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En offrant des soutiens aux cadres le management se porte mieux

Le coaching est en vogue dans les sociétés high-tech. Certaines n’hésitent même plus à intégrer la fonction au sein de leur organigramme. Les “psy” sont de retour.

Au même titre qu’il dispose de son ordinateur de poche, de son téléphone portable, tout bon cadre d’entreprise aurait dorénavant… son coach. Une sorte de confident, qui aide le manager à explorer des solutions à des difficultés d’ordre professionnel.Fumisterie pour les uns, véritable outil de management pour les autres, le coaching se développe dans les entreprises high-tech, sans qu’il soit vraiment possible d’en mesurer l’ampleur. Mais, que ce soit chez IBM, Alstom ou France Telecom, les directions des ressources humaines se refusent à tenir à jour une comptabilité du nombre exact de “coachés”.Pierre Desprez, directeur des ressources humaines de Steria, se hasarde néanmoins à en dénombrer une dizaine sur un total de 200 managers dans son entreprise, tout en précisant ne pas en connaître le nombre exact. La question est de toute évidence secondaire.Actuellement, cette société de services informatiques est en train de revoir les plans de formation des managers, qui comprendront une part de développement personnel. Son objectif ? “Amener les collaborateurs à prendre conscience de l’impact du comportement sur la performance.” Néanmoins, pour Pierre Desprez, il n’est pas question“de rendre le coaching systématique”, car cela reviendrait à biaiser les bases de cette pratique, dont l’initiative doit revenir aux managers. Certes, si le DRH considère que des séances d’étayage pourraient être bénéfiques, il en informe le collaborateur. Mais libre à ce dernier de contacter le coach.Du côté de chez Alstom, Lionel Prud’homme, vice-président management development, considère qu’il est de ses prérogatives d’aider les collaborateurs : “On ne doit pas oublier que la fonction ressources humaines suppose de développer des éléments de coaching.” Ainsi se souvient-il d’un collaborateur qui, au cours d’une présentation de résultats financiers, a été pris de sueurs froides, jusqu’à être paralysé : “Après avoir laissé s’écouler du temps, j’ai discuté avec lui. Il a alors évoqué le fait qu’il voulait entrer dans les ordres à 16 ans. Je l’ai amené à réfléchir sur ce qu’était sa quête à l’époque, et ce qu’il recherchait aujourd’hui.” Conclusion ? “La solution était peut-être de travailler dans l’humanitaire, ce qui lui permettrait de combiner une activité financière avec une démarche plus spirituelle.”Qu’on se rassure, toutes les séances de coaching ne mènent pas à une reconversion professionnelle. “Ce processus d’apprentissage permet aussi d’accélérer la prise en charge d’un nouveau rôle, ou encore de corriger un geste”, précise Lionel Prud’homme, d’Alstom. Et si le coaching tend à se développer, c’est aussi parce que “l’individu doit sans cesse changer de foulée, de musculature”, illustre le DRH d’Alstom. Avant de rappeler qu’“il y a cinq ans, cet outil d’accompagnement des managers n’existait pas”. Et pour cause : “Pas besoin de coaching s’il n’y a pas de situation de changement”, renchérit Charles de Tesda, coach interne chez IBM.Thierry Chavel, auteur d’un ouvrage sur le coaching(*), souligne également la nécessité de gérer l’instabilité, quasi permanente dans les entreprises. Ce consultant intervient notamment dans le secteur des télécommunications, où “les organisations adoptent le plus souvent des stratégies de bulldozer”. Son rôle consiste alors à questionner le dirigeant sur le sens qu’il souhaite donner à sa structure sur le long terme.C’est aussi dans le but d’appréhender les changements liés à l’émergence de l’e-business que, dès 1993, Big Blue a mis en place en interne une équipe de coaching, relate Christian Comtat, responsable de la formation. Idem chez France Telecom, où trente personnes ont le statut de coach, selon le directeur du management : “Nous avons régularisé des situations d’autoproclamation”, assure-t-il. Chez EDF, le coach accompagne les porteurs de projets, qu’ils appartiennent ou pas à l’entreprise, pendant leur période d’incubation, en les aidant à élaborer un modèle économique et en leur apportant des conseils pratiques, voire un soutien moral, principalement dans le cadre d’appuis principalement dans le périmètre de leur business, détaille François Portal, qui occupe cette fonction.Et le coaching n’est pas l’apanage des grands groupes. Ainsi Frédérique Babin, coach multimédia au sein d’Odyssée Coach, intervient essentiellement auprès des dirigeants de TPE pour les aider à déterminer l’image qu’ils souhaitent véhiculer sur leur site web. Alors, bientôt tous coachés ?(*) ” Le Coaching démystifié : comment réenchanter le management “, Thierry Chavel, éditions Demos, 238 pages, 34,91 euros.

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Valérie Quélier