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Entre cassandres et oracles

“Demain, c’est sûr, c’est la reprise !” La voix est ferme. “Vous pouvez me croire, car j’ai raison.” Pourquoi en douter ? Le tam-tam résonne sur…

“Demain, c’est sûr, c’est la reprise !” La voix est ferme. “Vous pouvez me croire, car j’ai raison.” Pourquoi en douter ? Le tam-tam résonne sur toutes les terres de l’informatique et des télécoms depuis plus de six mois. Tout le monde l’entend, tout le monde l’attend. C’en devient même une litanie, alors que ?” comme s?”ur Anne Syntec ?” personne ne voit encore rien venir. Finalement, c’est simple de faire des prédictions économiques concernant les technologies. Ça va, ça vient. Il suffit de jouer les cassandres quand ça va bien et que les résultats des sociétés atteignent des sommets.En 1999 et 2000, plusieurs économistes se sont ?” avec succès ?” lancés dans cet exercice qui reste toutefois délicat, puisqu’il s’agit d’annoncer l’orage alors que le soleil brille. Personne n’aime vraiment les imprécateurs. A l’inverse, il est bien plus facile de jouer les oracles ?” non pas la société de Larry Ellison, qui a toutefois bien choisi son nom ?” quand ça va mal. En période obscure, toutes les lumières sont bienvenues, et les bons prophètes font figure d’idoles. C’est plus facile, puisque le message réconforte : “Il n’est de bonnes promesses que celles que l’on veut entendre.”Ca va, ça vient. Entre cassandres et oracles, les oscillations se suivent et se ressemblent. Tout cela ne serait donc qu’une affaire de sinusoïde. Seul problème : si cette alternance est facile à démontrer, son amplitude est bien plus délicate à évaluer. Finalement, Jacques Chirac, qui assurait en 1993 dans le Figaro, que “les prévisions sont difficiles, surtout quand elles concernent l’avenir”, se trompe.Prévoir l’avenir, c’est finalement assez facile : il suffit d’avertir que ça va aller mal quand ça va bien et d’annoncer que ça va aller mieux quand ça va mal. Mais dire à quel moment la chute ou le redressement reviendront, ça c’est difficile. Peu de personnes s’y risquent. Les seuls à oser me font penser aux gens perdus dans le désert : ils montrent l’oasis qui apparaît dans le lointain et prédisent une arrivée rapide.Mais, à chaque pas, l’image recule, et le but apparaît plus lointain.

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Hubert d'Erceville