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Erkki Liikanen (Commission européenne) : ‘ Internet par le réseau électrique passe par l’ouverture du marché de l’énergie ‘

Dérégulation des télécoms, investissements prévus par l’Union européenne dans les TIC… le commissaire européen à la société de l’information, le finlandais Erkki Liikanen, fait le point à l’occasion de son passage au salon ITU
Telecom World à Genève.

01net. : Le processus de dérégulation des télécoms en Europe est-il désormais achevé ? Erkki Liikanen : Oui, l’essentiel du travail est fait, même s’il reste des domaines comme celui de l’accès à Internet par le réseau électrique, qui reste tributaire de l’ouverture à la
concurrence, en cours, du marché de l’énergie.


Le choix pour les clients européens a déjà largement évolué, les prix ont baissé tandis que les services augmentaient. Cela, grâce au dégroupage de la boucle locale et au développement de technologies alternatives aux anciens
monopoles : xDSL, câble et satellite.Quelle est votre réaction face aux pays, dont la France, qui n’ont toujours pas transcrit dans leur législation la directive européenne sur les réseaux de communication numériques ?Nous devons impérativement nous assurer que chaque membre adopte les directives communautaires, c’est une question de principe et d’équité. Aussi suivons-nous leur application à chaque étape, rappelant à l’ordre
les pays retardataires et, si besoin est, en entamant une procédure légale à leur encontre. Mais je suis persuadé que nous n’aurons pas à en venir à une telle extrémité.Comment comptez-vous lutter contre la prolifération des courriers électroniques non sollicités (spam) ? Depuis juillet 2002, une directive impose au sein de l’Union le consentement (opt-in) des personnes. Une prochaine mesure devrait donner aux fournisseurs d’accès Internet européens la possibilité, après accord de
leurs clients, de supprimer directement dans les serveurs de messagerie les courriers commerciaux non sollicités. Mais la bataille sera longue, surtout que l’essentiel des spams qui parvient aux citoyens et aux entreprises de l’Union
européenne n’émane pas des pays communautaires. Une des solutions serait aussi que le prix de revente des fichiers d’adresses électroniques augmente fortement ! Il faut aussi améliorer la connaissance des personnes sur le sujet et
la façon de s’en protéger. Sinon, à terme, le risque serait que les personnes rechignent à utiliser leur ordinateur.Pouvez-vous faire un point sur les programmes d’investissement dans les TIC soutenus par l’Union européenne ? Nous allons au total consacrer 4 milliards d’euros aux TIC par le biais d’appels à projet. Cinq axes majeurs ont été définis : les technologies mobiles, les micro et nano technologies, la santé en ligne (eHealth), le
haut-débit et la convergence numérique et, enfin, le transport routier et les initiatives pour en améliorer la sécurité (eSafety). Le premier milliard d’euros sera engagé d’ici à la fin d’année, le deuxième d’ici
fin 2004. Notre approche est toujours de financer la technologie bien en amont, avant qu’elle n’entre dans le champ concurrentiel. Exception faite des domaines où le potentiel de marché n’est pas jugé suffisant par les
industriels, comme la santé, la formation, l’administration en ligne ou encore les services aux personnes handicapées. Notre souci aussi est de penser de plus en plus les technologies sous l’angle de leurs usages.Comment expliquez-vous que la concurrence sur les réseaux fixes se soit aussi peu développée dans les pays membres de l’UE ? La concurrence existe, mais elle est encore trop faible. Je vois deux raisons principales à cela. La chute des investissements télécoms depuis l’an 2000. Et le fait que le dégroupage seul n’est pas suffisant. Il
faudrait lui associer des technologies alternatives comme le câble.Estimez-vous que la Commission tient une part de responsabilité dans le retard du lancement de l’UMTS en Europe ? Les Etats membres s’efforcent d’agir de façon unie. Dans le même temps, nous nous devions de conserver l’avancée technologique incarnée par le GSM. En imposant le début d’année 2002 pour
l’attribution des licences mobiles de troisième génération, nous répondions à cette volonté de garder le tempo. Mais nous avons perdu deux années, car nous étions persuadés, avant le retournement de l’an 2000, que le passage se
ferait directement et rapidement du GSM à l’UMTS, alors qu’il eût fallu mieux considérer des technologies intermédiaires comme le GPRS ou l’EDGE. Donc, oui, nous avons une responsabilité partagée sur le sujet, avec les
industriels et les Etats.

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Propos recueillis par Laurent Campagnolle