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En rachetant NetValue, NetRatings élimine son dernier concurrent

Avec l’acquisition du leader européen de la mesure d’audience sur Internet, la filiale de VNU s’assure le monopole mondial de ce marché stratégique. Une concentration sans pareille dans la courte histoire d’Internet

Ça y est, le secteur de la mesure et de la qualification d’audience sur Internet est totalement consolidé. Il ne reste plus qu’un seul acteur de taille mondial : NetRatings. Le dernier acte a été l’OPA sur son concurrent en Europe et en Asie, NetValue. Le montant total de l’opération est estimé à 18,1 millions d’euros par NetRatings. Une opération se fera en deux temps.Premièrement, NetRatings rachète les 52 % de parts détenues par les fondateurs et les capital-risqueurs encore présents, soit environ 7,4 millions d’euros en cash et le solde en actions NetRatings.Deuxièmement, NetRatings fera une offre publique de rachat (OPA) au prix de 2 euros l’action, contre un cours de 0,64 euro au moment de sa suspension.

Une stratégie de bulldozer

Créée en 1997, NetRatings a littéralement éradiqué la concurrence en un temps record. Sa cotation au Nasdaq à la fin 1999 lui permet de lever 323 millions de dollars, de quoi assurer durablement son développement. Comme si cela ne suffisait pas, le groupe VNU qui détenait une part minoritaire monte à 54 % du capital peu après l’IPO contre 246 millions de dollars. Voilà NetRatings dotée pour gagner.D’autant que, quelques mois auparavant, NetRatings avait pris soin de fermer une partie du marché en s’alliant à ACNielsen (qui deviendra filiale de VNU en décembre 2000). L’alliance prend la forme d’un joint-venture ?” ACNielsen eRatings.com ?” détenu à 90 % par la filiale du groupe néerlandais.En juin 2000, le pionnier de la mesure d’audience sur Internet, Media Metrix, consolide sa position en fusionnant avec Jupiter Research, pour former un groupe alliant mesure et conseil stratégique. Cette fusion traduit la tendance qui va se confirmer : il faut sortir de la mesure d’audience peu valorisable pour aller vers le conseil.Mais l’éclatement de la bulle Internet change la donne. Jupiter Media Metrix et NetValue n’ont pas assez de trésorerie pour faire le gros dos en attendant la reprise. Avantage au plus fortuné, NetRatings donc.En 2001, VNU décide donc de pousser ses pions. Sa filiale NetRatings annonce la reprise de Jupiter Media Metrix, à bout de souffle. L’opération suscite l’inquiétude de la Federal Trade Commision aux Etats-Unis (FTC) qui bloque la transaction. Il faudra six mois à NetRatings pour régler l’affaire contre 2 millions de dollars pour le portefeuille clients et 15 millions de dollars pour les brevets. Une paille.VNU organise en mai le rachat de ACNielsen eRatings.com par NetRatings. Le chiffre d’affaires de NetRatings croît par la grâce des regroupements et des acquisitions : 20,4 millions de dollars en 2000, 23,5 l’année suivante, rien de très brillant.

NetValue à cours de cash

En juin dernier, il ne reste plus qu’un seul concurrent de taille dans le monde : NetValue. Créée en mars 1998 par trois associés, NetValue a tous les traits de la start-up des années Internet. Pas moins de 1 million d’euros levé dès la première année, ouverture de filiales tous les mois, puis deux tours de 12 millions d’euros en octobre et en décembre 1999, pour conclure par une introduction en Bourse en janvier 2000. Parcours sans faute.Ou presque. Car le chiffre d’affaires de NetValue n’est pas à la hauteur de ses ambitions. Il passe de 3,5 millions d’euros en 2000 à 6,5 en 2001, tandis que les pertes restent au-dessus des 20 millions d’euros. La trésorerie disponible ne cesse de s’amenuiser et, à la fin 2001, il ne reste plus que 17 millions d’euros.A ce train, NetValue constitue une proie facile pour NetRatings. Voilà donc VNU en position de domination complète du marché de la mesure d’audience sur Internet. Il y a fort à parier que, à l’image de ce qui s’est passé pour la mesure de l’audience de la télévision à l’échelle nationale, NetRatings s’impose comme un standard mais à l’international.A moins que le régulateur européen ny voit un cas de dangereux monopole.

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David Prud'homme