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Entretien avec un chasseur de têtes sur Second Life

L’univers virtuel est devenu un nouveau terrain de chasse pour les recruteurs. Témoignage de Fabrice Poiraud-Lambert, Directeur de projet chez Vedior.

Expectra, filiale du Groupe Vedior, spécialisé dans le recrutement en intérim de ‘ profils cadres et hautes compétences ‘, vient d’ouvrir ses bureaux dans Second Life. La société a recruté des joueurs auxquels
elle a confié des missions de chasseurs de têtes. La petite équipe de cinq personnes a déjà fait remonter plusieurs dizaines de CV vers les agences physique d’Expectra. Explications en détail avec l’un de ses chasseurs de têtes, Fabrice
Poiraud-Lambert.01net. : Quel est votre métier ? Et comment en êtes-vous venu à vous intéresser à Second Life (SL) ?

Fabrice Poiraud-Lambert : Je suis directeur de projet chez Vedior. Et à ce titre, avec l’émergence de nouveaux mondes virtuels à laquelle nous assistons aujourd’hui, j’ai eu très rapidement l’intuition que des
synergies étaient possibles entre un univers comme Second Life, où les joueurs ont bien souvent des profils créatifs et innovants et un groupe RH [Ressources humaines, NDLR] comme Expectra. Depuis la fin du mois de mai, Expectra
s’est donc installé sur SL, nous y avons recruté plusieurs chasseurs de profils qui sont rémunérés avec la devise locale, le Linden dollar.Comment se passe l’arrivée sur SL, pour une entreprise comme la vôtre ?


Nous nous sommes d’abord posé la question du positionnement stratégique. Fallait-il acheter une île, ce qui représente un engagement de près de 5 000 dollars par an, ou bien louer des bureaux ? Nous avons opté pour la deuxième
solution. Ensuite, il s’agit de se faire connaître. Une chose est sûre : dans SL comme ailleurs, les joueurs n’aiment pas être importunés pour un oui ou pour un non. A ce stade, l’idée est donc de passer des annonces soit sur des sites et des
blogs spécialisés sur le jeu, ou bien d’être présent sur le moteur de recherche de SL.Comment recrute-t-on des chasseurs de tête sur SL ? Et quel est le profil d’un joueur qui travaille pour Expectra dans SL ?


On doit tout d’abord s’assurer du degré de stabilité des gens, c’est-à-dire de leur degré de présence et d’implication dans le jeu. Sur les cinq personnes qui travaillent actuellement avec nous, à notre grande surprise, aucune n’est
informaticienne. Certaines sont femmes au foyer, la plupart ont bien évidemment une autre activité professionnelle à côté.En quoi consiste ce travail et comment rémunérez-vous vos collaborateurs ?


Les chasseurs recrutés font de la collecte d’informations, c’est-à-dire qu’ils rencontrent des joueurs dans les bureaux virtuels d’Expectra. Si le contact passe bien, un CV est échangé. Ces données sont ensuite transmises à nos agences
physiques. Concrètement sur SL, chaque avatar dispose d’un inventaire d’informations et d’objets qui le caractérise, dont une note card qui peut faire office de fiche de personnalité. Il suffit alors au joueur contacté de transmettre par
drag-and-drop (glisser-déposer) cette note card vers le chasseur Expectra. Et le tour est joué.Nos collaborateurs sur SL sont rémunérés en monnaie locale c’est-à-dire en Linden dollars, mais bien au-dessus des salaires pratiqués habituellement sur SL. Entre son fixe et les primes, un joueur peut ainsi gagner entre 4 000 et
10 000 Linden dollars par semaine. Nous avons organisé un roulement pour permettre à chacun de participer selon ses disponibilités. En l’état actuel des choses, les avatars présents sur Expectra n’ont pas de contrat de travail à proprement
parler. Il s’agit plutôt d’une activité ludique qui s’apparente un peu à du bénévolat selon les standards physiques.Quel peut être l’avenir d’un monde virtuel comme SL dans le domaine du recrutement ?


D’après le cabinet Gartner, d’ici quatre ans, 80 % des internautes actifs auront une ‘ seconde vie ‘. De grandes entreprises comme Cisco ou IBM organisent déjà couramment des réunions sur SL. Je considère
qu’un jeu comme SL est le chaînon manquant entre les job boards, c’est-à-dire les sites d’emploi en ligne qui sont parfois considérés comme assez froids et les agences de recrutement physiques. Sur SL, on peut à moyen terme envisager l’organisation
de ‘ speed recruiting ‘, faire passer des tests psychologiques, ou bien même recruter directement pour les besoins d’une activité économique sur SL.

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Propos recueillis par Philippe Crouzillacq