir survivre pendant trois ou quatre ans. “ Ces mots de Bruno Mathis, de PA Consulting Group, résume à elle toute seule l’ambiance de l’European Mobile Com Forum qui se tient depuis lundi à Aix-les-Bains.Estimée à quelque 300 milliards d’euros (120 en licences et 180 en infrastructures), la facture de l’UMTS (Universal Mobile Telecommunications System) en Europe a de quoi faire blémir les opérateurs européens. Surtout que, en 2012, prédit le consultant, la killer application qui rapportera le plus de revenus aux opérateurs sera… toujours la voix. Elle représentera encore 40 % de l’Arpu, le revenu moyen par abonné.En attendant la manne toujours hypothétique apportée par de nouveaux services, les opérateurs mobiles vont devoir se rationner.Bruno Mathis les a ainsi exhortés à ne déployer de sites UMTS que sur de microterritoires, des niches d’usage en réalité. “L’enjeu sera de n’investir dans ce type de réseaux que là où il le faut et au moment où il le faut, en utilisant des outils de géomarketing “, prévient-il. C’est-à-dire dans les aéroports et dans les complexes hôteliers en premier lieu. Et d’ailleurs, les opérateurs risquent dans ces lieux de trouver une nouvelle concurrence : celle du Wireless LAN, un réseau privé sans fil qui serait développé par de grandes chaînes hôtelières ou des acteurs aéroportuaires. Et c’est ceux-là même qui pourraient prendre la plus juteuse part du marché : les business men.Mais plus qu’aux investissements parcimonieux, l’heure est aussi aux économies tout court. Objectif : dégager de la marge. Le processus de facturation et de recouvrement des opérateurs mobiles est qualifié de véritable “tuyau percé”par Denis Mathis.En l’optimisant, ils pourraient dégager entre 1 et 5 % de revenus supplémentaires. Au niveau de la facturation, il s’agira de diminuer, voire de supprimer, toutes les opérations manuelles. Pareil pour la gestion de la relation clients : vous voulez un service, et bien débrouillez vous avec notre site Web ou notre système vocal. Et ces économies pourront atteindre directement les réseaux des opérateurs. “Ce n’est plus un tabou aujourd’hui “, confirme le consultant. Qui voit se profiler l’externalisation de la gestion de ces réseaux, au profit des tower companies américaines.Reste à savoir si le coût de cet outsourcing, estimé à 300 000 dollars par site par PA Consulting, sera en ligne avec la marge budgétaire dont disposent les opérateurs. Pourtant, pas question de cesser le développement des nouveaux services. Chaque application ne représentera qu’une part infime du gâteau des revenus des opérateurs mobiles. Conclusion : on ne parle plus de killer application mais de killer portfolio, un portefeuille d’applications susceptibles de drainer des revenus substantiels.La mission des opérateurs mobiles consistera donc à “prédévelopper” simultanément de nombreux services afin d’être prêts à les lancer sur le marché au bon moment.Parmi ceux qui génèrent le plus de revenus à terme, on compte : l’accès au Web, le transfert de fichiers, les services financiers et l’accès aux intranets des grandes sociétés. Les services suivants ne généreront, eux, qu’un faible appoint, qu’il s’agisse de surveillance à distance (d’enfants, par exemple), d’écoute de musique en ligne ou de vidéo à la demande.Surtout que le consommateur va devenir de plus en plus difficile à trouver : “Il va falloir multiplier les offres, quitte à les commercialiser sous des marques différentes, comme l’a fait SFR avec Universal Music Mobile “, explique Bruno Mathis.

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Alain Steinmann