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Europe*Star et Stellat face à la globalisation

La mondialisation des réseaux de télécommunications par satellite ne sonne pas le glas des ” petits ” opérateurs ! Europe*Star et Stellat s’illustrent par une stratégie régionale appuyée sur une alliance internationale et une offre adaptée.

Le phénomène de concentration des opérateurs de télécommunications spatiales n’en est qu’à ses débuts. Porté par le marché des transmissions de données et de contenus multimédias sous IP, ce mouvement a été marqué au printemps par la prise de contrôle de la Société européenne des satellites sur GE Americom. Il pourrait s’amplifier avec une initiative d’Eutelsat, qui a pris cet été 20 % d’Hispasat et doit impérativement trouver un partenaire américain au lendemain de sa privatisation. La nécessité d’offrir aux entreprises des services couvrant la planète pousse les réseaux à prendre une dimension mondiale.De là à décréter la fin des systèmes nationaux, il n’y a qu’un pas. Il a été franchi par deux opérateurs historiques européens, France Télécom et Deutsche Telekom, qui ont décidé l’extinction de leurs flottes spatiales au profit d’investissements accrus dans les systèmes Eutelsat et Astra, beaucoup plus importants. D’autres initiatives se focalisent sur des régions précises tout en s’entourant de partenaires complémentaires.Europe*Star est né en Allemagne, en 1994, au sein de la société Scientific Consulting du docteur Schulte-Hiller. Celle-ci a élaboré le projet, puis a fait les démarches auprès de l’Union internationale des télécommunications, sous couvert du gouvernement de Bonn, pour obtenir l’usage de trois positions orbitales à 43?’, 45?’ et 47,5?’ E.Alcatel a ensuite repris le dossier par le biais de sa filiale dédiée aux services télécoms, Alcatel Spacecom, puis a monté un tour de table avec son partenaire américain dans la construction de satellites, Loral Space & Communications.

Des systèmes qui misent sur la flexibilité

Loral s’est engagé, comme ses concurrents, Hughes (aujourd’hui Boeing) et Lockeed Martin, dans l’exploitation de satellites et a lourdement investi dans Globalstar. Sa participation dans Europe*Star a pour conséquence l’entrée de ce dernier dans la Loral Global Alliance qui fédère les quatorze plates-formes spatiales du groupe américain en un système mondial susceptible de séduire les entreprises multinationales.Le concept Europe*Star est original car il couvre cinq régions d’Eurasie et d’Afrique représentant de forts potentiels pour la diffusion de services de télévision directe, de téléphonie, d’échange de données à hauts débits et d’accès Internet.La plate-forme, positionnée depuis novembre 2000 à 45?’ E, est dotée de trente répéteurs de 36 MHz de bande passante travaillant en bande Ku avec une puissance d’émission de 150 W, ce qui nécessite la mise en ?”uvre d’un générateur solaire surdimensionné produisant 12 kW. La Pire au sol (puissance isotopique rayonnée équivalente) qui en résulte est comprise entre 50 et 53 dBW. Cette performance est adaptée à l’usage de petites antennes d’émission-réception.Puissant et diversifié en termes de couverture, Europe*Star est aussi très flexible puisqu’il autorise des transmissions intrarégionales et interrégionales par commutation entre les faisceaux, et ce, à partir d’une seule liaison montante, si nécessaire.Le satellite fonctionne selon le principe du bent pipe, sans traitement à bord, c’est-à-dire qu’il restitue le signal tel qu’il a été transmis au départ. Enfin, dernier atout, il est dédié aux services large bande diffusés ou bidirectionnels.
“Notre vocation n’est pas de vendre des services mais des capacités, par répéteurs entiers ou fractionnés, à temps plein ou en occasionnel. Nos clients directs ont, en général, signé pour des périodes de trois à dix ans”, indique David Chégnion, responsable du marketing chez Europe*Star. L’opérateur exploite aussi un deuxième satellite (Europe*Star B, l’ex-Koreasat en orbite incliné arrosant l’Europe centrale) et prévoit d’en lancer un troisième en 2003.Stellat est une joint-venture entre France Télécom et Europe*Star. Son satellite, qui sera lancé en avril 2002, occupera la position actuelle de Télécom 2C, à 5?’ O, pour en assurer la continuité des services en bande C, notamment vers les Antilles françaises et l’Afrique.Cette empreinte, dite PanAtlantic, permet aussi d’interconnecter l’Europe, la côte des Amériques, l’Afrique, le Moyen-Orient et les portes de l’Asie. Mais il disposera surtout de trente-cinq répéteurs en bande Ku desservant différentes zones européennes et nord-africaines, avec un faisceau Superbeam + dédié à la diffusion multimédia et aux liaisons bidirectionnelles sur antenne de 60 cm de diamètre, un faisceau large Widebeam et un faisceau mobile Spot.L’ensemble offrira près de deux cents connectivités entre les différentes couvertures. Selon ses promoteurs, cette charge utile ” puissante et flexible ” répond aux besoins traditionnels et aux nouveaux usages faisant appel à l’interactivité et aux transmissions bidirectionnelles. À l’image d’Europe*Star, Stellat supportera le trafic de cinq à dix mille internautes par répéteur sur l’Europe. Les deux systèmes sont très illustratifs d’une offre qui privilégie les services large bande accessibles à partir de petits terminaux.

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Philippe Pélaprat