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Enterasys et 3Com veulent débrancher Cisco des entreprises

L’ex-division de Cabletron et l’allié numéro un du chinois Huawei comptent ébranler la domination de la société de John Chambers sur les communications professionnelles en jouant la carte du second fournisseur.

Ce n’est pas un, mais deux David que le géant Goliath va devoir affronter. En effet, 3Com et Enterasys affichent la même stratégie : devenir le second fournisseur face à Cisco sur le marché de l’entreprise.
L’histoire raconte que David a terrassé Goliath, mais rien ne dit pas qu’elle se renouvellera. D’autant que les deux David ne font pas front commun, et qu’ils sont eux-mêmes concurrents.De fait, Cisco domine largement le secteur des réseaux d’entreprise. Les compétiteurs sont nombreux. Et chacun ne manque jamais d’affirmer qu’il est meilleur que Cisco dans tel ou tel domaine : performances,
sécurité, ouverture aux normes. Mais le résultat est là : le géant est toujours solidement campé sur ses positions, détenant de 60 à 70 % des parts de marché, selon les estimations. Et peut ainsi imposer ses conditions à son réseau de
revendeurs. Une situation que 3Com et Enterasys cherchent à tourner à leur avantage en tenant presque mot pour mot le même langage : ‘ Une bonne partie des distributeurs sera ravie d’avoir une possibilité de ne plus subir la loi de
l’acteur dominant ‘
, résume Pax Anderson, vice-président ventes et services internationaux chez 3Com. Enterasys et 3Com estimant, bien entendu, que cette offre miracle est la sienne.

Huawei offre à 3Com la partie routage et haut de gamme

Les deux protagonistes balaient allègrement les autres concurrents. ‘ Foundry et Extreme vendent surtout des équipements et recherchent d’abord les performances, estime Mark Aslett, nouveau numéro deux
d’Enterasys. Alcatel dispose d’une gamme plus large, mais il n’offre pas de solution de bout en bout. ‘ Conclusion : nous sommes réellement les seuls crédibles face à Cisco.Même point de vue chez 3Com. Fier de
l’accord avec le chinois Huawei, le constructeur se voit réintégrer les premières loges. A la suite de la crise profonde qui l’a secoué à la fin des années 1990, il
s’était alors séparé de l’activité c?”ur de réseau ?” et accessoirement de celle pour opérateurs ?” et s’était retiré du
marché des grandes entreprises. Le voici de retour, rempli d’ambitions. Huawei lui apportera la partie routage et haut de gamme qui lui faisait défaut depuis l’abandon
de la filière Corebuilder.Dans les grandes lignes, les deux partenaires ont créé une société commune, JVCO, détenue à 51 % par Huawei et à 49 % par 3Com (avec la possibilité, pour 3Com, de passer à 51 % dans deux ans). Celle-ci vendra à
l’un comme à l’autre leurs produits communs. Ils seront étiquetés Huawei 3Com en Chine et au Japon, et 3Com Huawei dans le reste du monde. Les premiers fruits sont déjà arrivés avec le
commutateur 7700 hier, et les routeurs de moyenne gamme (Router 5000) aujourd’hui.

Cisco conserve une longueur d’avance

Montage séduisant sur le papier. Mais combien d’opérations a priori pleines de promesses se sont-elles révélées catastrophiques ? L’un des exemples le plus fameux reste l’alliance entre Synoptics et Wellfleet,
devenue Bay Networks : un fiasco, qui s’est finalement soldé par son rachat par Nortel. Or, il s’agissait de deux sociétés américaines. Pour 3Com et Huawei, les cultures sont totalement différentes. D’ailleurs, selon
Robert Lee, porte-parole de l’international chez Huawei, si, parmi tant de partenaires possibles, le constructeur chinois a choisi 3Com, c’est, avant tout, pour son réseau de distribution. Voilà qui est assez loin des grands
mariages technologiques.Quant à Cisco, il estime qu’il garde une longueur d’avance. ‘ Nous n’en sommes plus au stade du bout en bout, estime Mark de Simone, vice-président marketing pour l’Europe, mais
à l’adaptation du réseau aux applications pour obtenir les meilleurs temps de réponse. Et nous sommes les plus avancés dans ce domaine. ‘
Une manière de laisser entendre qu’il ne joue pas dans la même cour que ses
concurrents.

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Jean-Pierre Soulès