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En direct des studios

La chaîne d’information en continu exploite les nouvelles technologies pour réduire ses coûts de production.

Lancée le 28 novembre 2005 à 18 heures, BFM TV, filiale du groupe Next Radio TV ? dont fait également partie l’Ordinateur individuel ?, est aujourd’hui la première chaîne d’information en France, devant i-Télé et LCI. En quatre ans, la durée du direct n’a cessé de croître. Aujourd’hui, les journalistes se relaient sans interruption pour assurer chaque jour une présence d’antenne de cinq heures du matin à minuit (de 18 heures à minuit le week-end). Mais en dehors de ces plages horaires, il ne faut que dix minutes à la rédaction pour lancer un direct si la situation l’exige. À sa création, BFM TV innove sur plusieurs points, dont le plus marquant reste, encore aujourd’hui, l’utilisation de décors virtuels. Les murs du studio sont en effet totalement recouverts de tentures de couleur verte sur lesquelles sont incrustés, en temps réel, des décors numériques. Ce système possède deux avantages. Il permet de créer des environnements variés, modifiables en un instant, et coûte nettement moins cher qu’un décor réel, tels ceux de la plupart des chaînes concurrentes.Cette quête de l’optimisation des coûts constitue d’ailleurs l’une des marques de fabrique de la chaîne. Par exemple, les caméras du studio de BFM TV sont totalement automatisées et pilotées depuis la régie par l’ingénieur vision. En outre, ce sont les présentateurs qui commandent le défilement du texte sur le prompteur, via une pédale ou un joystick. Autant d’économies bien réelles, qui restent totalement invisibles pour le téléspectateur. Visite au cœur de la télé numérique.

La rédaction

La rédaction de BFM TV compte 200 journalistes. Mais ceux-ci, passant une bonne partie de leur temps à l’extérieur, partagent leur poste de travail avec d’autres collègues. Une fois le reportage achevé, le journaliste extrait les données vidéo de la mémoire flash de son caméscope et les transfère sur le disque dur du poste de travail. C’est aussi lui qui réalise le montage vidéo, ajoute les scripts qui apparaîtront en bandeau sous la vidéo, et enregistre les commentaires audio. Il utilise pour cela la solution DaletPlus News Suite, développée par Dalet, société spécialisée dans les logiciels de gestion de médias numériques.

Le nodal

Situé au cœur de la rédaction, le nodal est le point central de toutes les liaisons audiovisuelles. Sur le mur d’images s’affichent les flux vidéo en provenance de différentes sources. On y voit notamment les images transmises depuis toute l’Europe par les six camions BFM TV équipés de paraboles, ainsi que les vidéos provenant des agences de presse avec lesquelles la chaîne travaille (AFP, Reuters…). Le technicien nodal, en contact avec les cameramen, vérifie la qualité du signal transmis et effectue en cas de besoin une correction colorimétrique afin de garantir un rendu optimal des images qui seront diffusées en direct.

La cellule images

Chaque année, les reporters d’images de BFM TV enregistrent plus de 700 heures d’images, ce qui représente 15 To de données. Ce sont les employés de la cellule images qui sont chargés d’indexer l’intégralité des données afin d’en faciliter l’utilisation ultérieure. Pour chaque séquence vidéo, ils indiquent le lieu et les circonstances de la prise de vue mais aussi le nom des intervenants et les sujets abordés. Un travail de fourmi, rigoureusement indispensable pour assurer la mémoire de la chaîne. C’est également eux qui se chargent de la vente d’images aux autres médias.

La régie

Elle traduit parfaitement la philosophie low-cost de BFM TV. Chaque employé de la régie assure 5h30 de direct par jour, réparties en deux sessions. La plupart effectuent des tâches qui, sur les grandes chaînes nationales, sont confiées à deux, voire trois techniciens. Ainsi, l’ingénieur vision gère les caméras automatisées et modifie le décor entre deux émissions. Le truquiste, lui, gère l’habillage des images et l’affichage des informations sur le mur d’images du studio. À leur tête, le chef d’édition, en liaison avec les présentateurs et la rédaction, supervise le déroulement des opérations. Le flux vidéo est transmis par fibre optique vers les locaux de Canal+, qui réalise un multiplex des 6 chaînes (BFM TV, France 4, Direct 8…) et le transmet vers l’émetteur de la Tour Eiffel pour la diffusion à Paris et vers le satellite pour les régions.

La gestion des caméras

Les caméras du studio sont entièrement robotisées. C’est l’ingénieur vision qui les manipule depuis la régie. Il dispose pour cela d’un écran tactile où figurent des vignettes montrant des plans de caméras préprogrammés. Une fois la caméra sélectionnée, il affine manuellement le réglage (zoom, mise au point, orientation verticale ou horizontale) à l’aide d’un joystick. Il peut également programmer en quelques secondes une séquence particulière, par exemple un zoom vers un des présentateurs, qu’il lancera dès que le réalisateur lui en donnera l’ordre.

Les serveurs

Pièce maîtresse de la salle des serveurs de BFM TV, le serveur de production NetApp FAS6000 (à droite) assure la sauvegarde des 130 PC de la rédaction. Chacun des douze racks accueille 14 disques durs en Raid 6. Grâce à ce niveau de sécurité, deux disques durs d’un même rack peuvent lâcher, sans que cela n’entraîne une perte de données. La capacité de stockage peut être augmentée pour faire face à l’accroissement des besoins de sauvegarde.

Les décors virtuels

Contrairement aux studios TV traditionnels, qui disposent d’un décor réel, celui de BFM TV, toujours par souci d’économie, est presque entièrement virtuel. Le fond vert est habillé par incrustation de décors numériques créés par les infographistes de la chaîne. Ces derniers travaillent en collaboration avec la régie afin de garantir un calage parfait entre le décor virtuel et les caméras. La solution fournie par la société française Hybrid MC repose sur l’utilisation conjointe des caméras robotisées et d’un logiciel de rendu qui adapte en temps réel et sans la moindre latence le décor virtuel aux mouvements des caméras et à la position des présentateurs situés au premier plan.

Le mur d’images

Seul décor réel du studio, le mur d’images fourni par Barco se compose de 8 dalles éclairées par un système de rétroprojection DLP (Digital Light Processing, technologie qui utilise une matrice de micro-miroirs et un filtre RVB ? roue chromatique ? pour projeter une image). Le truquiste utilise un logiciel développé par Vista Systems pour gérer indépendamment l’affichage sur chaque dalle. Pour les cours de la Bourse, par exemple, il affiche une valeur par écran mais peut, en cas de besoin, utiliser plusieurs dalles, voire toutes, pour projeter des images de grande dimension, telles que des cartes géographiques.

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Philippe Fontaine